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Federico Garcia Lorca, outre-Atlantique

 

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Federico Garcia Lorca a célébré l'aridité andalouse, sa sécheresse belliqueuse. Sa musicalité aussi. Outre sa grandeur d'écrivain, il avait des dons de musicien, ce qui le rapprocha notamment de Manuel de Falla.

Moins classique est le fruit d'un séjour aux États-Unis, en 1929-1930 : ce sont les textes du Poète à New York, qui seront l'objet d'une publication posthume en 1940. La confrontation du terrien enchanté de soleil et d'espace avec la Ville emblématique du XXeme siècle est saisissante. À bien des égards, tant dans les thèmes que dans la brutalité des images, il préfigure le Senghor des Éthiopiques. Les titres sont éloquents : Cité sans sommeil (nocturne de Brooklynn Bridge), Paysage de la multitude qui vomit (crépuscule de Coney Island), Paysage de la multitude qui urine (nocturne de Battery Place), Le Roi de Harlem... Voici le dernière poème de la section «Rues et songes»


L'AURORE


L'aurore de New-York a

quatre colonnes de boue

et un ouragan de colombes noires

qui barbotent dans les eaux croupies.


L'aurore de New-York gémit

dans les immenses escaliers

cherchant entre les arêtes

des nards d'angoisse ébauchée.


L'aurore vient et nul ne la reçoit dans sa bouche

car là-bas il n'est de matin ni d'espérance possible.

Parfois les pièces de monnaie en essaims furieux

percent et dévorent les enfants abandonnés.


Les premiers qui sortent éprouvent dans leurs os

qu'il n'y aura pas de paradis ni d'amours effeuillées ;

ils savent qu'ils vont à la fange des nombres et des lois,

aux jeux sans art, aux sueurs sans fruit.


La lumière est ensevelie par des chaînes et des bruits

dans l'impudique défi d'une science sans racines.

Dans les faubourgs des hommes sans sommeil vacillent

comme s'ils échappaient à un naufrage de sang.


(éditions Fata Morgana, 2008, trad. Guy Lévis Mano)


LA AURORA

La aurora de Nueva York tiene
cuatro columnas de cieno
y un huracán de negras palomas
que chapotean en las aguas podridas.


La aurora de Nueva York gime
por las inmensas escaleras
buscando entre las aristas
nardos de angustia dibujada.

La aurora llega y nadie la recibe en su boca
porque allí no hay mañana ni esperanza posible.
A veces las monedas en enjambres furiosos
taladran y devoran abandonados niños.

Los primeros que salen comprenden con sus huesos
que no habrá paraísos ni amores deshojados;
saben que van al cieno de números y leyes,
a los juegos sin arte, a sudores sin fruto.

La luz es sepultada por cadenas y ruidos
en impúdico reto de ciencia sin raíces.
Por los barrios hay gentes que vacilan insomnes
como recién salidas de un naufragio de sangre.


 

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