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  • Métonymie

    La partie pour le tout, le fétichisme de la basse lumière et du chuchotement. La parole, sans quoi rien ne serait, sinon une mécanique du vivant, à laquelle nous essayons d'échapper.

    La métonymie plutôt que la métaphore. Le fixe et l'éternel plutôt que la viralité de l'imaginaire.

     

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    Photo : Philippe Nauher

  • Métaphore

    Si l'on veut résumer l'esprit des échecs, il s'agit d'avoir au moins un coup d'avance, ce qui n'est pas sans ironie. Avec un esprit un peu malicieux, le gain à venir, la mise en échec, ou sinon la mise aux échecs, c'est la conjecture sur ce qui se défait. 

    Il est fréquent de regarder la politique, et ceux qui en font leur mangeoire démocratique, sous la figure des pions et des pièces maîtresses que l'on déplace, d'attendre lequel des prétendus stratèges saura le mieux tirer profit de la situation. Sans doute est-ce cette juste comparaison qui, plutôt que de grandir le pouvoir et ses représentants, l'abaisse immanquablement.

    Bobby Fischer disait qu'on avait fait le tour de la question, celle du damier s'entend, et pour regénérer l'histoire, il eût fallu inverser la place du roi et de la reine. Que tout change pour que rien ne change...

  • Veille

    Se mettre au silence, comme on dit : se mettre au yoga, ou à la peinture sur soie... C'est ainsi qu'on en arrive à cette im-posture du retrait. Dans les hautes sphères, ils diront : faire une cure médiatique.

    Se mettre au silence, se mettre au régime : à quelque chose qui serait comme un affadissement de soi, une dimension, alors que, au contraire, il s'agit plutôt de retrouver de la matière, d'être consistant par le fait même de n'être plus là, plus autant là.

    Il n'est pas question de fuir, d'être en retrait (expression à la mode, pour signifier qu'on revient de suite. Un peu comme la concierge qui est dans l'escalier.), mais de respirer.

    -Tu ne dis rien ?

    -Pourquoi faudrait-il que je parle ? 

    Considérons que le silence n'est pas un état mais une recherche, une condition sine qua non pour agir et être, comme Nietzsche évoquait l'oubli.

  • ...

    "L'homme qui n'espère rien est un terrible optimiste" (Paul Claudel)

  • Tout occuper

    La ville de Qaasuitsup est la municipalité la plus étendue au monde. Sa superficie est de 660 000 km², soit celle de la France augmentée d'à peu près 20 %. Sa population est de 17 000 habitants. Nous sommes au Groenland.

    Ces chiffres, le délire de proportionnalité qu'ils induisent entre l'entité administrative, la réalité topographique et la présence humaine (car on comprend de suite que le village proprement dit englobe la quasi totalité des habitants), tout cela n'est pas fortuit. Nous avons abandonné depuis longtemps cette idée que le monde pouvait exister sans nous, que l'inconnu est une vérité du globe avec laquelle nous devrions composer. Tout cela est fini. L'imposition administrative d'une lecture de l'espace terrestre en son entier a été validée. La taille de Qaasuitsup n'a pas d'autre signification que cela : la terre appartient à l'homme. Il en calibre la réalité et assujettit la matière, la surface, son contenu à ses intérêts exploités, repérés, espérés. Le désert ou l'étendue glacée sont autant de droits à venir, de titres à imposer, de dividendes à verser (ou à toucher). Il ne faut donc pas qu'un seul mètre ne soit pas intégré à une valorisation politico-économique (avec cette nuance près que le politique se réduit de plus en plus à des considérations économiques. Il faut relire Schumpeter...).

    On imagine aisément que l'édile à la tête de cette localité (mais ce mot ne convient guère tant nous ne sommes justement plus dans du local) ne connaît pas la totalité de ce qu'il est censé représenter. Il ne peut évidemment se le représenter. Il n'en a qu'une vague idée. L'essentiel est que ce soit là, sur la carte. La carte par quoi il peut se rendre compte de ce qui est, c'est-à-dire de ce qui lui appartient, ou, pour être plus exact, de ce qui n'appartient pas aux autres. C'est une affaire de droit. Rien ne doit être laissé au hasard et si gouverner, c'est prévoir, alors la mainmise sur une étendue quelconque, de sable, de forêts, de glace vaut d'abord en ce qu'elle suppose une interdiction faite à autrui. En plein milieu de ce néant gelé et hostile, vous êtes donc doublement un intrus.

    Qaasuitsup est infini (au regard de ce que devrait parcourir un homme pour en faire le tour) mais elle révèle la petitesse de ce qui nous constitue quand le seul impératif est métrique. Il ne suffit pas de penser que le temps, c'est de l'argent. L'espace de l'est pas moins...