usual suspects

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

tel que je fus

  • Henri Michaux, pour de vrai


    henri michaux,poésie,le grand combat,tel que je fus,langage,surréalisme

    Autre lutte, autre chant, pas moins vital que celui de Char, Michaux. À la pointe de ce qui se défait dans la langue, se délie et se délite, pour que ce soit à nous, en lecteur attentif, de rassembler les morceaux, d'établir les correspondances, de refaire du sens. On croit que c'est un jeu, et c'en est un, sérieux, très sérieux, et jubilatoire...


    LE GRAND COMBAT

    Il l'emparouille et l'endosque contre terre ;
    Il le rague et le roupète jusqu'à son drâle ;
    Il le pratèle et le libuque et lui baruffle les ouillais ;
    Il le tocarde et le marmine,
    Le manage rape à ri et ripe à ra.
    Enfin il l'écorcobalisse.
    L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine.
    C'en sera bientôt fini de lui ;
    Il se reprise et s'emmargine... mais en vain
    Le cerceau tombe qui a tant roulé.
    Abrah ! Abrah ! Abrah !
    Le pied a failli !
    Le bras a cassé !
    Le sang a coulé !
    Fouille, fouille, fouille
    Dans la marmite de son ventre est un grand secret
    Mégères alentour qui pleurez dans vos mouchoirs ;
    On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne
    Et vous regarde,
    On cherche aussi, nous autres, le Grand Secret.

    Qui je fus, 1927