Je suis le sujet isolé, dans l'angle, là.
Non celui qu'on a écarté, ou qui se serait écarté, pour faire bande à part.
Rien de tout cela,
mais dans le second (voire le troisième) plan, je ne fais que passer, inconcerné par l'histoire qui se joue ou que l'on fait mine de jouer, et que je vois,
lointainement.
Je cherche, sans être trop pressé de trouver, parmi les grandes agitations de l'heure. Ma montre est intérieure. Peut-être est-ce pour cela qu'on pense que je suis ailleurs.
Bientôt, je ne suis plus dans l'angle.
Nulle part.
Inexistant ; et c'est ainsi même que j'existe, libre de me mouvoir pour toucher qui me touche et vivre lentement, lentement.
Certainement, il m'arrive de revenir dans l'angle même, dit-on. Je coupe parfois le devant de la scène, comme un inconscient. Pure folie dont je ne garde ni orgueil ni souvenir aigu.
C'est une vague lueur, un négatif de ma vie...
Photo : Matthew Pillsbury