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humour

  • Droit d'humour

    Imaginons quelques secondes que dans la presse sorte la petite anecdote suivante : Marion Le Pen surnomme en privé Manuel Valls Pépé. Elle emprunte ce sobriquet au célèbre Astérix. Il s'agit du fils de Soupalognon y Crouton. Imaginons donc que Libération ou Marianne, voire Le Canard Enchaîné, dénichent cette brève. Nul doute que certains s'offusqueraient que derrière cette plaisanterie se cache un relent xénophobe et qu'il s'agit de rappeler que Manuel Valls ne fut pas toujours français. Jusqu'en 1982, il fut espagnol. On y verrait une manière de déclasser un homme à qui on reprocherait d'être un demi-citoyen. On ferait un parallèle avec les commentaires grotesques d'un Barrès fustigeant l'ascendance italienne de Zola, et l'on aurait raison.

    Nous avons évité l'incident pourtant. Non que la comparaison de Valls à l'énervé personnage ibérique n'existe pas, nous l'avons appris cette semaine, mais elle est le fait de la si gracieuse Cécile Duflot. Personne n'y trouve à redire. C'est de l'humour de gauche, vraisemblablement. Un peu crapoteux quand même, non ?

    Il faut croire que non. En matière de mauvais goût, nous ne sommes pas égaux. Je veux dire : en matière de droit au mauvais goût, nous ne sommes pas égaux. La gauche est infiniment plus respectable. Elle fixe les codes et les droits, les académies et les sanctions. C'est pourquoi Cécile Duflot, trônant dans le camp des contempteurs et des satisfaits (1) peut passer pour ce qu'elle n'est pas : une femme subtile et moralement irréprochable, quand on aurait envie de penser à une mouette rieuse (2).


    (1)Avec pour modèle son compagnon Xavier Cantat, dont on aimerait qu'il eût pour les femmes battues et la violence domestique de son frère chanteur la même verve twitteuse que lorsqu'il s'enorgueillit de sa chaise vide au défilé du 14 juillet... Il aurait pu, par exemple, appeler au boycott du disque qui va sortir...

    (2)Quoique la comparaison soit encore flatteuse, si l'on veut se rappeler l'univers loufoque et poétique de Gaston Lagaffe...

  • Un détour chez Hoffnung

    Je ne saurais en trouver la raison mais force est de constater que l'on ne rit pas en musique et que dans le domaine classique on ne trouvera guère de compositions susceptibles de provoquer une certaine hilarité. Reconnaissons toutefois que la détente des zygomatiques n'est pas en soi une obligation. À croire que le classique ait conservé de sa filiation religieuse une sévérité ou contemplative ou tragique. Il y a certes le Pumps and circumstances d'Elgar ou La Marche pour la cérémonie des Turcs de Lully pour me réjouir. Cela fait peu (je laisse de côté le Casse-Noisette de Tchaïkovsky dont les passages les plus ridicules me font franchement rire : le Russe n'avait sans doute pas l'objectif qu'il en soit ainsi). Reste alors la dimension parodique ou le pastiche, à la manière d'un Michael Nyman. Ou bien l'esprit qu'insuffla, dans les années 50, Gerard Hoffnung, lorsqu'il organisa son Festival au Royal Festival Hall de Londres. On y joua des œuvres délirantes : Grande, Grande ouverture, op. 57, de Malcolm Arnold pour 3 aspirateurs, 1 machine à cirer, 4 fusils et orchestre (dédiée au président américain Hoover), un Concerto pour tuyau d'arrosage et cordes. Musicien lui-même, Hoffnung ne considérait pas qu'il participât à une entreprise de désacralisation. Il s'agissait avant tout de jouer (avec) les œuvres. Cette attitude n'avait rien à voir avec une quelconque envie de piétiner Beethoven ou Mozart, car l'esprit en apparence potache et le goût de la dérision supposaient une connaissance indéniable des œuvres. Rien à voir avec le mépris anti-intellectuel qui règne aujourd'hui.

    C'est donc sur une note légèrement farcesque qu'Off-shore reprend ses quartiers.