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Grand spectacle

Dans La nouvelle culture du capitalisme, Richard Sennett évoque les sept cents heures de discussion du législateur anglais au sujet de la chasse au renard. Oui, sept cents heures soit : à douze heures journalières, près de soixante jours. Et l'auteur de conclure que si l'on passe autant de temps sur un sujet aussi mineur, c'est que sur l'essentiel, ce qui fait justement le cœur de la vie citoyenne, ces gens-là sont d'accord. Le détail, et l'acharnement au détail ne sont que des cache-misère d'un consensus qui se fera contre le citoyen. Dès lors le jeu politique n'est plus qu'une vaste fumisterie pour occuper l'opinion publique.

Cette fantaisie anglaise nous amène à une autre de fausse démocratie, celle que viennent d'illustrer les gargouilles de l'UMP au sujet du mariage pour tous. Il ne leur aura fallu que quarante-huit heures à peine pour dévoiler leur misérable pantalonnade d'opposants d'opérette. Il aura suffi que la loi soit promulguée pour que ces soi disant contestataires s'en remettent à elle sans plus de discussion. Ce qui, disaient-ils, était une aberration, une contradiction fondamentale de la société n'est plus rien qu'une décision parmi d'autres, sur laquelle il ne sera pas possible de revenir. De Copé à NKM en passant par Chatel, la même molesse hideuse, le même renoncement sordide, la même complicité fallacieuse. Était-il nécessaire que tous ces fantoches prennent la pose contestataire ? Ils sont un flagrant démenti à ceux qui, à gauche, évoquent une UMP rétrograde, fascisante et sectaire.

N'en déplaise à ceux qui veulent encore nous vendre la différence politique comme un des signes de la démocratie, il n'y a pas de différence démocratique dans la France européanisée et libérale. Guy Debord disait en son temps qu'il y avait deux partis de droite dont un s'appelle la gauche. Retournons la formule : la droite est une gauche sous un nom d'emprunt. Même politique, même logique économique, même pré-requis culturel. La volonté de remettre la nation à l'impérialisme libéral bruxellois, le désir d'effacer l'empreinte judéo-chrétienne, la soumission béate à un internationalisme communautariste.

On hésite entre la connerie montée au carré ou une sorte de mélancolie suicidaire.

Et puisqu'on en est au suicide, celui de Dominique Venner en ajoute une couche. C'est un peu le versant d'extrême-droite à la furie Femen. Décidément, Notre-Dame-de-Paris devient un lieu de spectacle. Il s'y passe toujours quelque chose, un peu comme à la Samaritaine. Les raisons de ce monsieur, loin d'être réductibles, comme s'empressent de le dire les media, à la question du mariage pour tous, méritent qu'on s'y intéresse. Le geste n'est pas anodin et ses fondements ne peuvent être balayés d'un revers de main. N'empêche : qu'un catholique fervent comme lui sombre dans une mise en scène aussi grotesque en dit, en fait, très long sur ce qui est en train de se (dé)nouer sous nos yeux. 

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