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denis tillinac

  • Orientation d'un inculte

    La semaine passée, sur I-télé, le hasard (s'il existe) m'offre l'occasion d'écouter un débat "d'éditorialistes". Une sorte d'affrontement gauche-droite, aussi factice dans le milieu des journaleux qu'il l'est dans le milieu politique (1). Et le hasard se combinait avec la chance puisque l'un des deux artistes était Laurent Joffrin. Celui-ci sévit dans le paysage médiatique français depuis trente ans. Il en est un des représentants les plus superfétatoires. Baudruche gauchiste dans le sociétal et libéral éclairé au niveau économique. Rien que du classique.

    Comme tous les gauchos patentés, sa signature, à défaut de l'intelligence, est l'indignation. Signature qui, au passage, est une exclusive : un homme de droite, ou pire : d'extrême-droite, en est sui generis privé. L'indignation est le point de Godwin de ces gens-là, leur structuration mentale par quoi tout passe, en bouillie ou en purée. Pour le coup, Joffrin était indigné. La question portait sur l'appel de Denis Tillinac concernant la préservation des églises françaises, appel paru dans Valeurs actuelles. Pour les lecteurs de ce blog qui ne seraient pas au courant, voici l'affaire.

    Il y a quelques semaines, le président du CFCM, le si modéré (?) Dalil Boubakeur, accessoirement recteur de la mosquée de Paris, proposait de récupérer les églises abandonnées pour combler le déficit de mosquées. En clair, ce qu'on appellera non une transformation mais une conversion du lieu. Celui-ci, devant un certain nombre d'indignations, a rectifié le tir en disant qu'il s'était mal exprimé. On ne glosera pas plus avant sur cet essai malicieux pour tâter le terrain d'une possible islamisation du territoire à travers ses lieux symboliques, lesquels ont donné à la France une identité architecturale, intellectuelle et morale que les islamo-gauchistes et les francs-maçons s'ingénient à nier, selon une démarche révisionniste ahurissante.

    Devant cette inquiétante tentative de radicalisation (2), l'écrivain Denis Tillinac a donc lancé son appel. Et Joffrin évidemment de crier à l'intox, au faux débat, au détournement. Tout cela .organisé par des hommes (et des femmes) d'extrême-droite : il suffit de nommer l'écrivain Jean Raspail pour que le tour soit joué. Ce ramassis de réac fachos n'ont rien compris et ils épousent, peu ou prou, la ligne incarnée par une lepénisation des esprits. Denis Tillinac, dont j'avais déjà défendu la position sur ce blog, est encore une fois cloué au pilori. La parole de Boubakeur n'est pas à prendre au premier degré ; celle de Tillinac si. Le propos de Joffrin n'aurait rien de particulier et ne mériterait pas qu'on s'y arrête si cet idiot, ivre de sa bêtise, ne se donnait pas le droit d'être spirituel. Il explique alors que beaucoup des églises sont dans un axe est-ouest, tournées vers l'Orient, vers Jérusalem. Dès lors, Jérusalem ou La Mecque, c'est un peu la même chose. Sublime, forcément sublime, pour plagier la bonne Marguerite Duras...

    Ces considérations sont du même tonneau que celles de Boubakeur, pour qui l'islam et le christianisme sont des cultes voisins ! Balancées avec la présomption de l'inculte (nul sur le plateau ne rectifie), elles procèdent par amalgame (mot à la mode) et sont le fruit d'une ignorance crasse. Si le petit Joffrin avait un tant soit peu de culture, il saurait

    -que l'orientation (qui vient effectivement du mot orient) est-ouest est un classique architecturale ; que sa pratique se retrouve dans d'innombrables civilisations. Cela établit le rapport très ancien de l'homme à la nature, et notamment au soleil. Le porche du Temple de Salomon était déjà tourné vers l'est, ainsi que le précise Ezéchiel. La question de Jérusalem, qui n'est d'ailleurs pas l'est universel, selon la latitude où nous nous trouvons, est ridicule. Elle ne fonde pas l'édification des églises occidentales.

    -que la thématique de la lumière organise effectivement l'orientation des édifices chrétiens répond aussi à une symbolique déterminée par la figure même du Christ, "soleil de justice". Il est "la lumière du monde", ainsi que l'écrit Jean. L'architecture est donc le relais d'un discours spirituel et théologique spécifique à la chrétienté.

    De cela, Joffrin, en bon renégat de la culture millénaire qui a bâti l'Europe, fait des raccourcis à seule fin de nier une réalité historique et intellectuelle à laquelle ses accointances islamo-gauchistes voue une haine sans bornes.

    Peut-être n'aurais-je pas signé l'appel de Denis Tillinac (la pétition n'est pas mon fort), mais la bêtise mortifère de Joffrin ajoutée aux souvenirs littéraires des inquiétudes, il y a un siècle, de Proust et de Barrès, devant la ruine des églises, m'ont incité à le faire...

    (1)Si l'on veut comprendre rapidement cette identité sous la fausse garde des débats dits contradictoires, il suffit de regarder quelquefois les deux chaînes d'infos en  continu : BFM et I-télé. La première est vaguement de droite, l'autre vaguement de gauche. Mais dans les limites très étroites d'une doxa européenne et libérale qui les fait se ressembler comme des sœurs jumelles. Ceux qui y voient des différences imaginent donc que Ruth Elkrief et Laurence Ferrari pensent. Fichtre !

