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  • La fin d'une escroquerie

    Najat Vallaud Belkacem n'est pas grand chose mais cela ne l'empêche pas d'être un signe. Un symptôme même ; celui d'un bouleversement radical des équilibres de la pensée en France. La réforme qui doit porter son nom (1) est odieuse et dangereuse. Elle consacre l'allégeance de la gauche à une volonté destructrice de la civilisation judéo-chrétienne dont le terreau se trouve dans les grandeurs antiques. il s'agit avant tout de récrire le passé ; c'est un révisionnisme historique funeste activé par une haine de soi, une haine de la nation (2), une indexation de la pensée sur le paradigme mondialiste, et l'exaltation de la culpabilité post-coloniale réinvestie dans l'islamo-gauchisme.

    C'est pour tout cela que Vallaud Belkacem est un symptôme. En moquant les "pseudo intellectuels", elle ne s'est pas seulement ridiculisée. Elle va au delà. Qu'une poupée à la langue de bois caricaturale vienne décréter qui pense et qui ne pense pas, qui a le droit de parler et qui a le devoir de se taire, quand il s'agit, par exemple, d'un esprit aussi brillant que Marc Fumaroli, c'est à se tordre de rire (quoique non : le sujet est trop grave). La vanité n'est pas qu'une dérision ; elle est parfois une arme pour pouvoir masquer sa vacuité. Vallaud Belkacem est, sur ce point, infinie ; elle caquette sans se rendre compte de ce qu'elle dévoile.

    Il aura donc fallu attendre, pour moi, un demi siècle avant d'entendre une ministre de gauche (3) se lancer dans un discours anti-intellectuel, dans les ornières de ce que l'on disait réservé, il y a encore peu, à la bêtise fascisante et au réductionnisme frontiste. La gauche s'était en partie (pour ne pas dire exclusivement) construite sur la revendication intellectuelle face au simplisme et au pragmatisme étroit d'une "pensée" de droite (4) sclérosée, passéiste et conservatrice. Et lorsqu'elle combattait pour ses idées, elle brandissait haut et fort ses prétentions en matière d'analyse et de pensée. En attaquant ses détracteurs sous l'appellation de  "pseudo intellectuels", c'est-à-dire en définissant comme tels des penseurs reconnus et qui, pour beaucoup, ne cherchent pas à se faire une place au soleil du tout venant médiatique, Vallaud Belkacem dévoile le retournement profond qu'a engagé la gauche de gouvernement quand elle a cédé aux sirènes de l'économie ultra-libérale. Elle ne s'est pas simplement convertie au marché ; elle n'a pas seulement renoncé à une analyse critique du monde ; elle s'est engagée à un éloge de la bêtise, à un combat contre la pensée.

    On comprend mieux le désert intellectuel de la réflexion à gauche. Mitterrand était un opportuniste et sa progéniture des thuriféraires encastés dans la haute administration. Hollande, Valls, Vallaud Belkacem n'ont jamais rien pensé ; ce sont des gratte-papier gouvernementaux, des ronds-de-cuir balzaciens (ou flaubertiens...), des sous-fifres incultes. Et ceux qui les soutiennent ne valent pas mieux. La migration progressive d'intellectuels de gauche vers la réaction (pour parler socialiste...) est irréductible à une réification de ces individus, l'âge aidant, dans une nostalgie pesante. Tout est déjà écrit dans la volonté de nivellement intellectuel qui résume les quarante dernières années françaises. En attaquant des intellectuels comme espèce, en dépit du sérieux de ce qu'ils sont, en usant des mêmes moyens rhétoriques qu'un Jean-Marie Le Pen, la ministre met à jour ce populisme de gauche dont on veut taire l'ignominie culturelle.

    La coquille se vide pourtant. Au désastre pédagogiste des ratés à la Meyrieu a succédé l'allégement criminel des savoirs fondamentaux au profit d'un "savoir-être", et autres psychologismes de comptoir (5). Vient désormais le temps où la pensée contradictoire, le droit kantien de dire non, en somme, tourne au délit (6). Le procès fait à des intellectuels a eu beaucoup de succès au XXe siècle, de Staline à Pinochet, en passant par Castro, Mao ou les oligarchies islamiques. Nous n'irons pas jusqu'à écrire que Vallaud Belkacem leur emboîte le pas. Remarquons pourtant que son approximation dans l'attaque emprunte des chemins hasardeux.

    Néanmoins, cette saillie absurde et radicale n'est pas le fruit du hasard. Elle résulte d'une évolution qui mène ce qu'on appelle la gauche de gouvernement à sa disparition comme force contestataire. Pour simplifier (et le mot est faible) : si la droite avait les valeurs du passé et s'accrochait à l'histoire, à la filiation, à l'héritage (7), la gauche œuvrait pour la réforme, le progrès, l'égalité, soit : le futur. Encore fallait-il que le futur ne soit pas un abaissement aux règles pures du marché. Et les intellectuels servaient, quand la gauche faisait semblant de résister, à cette imposture, dans la division des figures symboliques. Maintenant que l'affaire est entendue, qu'il n'y a plus qu'un "marché de droit divin", pour reprendre le titre de Thomas Frank, une Macron-économie en perspective, les masques tombent. La défense du prolétariat est aux oubliettes, la notion de classe une vieille lune, tout l'arsenal d'une pensée contestataire a pris la poussière. Seul compte l'impact médiatique ; seul demeure la raison opérationnelle pour un monde ouvert absolument et donc nécessairement idiot.

