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Blanc...

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Il lui a téléphoné. Il le devait. Elle était en médecine. Elle saurait. Il avait peu d'informations, quelques chiffres, tout au plus, qui ne pouvaient lui parler. Il n'eut qu'à lui donner le premier, dont elle fit écho dans le combiné. C'était un début d'après-midi étonnamment doux pour les premiers jours de janvier. L'écho du chiffre puis un blanc.

Il avait connu le blanc de la gêne, de la séduction, celui de la colère ou de l'ennui, le blanc de l'incompréhension et celui de l'attente, le blanc d'ornement ou de calcul.

Mais ce blanc-là, jamais oublié depuis, fut celui du temps d'après, celui par quoi l'être dont ils parlèrent était déjà ailleurs. Ce blanc inaugura l'espace impensable, quelques semaines, où il se devait de faire bonne figure, semblant d'y croire. Être combatif. Prendre des nouvelles. Rire des dernières nouvelles ridicules du monde (et pour lui, elles seraient effectivement ses dernières nouvelles). Le blanc, toujours ce blanc. Il fallait de toutes les paroles possibles combler ce blanc, tout en sachant que rien, absolument rien, n'y ferait, parce que ce blanc était la ponctuation unique de tous les efforts, de toutes les intonations, la ponctuation uniforme qui les anéantissait, les gonflait de vanité.

Un blanc. Le souffle. La lézarde sur le mur. L'anfractuosité de la maladie. Une tache blanche sur une radio des poumons. Le souffle. Un blanc. 

Blanc

 

Photo : Willy Ronis

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