Ce qu'écrit Lévinas, quand "la question qui ? vise le visage" ;
il nous faut accueillir l'œil, le nez, les pommettes, la bouche, le menton, pour se rassurer, pour avoir la certitude d'être ;
et de l'effroi qu'il y a à le voir se soustraire, ou qu'il ne soit plus que traits de cire ;
ton visage qu'il me faut car sinon j'aurais tant de mal à savoir qui je suis, moi ;
et même si je peux, comme le creux de mon oreille intérieure entend ta voix, le ressusciter en fermant les yeux, je sais que c'est par lui, face à moi, que je sais ce que nous sommes ;
ton visage m'inclut à ma propre finitude et la rend supportable ;
et même si tu ne sauras jamais totalement qui je suis, comme je ne saurai jamais totalement qui tu es, il y a beauté à réduire ce mystère
et sans doute est-ce pour cela, que de la mort je n'envisage toujours que la mienne...
Photo : Paul Fusco