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L'effaçable...

IMG DÉCEMBRE 2014 -I SPRAY FOR YOU.jpg

 

Il y a quelques jours je suis passé à l'endroit où j'avais pris cette photo et le graffiti (ou la peinture murale ? Je ne sais quel terme choisir...) avait été effacé. Je n'en éprouve aucun regret personnel. Je n'aime pas du tout cette invasion de l'espace, selon des protocoles pseudo libertaires qui cachent mal le conformisme petit bourgeois de la révolte à la va-vite. Mais le jeu de mots m'avait amusé, et pour une fois, ce n'était pas si vilain.

L'inscription et le dessin ont disparu. Aussi vite qu'ils s'étaient installés dans le paysage urbain. N'est-ce pas là une des caractéristiques de l'époque ? Pas même l'éphémère. L'effaçable. Et prendre des photos n'est plus seulement cette archéologie originelle de la preuve ou du souvenir, mais le saisissement contemporain de la vanité des choses et de leur obsolescence. Faire et capturer, dans le même mouvement, parce qu'il n'est pas question que cela dure.

Ainsi puis-je écrire : ça a été, comme Barthes. Sans originalité. Oui, ça a été. Si vite, si furtivement, si futilement que ce cliché ne peut en aucune façon avoir valeur de témoignage. Parce que le témoignage requiert un minimum de sacré. Prendre une maison promise à la démolition, une aire boisée vouée à un projet immobilier, le pilier dégradé d'une église sans ouailles. Mais, là...

Et c'est étrange de trouver, soudain, cette photographie de moindre intérêt par le paradoxal constat qu'elle a sauvegardé quelque chose. Quelque chose, autant dire bien peu... Pourquoi l'avoir prise alors ? C'est tout le problème qui surgit et devant lequel je reste coi...

 

Photo : Philippe Nauher

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