À regarder de loin en loin les journalistes de télévision, leur effacement singulier : momies diaphanes assorties à l'esthétique grotesque des lieux où ils officient ; à entendre leur fausse impertinence et leur servilité commerciale, on en déduit que le pouvoir n'a même plus besoin d'eux, qu'ils ne sont même plus, pour reprendre l'image forte de Sighele, cette main qui mettait jadis son empreinte sur le "plâtre mouillé" de la masse. C'est une certitude sans visage. Parce qu'elles sont paradoxalement anonymes, ces icônes médiatiques. Des hommes déguisés en gendre idéal ; des femmes éduquées au couvent des oiseaux. Le propre, le lisse, le glacé : telles sont les vertus cathodiques de l'information. Il n'est pas nécessaire d'y croire. Tout est dit, tout est ailleurs...