Qu’en sera-t-il de lui, de lui comme autre, quand l’enfant, encore réduit aux pleurs et aux vocalises de la nécessité ou de l’inconfort, l’appellera de son nom,
de son nom qui fait lien :
être le père ?
Il lève les yeux de son livre et, à côté de lui, lui dort.
Il ne se souviendra de rien. Ni de ses premier sourires, ni des premiers pas, ni de ses premiers mots.
Dehors, l’orage carillonne. Il est dix-neuf heures. Il dort et n’a peur de rien. Le visage encore serein, dans l’inconnaissance des nuages lourds et chauds. Il n’a rien anticipé du tonnerre.
Il ne reprend pas son livre. Il guette. L’orage s’enfuit : après longtemps, l’enfant ouvre les yeux et, croit-il, le regarde, et l’apaise.