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écologie

  • Le risque de disparaître (qui sait ?)

     

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    Linda Sanchez - À la pêche - 2007 (détail) - Fils de pêche, toiles d’araignées, talc

    Il y a la couleur du monde, grisé rude, l'heure chicken-wings, l'affiche chloroformée d'un -50%, oui -50%, quelque part, dans le centre, ou en zone commerciale. J'erre, je jette, j'adhère, j'achète, j'achève, paronymie moderne. Il y a la traçabilité, dernière odyssée, de la viande morte, plus de cicatrice, Ulysse, de reconnaissance, ou tache de naissance, mais le fil avarié de la transparence. Il y a l'aquarium des devantures et des vitrines et les poissons à cartes qui déambulent, intérieurement, le bruit de la clim. Il y a l'interphone et la bouche à placer juste en face de la bête rétive, puis une deuxième porte, à code. Je compose, j'enregistre, j'annule, je confirme. Il y a l'écarrissage des espérances, les volontés rangées dans la boîte à gants du monospace, sous alarme, et le manège-maestria du passé sur la grand'place. Remasteriser, relooker, réorganiser, réunifier. Il y a les caniveaux FM, la bande passante de la rue, et la minute de silence, Pilate, panoramique de l'Histoire et du fait divers, le bruit sans la fureur, la voix synthétisée des aéroports. J'entends, j'enregistre, j'intègre, j'obéis. Il y a la restauration javellisée du patrimoine, la sauvegarde du marais, micro-climat, micro-sytème, éco-système, l'amibe et le cachalot, la paix verte en contre-argumentaire facile, L'UNESCO et ses rêves assassins de feintes de l'histoire. Préserver, sauvegarder, formoliser, taxidermiser. Il y a la peur intransigeante de la laideur, Dorian, l'élasticité de la peau comme bible existentielle, my body my biography, la salle de bain et les femmes porte-manteaux, l'androgynie cadavérique. Cosmétiques, cataplasmes, prothèses, chirurgie. Le hype, la vibes, le back office, le streaming, les stock options, le sampling, le revolving, les dunks, le soccer 2011, etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc etc

    Il y a tout cela, et ton râle, de sujet ultra-contemporain, de l'épaisseur d'un écran plat.

  • Koyaanisqatsi, Nicolas Hulot et Yann-Artus Bertrand

    L'étonnement sur les désordres exponentiels nés de nos choix de développement étonne lui-même car sans remonter à la nuit des temps et ressortir un discours sur la perpétuelle décadence de l'odyssée humaine et jouer les Cassandre platoniciennes il suffit de considérer les textes de certains (de Jacques Ellul à Paul Virilio par exemple) pour se dire que l'aventure, pour peu qu'on y mette la lucidité nécessaire, avait des perspectives bien sombres. Au niveau politique, dans les années 70, les alertes du Club de Rome ou de René Dumont ont été balayées d'un revers de main.

    Désormais, l'écologie est tendance, et en voie de récupération (du moins beaucoup s'attèlent-ils à la récupérer). Dans cet ordre d'idée, Nicolas Hulot et Yann-Arthus Bertrand sont deux figures emblématiques. Ils ont en commun d'avoir choisi pendant longtemps (et le second persiste) une modalité chic de la mise en garde. Quand, sur TF1, avec Ushuaïa, le premier nous abreuvait des beautés du monde, des émerveillements que lui permettait le sponsoring de Rhône-Poulenc, le photographe faisait lui aussi son chemin papier glacé, avec la même thématique, si bien que désormais on les attend comme les oracles du millénaire à venir. N'est-ce pas magnifique ?

    Pendant que ce beau monde s'extasiait encore tout en profitant des avantage même de ce développement douteux (car il faut le dire : la spectacularisation du monde est un des éléments de cette évolution catastrophique tant la communication est aujourd'hui un secteur porteur), d'autres s'interrogeaient et même s'ils ne donnaient pas de réponse ils étaient à l'écoute.

    Koyaanisqatsi est un documentaire de 1983, un projet mené par Godfrey Reggio, avec le soutien de Francis Ford Coppola et Georges Lucas. C'est un film de près d'une heure et demie, une suite d'images qui mettent en regard la nature et le développement humain dans son aspiration à un toujours plus technologisé et son absence de cohérence. Des images, pas un mot, et l'ensemble finit par assourdir et user le spectateur. Koyaanisqatsi est un mot de la langue hopi que l'on peut traduire (sans doute imparfaitement) par monde fou. Le sous-titre du film est d'ailleurs explicite : a world out of balance. Un monde en déséquilibre. Le caractère effrayant de la thématique est renforcé par la musique de Philip Glass. Nous ne sommes pas dans l'aventure, dans la mise en scène de soi, comme le pratiquent Hulot et Bertrand, mais, le réalisateur étant en quelque sorte absent, ne restent que l'œil-relais de la caméra, et nous placés face à nos propres incohérences. C'est évident moins beau, moins sujet à des livres qu'on offre pour Noël. Reggio n'avait pas, lui, ces intentions. Le film est d'ailleurs resté fort confidentiel. Il a bientôt trente ans. En voici un extrait, Pruitt-Igoe.(1)

    (1)Pruitt-Igoe était un quartier de Saint-Louis (MIssouri) construit dans les années 50, habitat social conçu par Minoru Yamasaki, l'architecte du World Trade Center. Il fut détruit en 1972 alors même qu'on l'avait présenté comme un modèle de renouveau dans le logement...Ce qu'on appellera le contraire du politique, si celui-ci est aussi envisagé comme la capacité à regarder devant soi, à prévoir