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L'enfance de l'art

Ce livre, dit-il, il a toujours été important que je ne le finisse pas, que je n'en sache pas le dénouement. Je l'ai compris à peine en avais-je dépassé la moitié, qu'il y avait un impératif à laisser traîner toute ma vie, car je n'étais pas vieux quand je m'y suis plongé, dans cette histoire. Encore ai-je la chance que ce ne soit pas un des romans dont tout le monde a parlé, à défaut de le lire, et dont on connaît l'excipit. C'est un texte mineur, peut-on dire, et j'espère qu'il le restera, pour que jamais je ne sois pris à revers, et comme frappé d'une flèche mortelle. En quelque sorte, il s'agit de l'oeuvre d'une vie, l'histoire d'une lecture inachevée, comme il existe des textes inachevés. Il m'arrive régulièrement d'en relire les premières pages, et même d'aller bien plus loin. Néanmoins les quinze dernières pages sont scotchées afin que je ne cède pas à la tentation de savoir. Sans doute la raison de cette troublante lubie est-elle à trouver dans la beauté de ce livre, dans ce qu'il désole et enchante mon âme, tout à la fois. Elle est aussi le fruit des circonstances, circonstances importunes qui m'ont attaché singulièrement aux méandres d'une histoire d'amour dont je ne savais pas, à mesure que je la lisais, si elle était tragique ou triomphale, alors que je n'ai guère le romantisme chevillé au corps. C'est l'étrange fascination de ce qu'on ne trouvera jamais, de ce qu'on ne veut pas trouver, sans doute, mais qui nous est indispensable dans le refus que l'on maîtrise encore de ne pas tout trouver...

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