Tu m'en diras tant. Quoique non, ce ne sera pas nécessaire. Le contraire aurait même le goût d'une fraîcheur apaisante, comme de se contenter d'un anis à l'eau après avoir éclusé des litres et des litres de Pastis. La sobriété a du bon, quand elle n'est pas le reste d'une mauvaise conscience mais le fruit d'un feu éteint, qui s'est éteint doucement, au point que, certes, il y ait bien une auréole charbonneuse du côté de ton cœur, des tisons froids, et pourtant, la douleur n'existe plus. Tu pourrais en dire tant et tant sur ce que fut ce cercle brûlant, dire les anathèmes, les vindictes, les paroles qui dépassèrent la pensée, et les remords aussi, que cette fatigue nouvelle, de ressasser, ne te soulagerait de rien.
Photo : Awoiska van der Molen