Cinq flèches, extraites d'un court texte de Paul Valéry, Des partis, dans le désormais détesté et condamnable goût classique, trop français. Un sens économique de l'aphorisme, à la manière de La Rochefoucauld ou de La Bruyère, qui sonne dans nos oreilles contemporaines, avec netteté et vigueur.
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"... Ils retirent pour subsister ce qu'ils promettaient pour exister."
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"Le résultat des luttes politiques est de troubler, de falsifier dans les esprits la notion de l'ordre d'importance des questions et de l'ordre d'urgence.
Ce qui est vital est masqué par ce qui est de simple bien-être. Ce qui est d'avenir par l'immédiat. Ce qui est très nécessaire par ce qui est très sensible. Ce qui est profond par ce qui est excitant."
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"Toute politique se fonde sur l'indifférence de la plupart des intéressés, sans laquelle il n'y a point de politique possible."
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"On ne peut faire de politique sans se prononcer sur des questions que nul homme sensé ne peut dire qu'il connaisse. Il faut être infiniment sot ou infiniment ignorant pour oser un avis sur la plupart des problèmes que la politique pose."
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"Les grands évènements ne sont peut-être tels que pour les petits esprits.
Pour les esprits plus attentifs, ce sont les événements insensibles et continuels qui comptent."