usual suspects

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

.com

Bleu cerise, disait-il, pour évoquer une couleur improbable ou, pour aller à l'essentiel, par le biais de l'oxymore (sans savoir qu'il usait de la rhétorique), d'une hideur sans nom. Et des couleurs, il en savait un rayon, lui qui avait passé sa vie dans l'imprimerie.

Bleu cerise : tu n'avais même pas besoin de t'en faire une idée précise. L'incongruité de l'association te suffisait. Plus tard, seulement, tu as su que le mélange des deux donnerait du violet assez vif (parce que le bleu auquel il pensait était évidemment foncé...)

Bleu cerise. Les années ont passé sans chercher si l'association était de son fait ou s'il avait repris un mot plus ancien. Et dernièrement, tu as découvert que c'était le nom d'une entreprise bagagerie-maroquinerie à coûts modiques. À la rêverie gratuite a succédé un univers au rabais. Tout est donc possible. Tout doit être possible, et en matière d'onomastique commercial, la créativité n'est plus qu'une pensée marketing indexée sur l'effet-surprise (ce qui n'est pas la surprise en soi, mais sa fabrication, sa prévisibilité stérile et sa rentabilité escomptée). On y imagine le logiciel capable de produire toutes les combinaisons de la langue, et une langue convertie en noms de domaine, privatisée jusqu'à empêcher un écrivain de métaphoriser ou d'oxymoriser à sa guise. La concurrence comble les chemins poétiques.

Quoi qu'il en soit, tout peut servir et l'imaginaire, par exemple, c'est une entreprise ou un restaurant... Alors...

Cependant,

personne, absolument personne, ne t'enlèvera le sourire qui était sien quand il moquait le ton de la chemise que tu venais d'acheter : "Une horreur ! Autant en prendre une bleu cerise..."

 

 

Les commentaires sont fermés.