N'est-ce pas ainsi qu'on nous avait vendu l'élection présidentielle : un double état d'urgence ? Urgence à se débarrasser d'un Sarkozy atteint de la danse de Saint-Guy ; urgence devant une crise financière mondiale qui menaçait de faire couler tout le continent et dont les gouvernants du moment ne prenaient pas la pleine mesure. Tout devait changer (mais on sait depuis les mots du comte Salinas, dans Le Guépard, qu'il faut que tout change pour que rien ne change...).
Laissons de côté les considérations sur la nouvelle manière de la présidence, cette normalité tarte à la crème dans laquelle Hollande est en train de s'empêtrer. Appréhendons juste la question d'une situation explosive, française, européenne, mondiale... Un gouvernement, des ministres ont été nommés pour ce faire, et si l'on veut encore accorder qu'en toute logique le temps des législatives étaient un temps d'action tronqué, nous conviendrons que tout ce beau monde a pris fonction début juin. Pour partir se reposer une quinzaine en août. Ce qui, au ratio du durée effectuée/repos accordé est plutôt un bon rapport. Heureusement qu'il y avait urgence. À moins que cette coterie équilibrée des différents courants du PS n'ait qu'une utilité bien relative (et l'on pense à une Belgique fonctionnant sans gouvernement).
La tonalité du paragraphe précédent est indéniablement populiste. C'est ainsi que le jugerait une certaine morale de gauche, tendance Libération ou Inrocks. Attaquer des ministres sur leur pause estivale est une mesquinerie relevant au moins d'un anti-parlementarisme larvé, d'un poujadisme rance, etc. Pourquoi pas ? Mais faire comme d'habitude, poser en préambule que durant l'été rien ne se passe, que le monde est en vacances, les crises en suspens, les conflits en trève, les inquiétudes entre parenthèses, la misère plus joyeuse, et ainsi de suite, induire qu'il en va, au moins depuis 1936, et l'instauration des congés payés, du temps français (et donc mondial, puisque la France, c'est le monde, chacun le sait) selon les rythmes du travail, cela est un peu fort. S'il y a changement quelque part, il ne se trouve pas dans la mesure lucide de cette urgence si souvent invoquée. Rien ne semble demander que les énergies gouvernementales préparent, se préparent, nous préparent. À quoi, sinon à une année 2013 difficile, très difficile, rigueur ou pas (certes le mot est tabou) ? Nul doute que les directeurs de cabinets, les conseillers divers et les administrations centrales ont assuré la continuité des affaires. Mais ils ne sont pas, dans l'ordre du symbolique, les figures qui ont été choisies, pas ceux qui, sur le devant de la scène, tirent les marrons du feu quand la fin de l'histoire est propice à un plan de carrière. Et n'en déplaise aux défenseurs d'une nouvelle gouvernance, un président en maillot de bain, détestant certes le people mais en manchettes des journaux poubelles, reste un président en maillot de bain. Il fallait indéniablement qu'il récupérât d'une campagne éprouvante. Grand bien lui fasse...
Et in petto de penser à ces amis qui n'ont pas les faveurs de la République ; à un en particulier, qui, ayant commencé en avril 2011 dans son emploi actuel, sera en vacances à la fin de la semaine. Entre temps : huit jours de vacances en seize mois. Mais il est vrai qu'il n'est pas ministre et que cynisme pour cynisme, en ces heures de crise bien réelle, il devrait déjà se satisfaire d'avoir un travail...
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