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handicap

  • Hors de sens

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    Le droit comme un principe d'égalité coûte que coûte, jusqu'à la limite de l'impensable et de l'insensé...

    L'Iowa vient d'accorder aux aveugles le droit de port d'armes, parce qu'il n'y a pas de raison que ceux-ci souffrent d'une discrimination en raison de leur handicap (mais devrais-je dire : leur différence).

    Pourrait-on ainsi envisager que pour des élections (présidentielles ou autres), un homme mourant dans la semaine précédant le scrutin, et ayant clairement/publiquement exprimé son choix, ait le droit de voter post-mortem ? Pourrait-on sérieusement agir pour que la mort inopinée ne soit pas un obstacle à l'expression politique, puisqu'on autorise bien des mariages post-mortem ?

    Il y a sans doute de multiples, pour ne pas écrire : d'innombrables, situations absurdes sur lesquelles l'esprit tordu de l'époque aurait loisir de légiférer. À chacun de se creuser les méninges.

    En attendant, et pour redevenir vers un peu sérieux, soulignons que l'extension du droit en dehors de toute réalité tangible, comme une abstraction propre à satisfaire les désirs individuels, a quelque chose de sinistre, qui va bien au-delà de ces délires américains (on les trouve ailleurs, aussi, qu'on ne s'y trompe pas...). Le bon plaisir du roi n'existe plus, et il n'y a pas lieu de s'en plaindre, mais est-il judicieux de le remplacer par le bon plaisir de chacun ? Fallait-il, pour nous faire croire que tout irait mieux, multiplier les royautés factices et faire que, pour citer ce cher Montaigne, chacun se prélate jusque dans sa garde-robe ? Doit-on accepter tout et n'importe quoi sous prétexte qu'il ne faille léser ou blesser personne ? Devrais-je intenter un procès à la ligue professionnelle de basket-ball parce qu'il n'est quasiment pas possible d'y réussir si on ne mesure pas 1 m 80 et qu'il faudrait instaurer des quotas pour que tout le monde puisse avoir sa part du gâteau, jouir de ses droits, les géants, les grands, les moyens et les nains ?

    Je ne sais si un aveugle de l'Iowa sortira dans la rue et tirera (faut-il écrire : à vue). Cette loi n'aura peut-être jamais d'effets pratiques. Et d'aucuns diront que les voyants font suffisamment de carnages pour qu'on ne s'offusque pas de cette adaptation légale. Certes. Mais c'est l'esprit qui la motive qui pose problème. Cette revendication nous aurait fait rire si Raymond Devos en avait tiré le fil (et rien que le fil...) pour l'un de ses sketchs doucement kafkaïens. Pour une histoire sans queue ni tête, soit ; pas pour une réalité sens dessus dessous...


    Photo : Thomas Barbey