C'est beau l'Asie, exotique et chaleureux. Les rues grouillent de monde, avec un éternel enthousiasme. En plus, des gens qui bossent. Rapides, efficaces, silencieux. Parfois, dans l'univers des sweatshops si utiles pour optimiser les profits des vendeurs de fringues et rendre plus improbables encore les discours d'ici sur la mode, le style et l'élégance, il arrive qu'un bâtiment s'effondre.
Près de 400 morts, 700 blessés. Une broutille pour ce continent si exotique et chaleureux. Les rues grouillent toujours de monde. C'est à peine une info, ici. On fait un ratio. Vu la population, tout juste une dizaine de morts ici.
Ici. Ici. On dit toujours ici. Et là-bas, à Dacca ou Bombay ? On s'en fiche, en fait, malgré les apparences.
On dit ici parce que c'est ici que ça se passe. Ici qu'on cherche la couleur du nouveau pull, le déroutant imprimé flashy, le coordonné tueur chaussures ceinture col en V, pour la soirée de demain. Une soirée demain ? Où ? Ici. Ici chez moi. C'est bien pour ça qu'on s'appelle, non ?
Photo : Reuters