Arvo Pärt compose cet hommage un an après la mort de Benjamin Britten, survenue en 1976, compositeur qu'il ne connaissait pas mais dont il venait de découvrir la musique. C'est peut-être cette distance personnelle qui rend sa musique si poignante. Rien ne nécessite une déprise de l'existence disparue. Pas de chagrin, surtout pas. Reste (mais ce n'est pas un reste, une sublimation plutôt) la prise à soi d'un héritage, d'une oreille, d'une mélodie (parce qu'on pense alors au War Requiem de Britten justement). Ce n'est pas copier, ou plagier, mais prolonger. L'hommage est là : dans la poursuite d'une phrase qui viendrait de loin et n'aurait pas de fin. Il n'est pas un reliquat concédé par la mort mais la pleine possession du vivant.
(la vidéo qui accompagne ce Cantus in memoriam of Benjamin Britten est consternante mais on y trouve la version gravée sur l'album Tabula Rasa. Il suffit de fermer les yeux)