Prendre le temps de s'oublier, certainement, et souvent nous nous abstenons de cet effort, parce que nous croyons que penser à celui ou à celle qui est sorti(e) de notre existence, c'est encore lui donner une place trop grande, alors qu'il n'en est rien : dans l'intervalle de ces retours se recompose une énergie qui amoindrit le souvenir, le décalcifie, le déclassifie, l'archive. Ce que nous refoulons ne finit jamais à la benne mais pourrit durablement. Il ne faut pas vider ses albums photos, ni éclaircir ses bibliothèques, moins encore alléger la boîte à bijoux, et surtout ne pas faire une croix sur la jetée ou la petite église au fond de la vallée.
Photo : Mario Giacomelli