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identité.

  • 4-Sonatina

    La série "À la lumière de..." reprend les photos que Georges a. Bertrand m'avait proposées pour la série "À l'aveugle". Il m'a depuis donné les indications concernant leur localisation et les conditions dans lesquelles elles ont été prises.

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    Hitchcock disait : "Si je vous dis que ma femme est blonde et si demain vous me croisez dans la rue marchant à côté d'une femme blonde, vous penserez que c'est ma femme".

    Il était là, dans le wagon, semblait-il, un asiatique aux lunettes noires, avec un air si absorbé qu'en le contemplant à nouveau j'ai pensé à une situation très cinématographique, avec le bruit, en prise directe, du train avançant, à petite allure. C'était du Won-kar Wai, peut-être, plus vraisemblablement du Kitano. Avec son profil fermé, il avait une gueule de porte-flingues, ou de flic impassible (le genre à ne pas négocier les renseignements qu'il veut obtenir).

    Mais Hitchcock a raison : à défaut de savoir vraiment, nous ramenons l'inconnu à du connu et le connu a bien souvent partie liée à la probabilité que nous introduisons dans ce que nous croyons être la compréhension d'une situation donnée. Nous nous projetons plus encore que nous ne projetons une éventualité que nous cherchions à rationaliser. Et l'asiatique inconnu se gonflerait d'un mystère où il était fort à parier que j'y aurais, sans trop d'efforts, mélangé l'exotisme du Mékong, l'humidité de la mousson et un parfum de yakusa. Ainsi développerais-je une ambiance...

    Au temps pour moi : nous sommes en Italie, non loin de Turin. Puis-je néanmoins imaginer qu'il s'agisse d'une autre identité que celle d'un Japonais visitant l'Europe à la vitesse de l'éclair ? Puis-je oublier mes statistiques ? Puis-je avoir la clairvoyance de m'adresser à lui en italien (et non pas en anglais d'aéroport) et que l'ayant sorti de sa méditation, alors que la crémaillère du funiculaire cliquète doucement,il soulève avec grâce ses lunettes, me sourit. Je vois ses yeux. Non lo so. Francese ?

    Photo : Dans un funiculaire dans les environs de Turin

     
    Texte "À l'aveugle" : Comme au cinéma