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apocalypse

  • Bidon

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    Des barils. Important, les barils. D'eux s'élève tout un univers d'énergie,  de force et de mouvement. Sans eux, rien n'est possible, et surtout pas l'illusion du politique. Des barils à perte de vue, jusqu'à la dernière goutte de l'or noir et que nous finissions sur le côté, dans le fossé ou dans la tombe, après nous être battus, entretués, massacrés pour eux. Des barils qui font les terrasses chauffées l'hiver, les pare-choc chromés et les belles fortunes, à Miami, Ryad ou ailleurs. 

    Les barils, pour le brasero des pauvres ou les pots de fleurs de fortune. On peut faire tout un monde à partir de là, sans qu'on sache vraiment où on arrivera, si toutefois il y a un port, quelque part, un havre.

    Des barils, raffinage et stockage à Rotterdam, complexe futuriste et raffinement à Doha ou Dubaï, et entre les deux, des étendues de misère.

    158,9873 litres... La précision symptomatique de la virgule, à l'infini de sa multiplication, en cuve, en tankers, en tuyauteries courant dans le sable ou la steppe. Des barils sous la terre, sur mer, sous la mer,

    et nous, à guetter le pic de Hubbert, comme une raréfaction de notre être...

     


     

    Photo : Lowell Georgia/National Geographic/Getty Images

  • Pharmacopée de la terreur

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    Et quand ils n'eurent plus rien à mâcher que les vieilles lanternes vénitiennes dont ils s'étaient gaussé toute leur existence, plus rien à voir que la lune maquerelle sur les rumeurs du fleuve, plus rien à croire qu'à  la répétition de leurs envies, ils surent qu'ils étaient advenus à n'être plus que papiers lentement de mots glacés et cela leur fit moins peur que dépit. Où aller ? Mais ce n'était pas une affaire de distance, ni même d'endroit (alors qu'ils avaient déjà retourné la terre entière : ils en avaient fait des champs de ruines, des rizières asséchées peu à peu, des catacombes à ciel ouvert, ciel ouvert comme une plaie, des porte-containers grinçant à tous les vents, des forêts domestiques, des bivouacs de squelettes polis au sable). Pas une affaire de temps non plus car il n'était plus compté. À quoi se réduire, sinon à sa disparition ? Être son pharmakos, insensé, dérisoire. Mais il n'y avait plus d'extérieur, plus d'intérieur, rien que l'espace indifférencié de l'accompli, déjà révolu. Il faudrait  maintenant qu'ils fassent avec eux-mêmes et le lait caillé de leurs yeux, quand ils s'épiaient, le maxillaire imbu de leur défaite, la main sous le manteau, le talon griffant le sol : tout cela laissait présager un entre-tué somptueux, comme un jour lointain du Colisée.


                                                    Photo : Scott Goldsmith