Le 9 mars 1955, Nicolas de Staël redescend dans le Midi. Trois jours auparavant, il a entendu des pièces de Webern et de Schönberg, sous la direction de Herman Scherchen. Il se lance dès son arrivé dans un tableau au format imposant (350x600. Il va jusqu'à la limite de ce qu'il peut peindre et se jette dans le vide le 16 mars. Le Concert est donc la toile ultime.
Édouard Dor s'approche de l'œuvre, ou plutôt tente une approche (et il est bien question d'un problème de position devant elle), sans prétendre à l'épuisement du sujet. C'est une invitation qui, aussi brève soit-elle, nous étreint. Un partage à la levée d'une partie du mystère, à la reconnaissance du détail.
Un tableau seul, pour saisir l'effroi déjà là depuis longtemps ; et des mots comptés pour susciter en nous le désir d'aller au musée Picasso d'Antibes.
Edouard Dor, Le Concert, Paris, Sens & Tonka, 2010.