Dominique Chaussois est mort. Son personnage, Depluloin, nous reste seul, et l'adresse de son blog, Jamais de la vie, est le dernier pied de nez qu'il nous envoie.
Nous ne nous sommes jamais vus, jamais parlés. Tout juste avons-nous échangé quelques mails et plutôt que de broder, voici : à un remerciement d'avoir évoqué son si délicieux univers, je lui avais répondu ceci, le 27 décembre dernier :
Cher Dominique Chaussois,
J'ai fait référence à votre blog parce que j'y trouve un "angle" sur le monde une "singularité" qui n'a rien à voir avec le commun "décalé" dont on nous rebat les oreilles.
Vous avez un sens de l'"anecdote" que je n'aurai jamais (c'est ainsi) et j'entends par "anecdote" le sens qu'il avait au XVIIe, d'"histoire secrète". Il y a dans vos billets un secret qui file son chemin. On croit que l'on va rire un peu (ou beaucoup), et il m'arrive de rire beaucoup, mais ce n'est pas le plus important. Le plus important est dans la simplicité d'exposition de ce qui ne va pas vraiment tout en ayant l'air d'aller. Et votre modestie dût-elle en souffrir, monsieur Depluloin (déjà ça, il fallait oser), je ne trouve que chez vous cette égratignure du presque-rien.
Bien à vous.
Dominique Chaussois avait un monde et une voix, comme on en croise très très peu dans la blogosphère. Ce n'est pas sa disparition qui me saisit (laissons à ses intimes ce chagrin qu'il ne faut pas galvauder...) mais la soudaine et étrange conscience que dorénavant ce territoire qui était le sien ne viendra plus marquer son encoche dans mon éphéméride, que son esprit subtil et facétieux n'ajoutera plus rien à ce qui est déjà.
C'est aussi cela, le monde : une histoire de phrasé, de chemin de traverses, de détours. Un style. Des petits cailloux (ou des billes de verre) au fond de la poche, inestimables...