Tu perds tes mots, souvent, devant le monde qui tourne. Le vocabulaire n'y suffit plus. Loin que le spectacle soit bouleversant et que tu restes sans voix. Au contraire. C'est l'appauvrissement, la cataracte de toute cette agitation servile, de cette technicité babélienne qui te rend mutique. Les mots ne conviendraient plus : ils sont inadéquats, trop complexes. Ils évoquent un havre perdu. Le monde augmente les réalités possibles dans le temps où le contemplateur voit l'éventail de sa rêverie tomber en lambeaux.
Aux images poignantes on substitue les panneaux iconiques, à l'ampleur de la phrase le slogan, à l'invention poétique l'onomatopée...
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Pendant longtemps, l'homme, en son langage, a couru après le monde ; le dénombrement en était infini et l'esprit avait comme un temps de retard. En sommes-nous encore là ? L'aphasie n'est pas hélas le mutisme.
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L'étrécissement de la vie commence quand aux charmes du silence succède le bruit spongieux des perpétuelles présences.