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saussure

  • Le mot et la chose

    Bernard Kouchner, arriviste imbécile, livreur de riz pour population en détresse, fait partie de cette espèce magnifique, la pire malgré tout, des moralisateurs tout terrain. Il fut un ministre de la santé sans envergure et un ministre des affaires étrangères à la fois suffisant, incompétent et soumis. Comme quoi, la médecine mène à tout à condition d'en sortir ?

    Mais il est de ces gens que l'exposition médiatique a rendus esclaves du paraître et de l'apparaître. Il a fallu le voir, à Pau, au procès Bonnemaison venir en guest star pour dire la vérité (car Kouchner est comme BHL, il ne dit pas sa vérité. il est la vérité !). Cela devait lui manquer de ne plus serrer des mains, de ne plus être l'attraction du monde.

    Alors, sur sa lancée, il s'est ouvert un nouveau champ de réflexion. Il est devenu linguiste. Cela manquait à son curriculum vitae. Et de décréter l'urgence à en finir (si j'ose dire) avec le mot euthanasie. Et pourquoi ? Parce qu'il y a le mot nazi dedans ! euthanasie, c'est euthanazi (et s'il faut un petit effort supplémentaire, on passera demain à étatnazi...) Avouons qu'il y a de quoi rire ! Que le bateleur humanitaire confonde le code écrit et les sons ne semble pas lui poser de problème. Que la langue allemande (Nationalsozialismus) percute le grec (thanatos) est un détail. Il est vrai qu'à l'heure de la novlangue, toutes les confusions sont possibles. Il y a donc du nazi qui traîne dans les mouroirs hospitaliers. Il est urgent de légiférer et de changer le vocabulaire.

    Le pauvre Bernard est un enfant, somme tout, qui croit que les mots sont les choses. Il ne sait pas que l'arbitre du signe saussurien, même tempéré par les relectures de Benveniste, les analyses post-freudiennes et les jeux lacaniens, existe et que si manipulation du signe il peut y avoir encore faut-il être capable d'en établir la réalité et la pertinence ! On pourrait concevoir de remplacer un mot parce qu'il a en effet une histoire qui le rend problématique. Est-ce le cas du mot euthanasie ? Nullement, sauf à jouer les poètes macabres et à chercher partout et en toutes circonstances une sorte d'inconscient de la langue qui tourne au délire. On se rappellera à ce sujet que c'est en se fourvoyant sur des anagrammes latines que Saussure dégagea sa théorie de l'arbitraire. Croit-il qu'en changeant le mot, on effacera la douleur de voir mourir un être à qui on tient ? Croit-il que ceux qui pratiquent l'euthanasie ou l'autorisent, pensent à ses constructions linguistiques débiles ? Croit-il que les mots suspendent la disparition ? 

    Bernard Kouchner est néanmoins dans l'air du temps, dans cette tendance très marquée depuis un siècle (même si l'histoire a commencé bien avant, et pour ce qui est du modèle français avec l'académie et Vaugelas) à vouloir reformater la langue dans un but éminemment politique. Viktor Klemperer a écrit un Lingua Tertii Imperii, sur la phraséologie nazie (justement) très édifiant. Plus près de nous, le petit texte d'Éric Hazan LQR. La propagande au quotidien mérite lecture. Et de se souvenir que la novlangue est une des matrices du 1984 d'Orwell.

    L'air du temps que je mentionne est celui de l'euphémisme : atténuons par les mots la violence accrue de la société ultra-libérale ; et celui de la culpabilisation : étriquons le vocabulaire pour chasser les mauvaises pensées. Cela tient pour beaucoup de la pensée magique au service de la terreur. Mais cela n'étonnera pas du sieur Kouchner qui fait partie de ces terroristes dits intellectuels de gauche dont l'ignorance et la fatuité sont deux crimes mortels. Et par mortels, j'entends mortels pour nous...

  • Numérologie

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    Les mayas, ces joyeux drilles, nous ont promis la fin du monde pour le 21 décembre. Date fatadique, donc. Parce que, à ce que j'en ai compris, ils ne savaient pas aller au delà, on se retrouve la peur au ventre (1). On essaie de balayer l'angoisse d'un revers de main, mais un bel esprit vous fait remarquer que déjà la veille de ce fameux 21, il y a le 20. On le savait mais sans se rendre compte que cela donne : 20-12-2012. Et là la machine peut s'emballer. On peut s'effrayer de tout. Par exemple :

    Des signes annonciateurs (peut-être la fin déjà) : le 10-06-2012 (parce que le 10 et le 06 sont la moitié du 20 et du 12). Mais cela commence marche aussi pour le 05-03-2012 (on remplace la moitié par le quart).

    Autre exemple : le 21-02-2012 (avec l'inversion des chiffres, comme dans une effet de miroir)

    Et si 2012 était dangereux par sa somme : 5, alors demain le 04-01 est périlleux (et par la même occasion, je signe là mon dernière billet, à moins que ce ne soit le 03-02, ou le 01-04 -et c'est très drôle puisque c'est le 1er avril. Terreur et rigolade en même temps...). Pourquoi le 5 serait-il inquiétant ? Je ne sais mais si je le décrète (c'est très dans l'air du temps, d'ailleurs : le goût de chacun. Cela marche bien, le "si je veux" dans une époque déliquescente), il est possible que ce soit vrai (mieux : que d'autres croient que c'est vrai).

    Il y a une infinité de moyens pour trouver ce que l'on a décidé de trouver. J'arrête là. Je ne vais pas non plus y passer des heures, surtout si elles sont comptées. Je laisse à chacun la possibilité d'y aller de ses lectures numérologiques et je ne doute pas des sortilèges qui peuvent en sortir. Ceci étant, c'est en cherchant des anagrammes dans des vers latins que Ferdinand de Saussure élabora sa théorie de l'arbitraire du signe. Michel Pierssens, dans La Tour de babil, l'explique très bien. Et sérieusement, lui ...


    (1)Sauf l'ultra-libéral qui voit là l'occasion de se dire qu'il ne paiera pas d'impôt sur le revenu en 2013...