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beethoven

  • Benedetti Michelangeli et Giulini, du début à la fin

    Dans cet océan de diffusion qui nous découpe tout en tranches, pourquoi ne pas écouter une œuvre entière, longue, puissante, et se dire qu'on laissera ce qui est en chantier pour prendre le temps de s'asseoir, de fermer les yeux, et dépasser les trois minutes réglementaires que l'ordre du monde nous autorise, pour le délassement ? S'offrir, ou mieux : se faire offrir plus de quarante minutes de délices par deux maîtres.

    Giulini est à la baguette. Il est, comme toujours, élégant, économe. L'emphase n'est pas son fait, et surtout pas lorsqu'il s'agit d'être l'architecte discret d'un concerto, d'être celui qui donne la perspective du paysage. Benedetti Michelangeli est au piano, dans la rigueur froide d'un corps soumis à l'instrument. On dirait un spectre. Ils sont si différents, quand on les regarde. Giulini a pour lui le charme et donne le sentiment qu'il séduit la musique sans effort ; Benedetti Michelangeli est habité de la mathématique des œuvres auxquelles on imagine qu'il pense jour et nuit, comme une obsession. Ce n'est pas le mariage convenu de l'eau et du feu mais deux images paradoxales de l'élégance : la grâce naturelle pour l'un, la maîtrise absolue pour le second.

    Ils sont deux Italiens dissemblables qu'un lien encore inconnu d'eux, outre la musique, unit, l'une de ces ironies de l'existence qui n'ont aucun sens, sans doute, mais que l'on n'arrive pas à oublier, quant on les écoute au mouvement lent de ce 3eme concerto de Beethoven : le chef d'orchestre meurt en 2005 dans la ville où est né le pianiste en 1920. Brescia...