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Les angles

La rencontre de deux murs forme un angle, obtus ou aigu, le plus souvent droit, parce que c’est ainsi que l’on imagine la stabilité la plus grande et la lisibilité du monde la plus simple. L’angle droit est le propre de ce qui est carré, comme on dit. La netteté mathématique voudrait avoir une vertu matérielle et spatiale. Ce serait une manière efficace de confronter sans heurts les tensions.

Mais ici, qu’en est-il ? Il y a le choix d’arrondir les angles, d’enrouler la rigueur putative de l’architecture dans une enveloppe qui contourne la percussion des plans. C’est l’enrobage, là où on attendait une arête. Un élémentaire qui, ainsi saisi par l’objectif, rappelle la charnière à spirales de quelque dossier à moitié ouvert, comme pour une exposition dans une vitrine.

Cependant, l’esprit ne s’y trompe pas. Cet angle adouci subit le démenti de l’ombre qui mange le tableau et le transforme en pilier (pilier d’une hypothétique voilure de ténèbres : un mat qui ne monte pas au ciel mais descend vers les Enfers). Plus encore : ce sont les lignes à angle droit (même si la perspective peut fausser le jugement…), le quadrillage vitrifié qui donne une autre vérité. On y voit la trame, c’est-à-dire l’intrigue. Le texte du mur, du mur tel que le conçoit la modernité se dépassant elle-même. La structure y a la finesse d’une lame, la légèreté d’un fil, et pour le reste, il s’agit d’une opacité menaçante, l’impact glaçant de l’invisible.

On note, çà et là, des îlots de clarté, où se condense le dehors qui ne peut, semble-t-il, aller plus en profondeur. Ce sont des formes illusoires, des concentrations impuissantes. Rien qui soit, de près ou de loin, similaire à l’ouvrage gothique d’une transformation de la lumière. Dès lors, l’angle des murs peut épouser la courbe la plus belle et nous détourner de l’essentiel…

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