La pluie en été. Parce que la fenêtre ouverte. La fraîcheur. Cette association momentanée des contraires en une hostilité bienfaisante. L'orage plus encore, quand se confondent la suspension de la chaleur et le souvenir vague des ondées hivernales, de celles qui nous faisaient frémir derrière la vitre, et d'un léger mouvement de tête nous apercevions les boucles fumantes du thé ou du café. La pluie nocturne et chaleureuse, tombant droit, restant au seuil de la demeure pour ne laisser que sa respiration de fond marin (et l'on pense, quand on s'est approché du rectangle de la fenêtre, à ces courants qui soudain saisissent le corps et le réveillent de sa langueur de baignade, si bien que la pluie d'été, en bord de mer, la nuit, est un véritable retournement à même le sol de ce qui fut vécu en plein soleil dans la brassée de l'océan).
J'aime les pluies d'été, comme le souvenir durassien d'un monde irrésolu à notre seul bonheur du moment. Les gouttes serrées comme un treillage de bruit continu plaquent au sol les voix, les musiques, les poussières, les brutales humanités. C'est la matière (boue, macadam, gravier,...) qui fait rebond, le grain de chaque centimètre carré que j'écoute et qui me pousse à me taire.