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  • Femme en bleu (IX) : Goya

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    Goya, La Sainte Famille, 1774, Musée du Prado, Madrid

    Puisqu'il est mort vendredi et resuscité hier, on pense aussi que, malgré son destin, il fut enfant, et qu'il eut une mère.

    Peut-on l'imaginer nourrisson conscient de ce qui l'attend ? Est-ce pensable ? Alors que sa mère, elle, sait qu'il n'en est pas de lui comme des autres.

    Mais pour l'heure, il n'est qu'un infans, être sans la parole, sans le Verbe, fragile et émouvant, comme n'importe qui. Il est dans les bras de sa mère, sur son ventre. Le corps fait accueil et, elle, la mère, Goya l'a vêtue, comme il sied, de bleu.

    Un bleu si dense, pour un vêtement si ample qu'il semble le premier berceau messianique. Plus qu'un drapé riche ou modeste, Goya a concentré la scène attendrissante autour d'une couleur. Un bleu-cocon. Une couleur vivante, qui fait la rupture avec les ténèbres. Une couleur qui ouvre sur le soleil intérieur, un jaune auroral. Pour un instant de paix.

  • Corpus Christi

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    Chuck Palahniuk est un écrivain à l'imagination fertile, débordante et certains doivent le penser ainsi : névrotique. Il a en tout cas une manière radicale d'approcher les terreurs contemporaines. Mais il faut l'écrire, n'en déplaise à la belle Europe :  il y a quelques auteurs américains qui ont  ainsi l'œil incisif :  Thomas Pynchon, Don DeLillo, Brett Easton Ellis, Wiiliam T Volmann, le regretté Tristan Egolf, et donc Palahniuk. Le héros du Survivant a devant lui une carrière d'icône évangéliste toute tracée. Encore faut-il qu'il ait, selon son agent, un poids de forme qui puisse correspondre à l'emploi, ou à  l'idée qu'on s'en fait. De là une séance sur une machine à escaliers. Tout un poème qui lui inspire quelques réflexions. En guise de lendemain de Noël...

    "Vous vous rendez compte qu'il ne sert à rien de fait quoi que ce soit si personne ne regarde.

    Vous vous demandez : s'il y avait un faible taux de participation à la crucifixion, auraient-ils reprogrammé l'événement ?

    Vous vous rendez compte que l'agent avait raison. Vous n'avez jamais vu un crucifix avec un Jésus qui n'était pas presque nu. Vous n'avez jamais vu un Jésus gras. Ou un Jésus poilu. Tous les crucifix que vous avez vus, le Jésus en question, il aurait pu tout aussi bien se montrer torse nu et faire de la pub pour des jeans de grande marque ou une eau de toilette de renom.

    La vie est exactement comme a dit l'agent. Vous vous rendez compte que si personne ne regarde, autant rester à la maison. À vous tripoter. À regarder la télé.

    C'est aux environs du cent dixième étage que vous vous rendez compte que si vous n'êtes pas sur vidéo ou, mieux encore, en direct satellite avec le monde entier qui regarde, vous n'existez pas.

    C'est vous, cet arbre qui dégringole de la forêt, et dont personne n'a rien à branler.

    Aucune importance que vous fassiez quelque chose ou pas. Si personne ne remarque rien, votre vie, toutes ressources cumulées, équivaudra à un gros zéro. Nada. Que dalle."