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Se rendre (à l'évidence)

Ils ne sont plus de notre temps, mais ailleurs, comme si les heures s'étaient converties dans l'espace ; ils sont partis, selon l'usage mou, parfois, de la langue. Et nous regrettons la ponctualité pointilleuse de l'une, ou les retards répétés de l'autre. Nous n'amoindrissons pas là leurs défauts, mais ces agaçantes manies qui étaient eux étaient aussi nôtres et c'est tardivement que nous le comprenons.

Ils nous ont laissé tout le temps qu'il faut, désormais, c'est-à-dire plus que nécessaire. Nous n'avons plus à nous rendre dans telle rue, ou dans telle ville, puisque nous n'y connaissons plus personne. Au moins n'avons-nous pas à faire de pèlerinage ou à entretenir la flamme annuelle et singulièrement artificielle de la commémoration. C'est inutile : la mémoire roule sa bosse toute seule. Un jour, elle m'avait vertement tancé de ne pas avoir pris mes précautions et de l'avoir laisser se transir sur la place ; et lui, que je n'avais même pas attendu tant son retard était important, avec son histoire (ultérieurement racontée par téléphone) de bus coincé sous un pont, était peu crédible. 

Eux deux furent les premiers, puis, petit à petit, d'autres, sur lesquels je pourrais médire tout autant, ont fait de même : prendre le large.

J'ai désormais des heures infinies et à travers la fenêtre de mon bureau, je contemple le grand lac qui gèle tout l'hiver. Il abandonnera son masque au printemps, et ce n'est pas une consolation...

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