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Après

Tu comprends, dit-elle, je ne peux demeurer ici plus longtemps. L'idée que nous nous croisions, même une fois, et cela ne manquera pas d'arriver puisqu'il habite le quartier, quelques rues nous séparent, l'idée qu'il me voie maintenant dans mon quotidien apaisé, avec quelqu'un, un jour, alors qu'il sait tout ce qu'il sait, qu'il puisse se dire, tu imagines, telle ou telle chose, en fonction de ce qu'il connaît de mes névroses, de mes restes œdipiens ou de mes fantasmes, imagine que je le croise aux fruits et légumes, lui tomates, moi, courgettes et céleri, à se faire des politesses, sans rien se dire de plus, puisque la règle, c'est désormais le silence, mais en ne disant rien, je serai déjà démasquée, parce qu'il est d'une intelligence si terrible, si terrible, que parfois je m'asseyais à peine face à lui, pas eu le temps d'enlever mon manteau, dans son cabinet, au début d'une séance, alors toutes ces séances, cette accumulation, je sais qu'il en reste quelque chose, de ces séances où il commençait par une phrase juste qui tapait fort, comme s'il avait vu à travers moi, et le revoir, lui, le recroiser, impossible, impossible, je préférerais me retrouver nez à nez avec Alexis.

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