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michael darmon

  • Populisme (substantif masculin)

     

    Le festival continue. On en parle une dernière fois, on relève une dernière fois la gangrène journaleuse et on passera à autre chose, définitivement. Il s'appelle Michaël Darmon. Il est l'analyste politique d'I-Télé. Il vient commenter à la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bétancourt. Cette décision vient après l'ouverture d'une enquête préliminaire touchant Jérôme Cahuzac. Et qu'en tire-t-il comme conséquence ? Que « c'est une mauvaise semaine pour la démocratie, et une bonne pour le populisme ». Christophe Barbier, le bavard creux qui trône sur les plateaux et dirige L'Express, est sur le plateau et acquiesce.

    La démocratie et le populisme en rivalité. Soit. Mais le problème est ailleurs. Car concevoir que la semaine qui s'achève est un coup dur pour la démocratie signifie de fait que l'inculpation d'un politique, que la demande judiciaire à ce que des élus ou des dirigeants rendent des comptes sur le agissement est une atteinte à la démocratie. Ni plus, ni moins. Cette casuistique jésuite est bien plus redoutable que l'homélie du nouveau pontife. Elle fonde le caractère d'exception qui structure désormais l'appareil pseudo démocratique. Carl Schmitt est consacré. La démocratie est en danger quand la justice essaie de faire son travail. On la dit faible quand elle ne sanctionne pas assez Rachid qui deale, Renaud qui trafique, Mamadou qui vole ou Paul qui escroque, quand le quidam du bas de l'échelle ne reste pas dans les clous ; elle est outrancière quand elle s'interroge sur les agisssements de Jérôme ou Nicolas.

    De fait : le populisme, ce n'est plus le fascisme supposé de ceux qui expriment leur défiance vis-à-vis des partis et des dirigeants de la social-démocratie pourrie (et cette défiance passe aussi par l'abstention et la réflexion, pas seulement par l'agacement épidermique et le vote frontiste...) ; le populisme dans la bouche d'un journaliste commence là où, dans un esprit de caste médiatico-politique il faut protéger les sortants. Le populisme, ce n'est plus une théorie politique, une filiation idéologique ; c'est la figure de l'ennemi. Le populiste, c'est le bourgeois des staliniens, transposé en régime social-libéral de l'entre-soi UMPS et médias réunis.

    Le petit Darmon bredouille une antienne nauséabonde faite pour incriminer ceux qui demandent, non pas le mariage pour tous, mais la justice pour tous. Celle-ci est autrement plus problématique à offrir que celui-là. Le populisme sociétal passe beaucoup mieux que l'aspiration à plus d'égalité devant la loi.

    Le statut juridique du président de la République (concession exorbitante d'un président de conseil constitutionnel de « gauche » -Roland Dumas- à un président de « droite » -Jacques Chirac) n'est pas le seul pare-feu. L'engeance journaleuse, quand le droit constitutionnel n'y suffit plus, vient à la rescousse. Et cela, ce n'est pas du populisme. Que non ! C'est un sens de l'État, une raison d'État ! Mais elle est rampante et fielleuse. Rien à voir avec ce qu'on définit comme le populisme, cet hydre qui en voudrait tellement à la démocratie...