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Paille foin

Un jour (mais dire quand est impossible, car il est très difficile, paradoxalement, de dater un événément, périodique certes, mais extérieur au quotidien, parce que l'attention n'est pas frappée, n'est pas saisie. De même qu'on met du temps à voir la disparition d'une maison le long d'une route à usage épisodique),

un jour (mais cela ne vient pas de la chose elle-même ; le dérangement vient d'ailleurs. Cela peut être un arrêt inopiné pour une vessie trop pleine, ou un éblouissement qui vous fait tourner la tête et fixer ce que vous ne vouliez pas voir. L'affaire fait son chemin dans votre cécité, et tout devient clair),

les champs moissonnés, de paille, n'ont plus eu leur damier de bottes rectangulaires, mais des balles plus grosses, rondes, qu'il fallait hisser avec des engins dentés parce que les hommes n'avaient pas la force nécessaire. Et tu ne savais pas, tu ne sais toujours pas pourquoi cette ridicule modification technique : un rouleau plutôt qu'un parallélépipède, t'a semblé la fin d'un monde (quoique tu mentes un peu. Ton esprit dérive et une disparition vient se superposer à la première, qui est plus encore la clôture d'une histoire : la disparition des meules de foin, dans lesquelles vous vous jetiez, les uns et les autres, que vous essayiez de gravir comme des morts de faim, pour finir en sueur, souvent vaincus, le corps griffé de toute la rudesse végétale, alors que vos mères vous criaient dessus en évoquant d'invisibles vipères qui auraient eu plaisir à s'y nicher).

Un jour donc...

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