Anouar Brahem est un grand musicien, capable de traverser des univers multiples, jusqu'à croiser Garbarek ou Surman. Dans Le Voyage de Sahar, il donne la part belle à un échange avec l'accordéon de Jean-Louis Matinier. Tout y est délié et incertain et les compositions rappellent, dans une lenteur qui n'est ni morose ni fébrile, Uzak, tourné par Nuri Bilge Ceylan. Un Bosphore de neige et de mots retenus...
À moins que dans la dérive du chant Matinier, l'esprit glisse vers une essence sud-américaine, où sous l'orage de Buenos-Aires, tout d'alpaga vêtu, est prévu quelque rendez-vous dans un café dont une rencontre fortuite a parlé comme d'un lieu borgésien...
Photo : Enrique Marcarian
À moins que ce ne soit, le corps au parquet, le regard dans le sens des poutres (dehors les nuages font du lait), un moment de repli...
À moins que ce ne soit tout ce que permettent les dérives de l'imagination, anywhere in the world...
Le morceau s'intitule Sur le fleuve.