Tu es l'orfèvre capital des longs après-midi perdus en terrasse ; à nul autre pareil, que ce bavardage littoral avec le siège vide qui, un jour t'agrée, un autre te déchire.
C'est l'ombre portée, à décharge, sur le souvenir, flou grave des heures parties ailleurs. Les feuilles tombent sans condition et le vent a de belles orgues parfois. En d'autres jours, ce sont les auréoles des nuages qui te guettent, ou le soleil te faisant la peau.
Tu balbuties et tu crayonnes. C'est un mélange d'esquisses et d'esquives, comme il en faut pour savoir quand, enfin, le travail est achevé, la pluie passée et le bonheur possible.
Tu séjournes en fraudeur. C'est-à-dire que tu pars sans prévenir, alors même que les gens te voient à la même place. Certains diront qu'il y a là une certaine force, une volonté. Tu souris sans répondre.
Le café est sans sucre ; la leçon peu amène parfois, de voir que rien n'y fait. Il n'est pas de condition autre que celle de l'écume séchée et brune.
Photos : Philippe Nauher