    (2)Radicalisation, en effet, parce que le sieur Boubakeur est fort silencieux quand il s'agit de défendre les chrétiens d'orient, et plus encore les chrétiens d'Algérie, lesquels sont persécutés au milieu d'un silence condamnable.

    (3)Il dirige Libération. Que dire de plus ?

     

     

     

  • Le bruit des imbéciles cafards...

     

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    La chasse à l'homme continue et les Inrocks ne démentent pas la tradition des coupeurs de têtes. J'avais évoqué le cas de Renaud Camus, dont P.O.L. venait de découvrir qu'il était effectivement réactionnaire, et le chant joyeux des journaleux rock and roll. Dans ce même billet signé Nelly Kaprièlan Denis Tillinac a droit à la même vindicte différentialiste. Que lui reproche-t-on ? d'écrire mal ? d'être classique ? d'être idiot ? Rien de tout cela. Le vrai problème, semble-t-il, est que ses écrits "suintent le Français de souche".

    J'ai beau chercher. Je ne comprends pas ce que ce terme signifie. S'agit-il des sujets que traite Tillinac ? d'un discours sous-jacent ? y a-t-il une écriture reconnaissable selon l'ethnie (puisqu'il faut parler ainsi), de même qu'on nous a bassinés depuis trente ans avec l'écriture féminine ? une sorte de génétisme littéraire ?

    Autant y aller directement : Denis Tillinac est-il un écrivain raciste, fasciste, néo-nazi ? ou bien faut-il concevoir, si ce n'est pas le cas, que la détermination même de "Français de souche" est un signe révélateur qu'il faut stigmatiser à tout prix. Cet auteur se défend fort bien dans Valeurs actuelles

    De fait, la question n'est pas là et plus encore qu'avec Renaud Camus, le problème posé se situe dans un cadre bien plus large : celui de la haine, de la haine honteuse, sous couvert d'une repentance et d'un révisionnisme historique radical imputant à l'Europe, et à l'Europe seule l'héritage d'un mal absolu dont on se demande si l'unique moyen de l'en guérir ne serait pas de la voir disparaître, elle et sa culture, dans le trou béant d'un différentialisme assassin.

    Les gauchistes radicaux qui œuvrent aujourd'hui dans les médias et les think tanks roses et rouges (on pense à Terra Nova) ont décidé d'éradiquer comme une vermine supposé tout ce qui ne leur ressemble pas. On pourrait comprendre leur démarche s'ils avaient un certain courage politique, des titres de gloire à faire valoir, des engagements héroïques. Que nenni ! Ils éructent dans Paris intra muros. Et ce n'est pas la victoire de la gauche socialiste qui les fera changer d'avis. Ils imposent leur raison avec la même indéfectible raideur que dans les décennies passées ils (ou plutôt ceux dont ils sont les héritiers) vantaient l'espérance venant de l'Est ou les magnifiques réussites du maoïsme. Rien ne les arrête.

    S'attaquer à Denis Tillinac qui n'est pas un phare de la littérature française et qui n'a jamais affiché autre chose qu'un attachement chiraco-corrézien (lequel nous tient fort loin du procès stalinien que lui fait le journal mais nous supposerons que le corrézianisme de cet auteur est de trop et qu'aimer Brive et ses environs, c'est à coup sûr ne pas aimer le monde), s'attaquer à si modeste souligne à quel point ils aiment mordre, combien leurs esprits formatés et réifiés par un moralisme à rebours cachent de violence. Les Inrocks en sont presque la caricature. Du moins on l'espérerait mais il ne faut guère se faire d'illusions et c'est bien là qu'est le pire.

    Les donneurs de leçon, défenseurs d'une littérature stérilisée par les lendemains désastreux du structuralisme et du roman egocentré (très jardins du Luxembourg) devraient retourner dans les bibliothèques. Ils y trouveraient bien des âmes peu recommandables, de vieux réactionnaires que leur goût révolutionnaire aurait exécutés à la première heure. Oui, ils devraient réfléchir au mouvement dextrogyre de la littérature française. Est-ce trop demander ?

    Mais s'il n'y avait que ce problème, passe encore. L'ignorance et le refus du réel historique est une tare qui les concerne, eux, pas moi. En revanche, plus grave est l'implicite de leur posture, me demandant, puisque l'écriture serait une affaire de couleur, de sexe, et de géographie politique à sens unique, de lire tel ou tel comme un noir, un fils d'esclave potentiel, un minoritaire, un soumis en rebellion, un métis, un affamé de liberté, un sans terre, une femme, un homosexuel, etc. Non que je veuille minimiser, au contraire, le terreau sur lequel se dresse l'écriture, mais je désire d'abord  considérer l'expression individuelle d'une personne, hors de toute inféodation à une problématique hasardeuse mettant en jeu la génétique ou des considérations minoritaires dont on ne m'a toujours pas prouvé qu'il définissait certainement l'orientation stylistique et thématique. Je n'ai pas envie de minimiser Chamoiseau ou Condé de leur créolité, Toni Morrisson de sa position de noire américaine, Reynaldo Arenas ou Lezama Lima de leur homosexualité, car c'est ainsi que ces petits lecteurs les humilient sans le savoir. Mais il est vrai qu'il n'y a que le prisme minoritaire qui les fasse jouir. En bons élèves deleuziens, ils cherchent le minoritaire comme un pansement à la haine d'eux-mêmes, sans comprendre que c'est aussi l'autre, magnifié jusqu'à la bêtise, qu'ils méprisent ainsi.


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