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Rien à l'horizon...

 

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Claude Lévêque, Le Grand Sommeil, 2006

Rien à l'horizon, sinon le calme, la douce ferveur du fil qui ne bouge pas, pas même l'impression que la chaleur puisse la faire danser, rien à l'horizon, que la pulsion vibratile de ton œil qui cherche à sortir de la torpeur, comme si tu étais aux remparts, à guetter le sillage ou le tourbillon de poussière. Rien à l'horizon que la prise affolante des monuments de pierre, d'ornières et de pourritures tant cela fait de jours, de mois, que tu attends. Avant (mais quand était-ce ?), tu aurais donné tout l'or du monde pour que dans le désordre de ta vie il y eût une dernière vague, un grondement ultime, dans tout le fatras des heures compilées à te battre. Tu n'avais alors jamais la tête hors de l'eau ; tu finissais exsangue de ce recommencé chaque jour, à peine l'aube en marche. La trime était ton office, les bleus le tympanon de ton quotidien et tu n'avais jamais trop de la nuit pour te perdre et croire que tu avais oublié. Rien à l'horizon que l'absence paradoxal d'horizon, parce qu'un mur s'abattait sans cesse sur toi et la mort t'aurait paru sage sans ce goût certain (si particulier) de la défaite, jusqu'à ce que, petit à petit, la force de s'éloigner te vînt, qu'il y eût comme une grâce dans ta solitude, et plus rien, plus rien que l'horizon, comme une couture intouchable entre le ciel et la mer, entre toi et eux, entre ta vie et ta mémoire...

 

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