    Le consommateur nouvelle formule est l'ennemi de la pensée. Il est dans le compulsif, dans la confusion de ses désirs. Le grec, le latin, l'histoire chrétienne hexagonale sont autant de freins à cette émancipation décervelée. Vallaud Belkacem définit en fait l'avenir d'un pays en conformité avec les nouvelles lois du marché fou. N'être rien d'autre qu'un vaste hypermarché. Dès lors, l'intellectuel est un ennemi qu'il faut circonscrire à un espace factice et artificiel. Tous les coups sont permis, toutes les audaces verbales aussi. L'insulte de Vallaud Belkacem à l'intelligence n'en est que le début d'un processus inévitable.

    Mais il faut aussi considérer la situation sous un autre angle : celui d'une possible reconquête par les mouvements dits réactionnaires d'un espace intellectuel à même de réorienter le politique. Le terrorisme sartrien et post sartrien est miné. Ceux qui, jusqu'alors, se sentaient une certaine culpabilité d'être de droite (mais qu'est-ce qu'être de droite ?), souverainistes, nationalistes, chrétiens, anti-européens (8), n'ont plus de raison de se sentir en état d'infériorité. Si l'aura des figures d'après-guerre dont la réalité était fondée sur une mystification historique autour d'une résistance contre le nazisme confisquée à leur seule gloire, si les délires soixante-huitards ont pu dévoyer la pensée française jusqu'au procès perpétuel de ce que nous étions (9), il n'est pas impossible de redresser la barre. Vallaud Belkacem et les idéologues de Terra Nova n'ont pas d'envergure. En revanche, et le travail est à ce niveau, ils ont choisi dans leur fuite en avant le coup d'État permanent et un radicalisme dans l'action précipitée. Ils veulent aller vite pour que le  point de non-retour soit atteint.

    La bêtise n'est jamais aussi dangereuse que dans ses formes désespérées, parce qu'elle se sent une toute puissance assassine. La ministre de l'Éducation veut soumettre la réalité en dépit de la pensée réactive qui l'agite. D'une certaine manière, elle concentre le politique à sa part opérationnelle, quand cette part opérationnelle, immédiate, amnésique, uniformisante, refuse la durée, concrétion, l'histoire. Vallaud Belkacem est une anti-intellectuelle de gauche, à l'ascendance islamo-gauchiste, ce qui est la pire des figures. À l'escroquerie morale s'adjoint le rêve de la tabula rasa. 

    La gauche a déserté la pensée politique en se convertissant au rêve libéral. Elle use de l'État non plus comme un levier pour réduire les écarts ou adoucir la violence. Elle en fait l'instrument d'une délocalisation du sujet pour qu'il ne soit plus qu'un migrant potentiel et perpétuel du vaste marché. Pour ce faire, tous les moyens sont bons : jouer Debbouze (connu, démago, vain, minoritaire visible) contre Fumaroli (discret, réfléchi, affreusement classique). Si la catastrophe arrive, les idiots qui ferment les yeux ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas...

     

     (1)Prouvant au passage que le désastre politique n'a rien à voir avec la sexuation de celui/celle qui en est l'agent. La politique au féminin n'est pas mieux que la politique au masculin. Certains diraient sans doute que c'est pire. Laissons ce genre d'appréciation de côté. Ce serait du machisme aussi ridicule que le féminisme qui nous a amenés là.

    (2)Laquelle nation ne peut être qu'une entité honnie dans sa constitution exclusive (par nature) quand on est ministre et qu'on a une double nationalité. Imagine-t-on un ministre de la défense ou un chef de la diplomatie franco-américain, ou franco-russe ?

    (3)Je sais ce qu'il y a de grotesque dans une telle formulation mais il faut faire avec les caricatures et la doxa de ses opposants.

    (4)Plutôt tort avec Sartre que raison avec Aron ...

    (5)Et le profit est la clé de tout. Il s'agit bien de créer un système efficace pour le maximiser. L'école de Chicago est une doctrine qui excède de loin le champ économique.

    (6)Une preuve supplémentaire ? Valls qui joue les gros bras devant Emmanuel Todd (qui, par ailleurs, est très approximatif dans son analyse. On l'a connu plus pertinent).

    (7)Tout ce que les gauchos au pouvoir disent honnir et attaquer, avec selon les cas, une certaine hypocrisie. S'ils mettent la filiation sur le marché (avec le mariage gay), ils font semblant de s'en prendre à l'héritage (avec le cache-misère de l'ISF).

    (8)Entendons par anti-européens : ceux qui ne veulent pas du salmigondis libéral dans lequel se reconnaissent la gauche de gouvernement, le centrisme de droite et les verts de salon...

    (9)En ce sens, pas de différence fondamentale entre Deleuze et BHL, sinon dans l'imprégnation médiatique et son traitement. Pour une littérature mineure est le pendant de L'Ideologie française. Mais il n'est pas indifférent que si  Aron fracassa le roi du brushing et du col ouvert, il se tint coi devant l'illuminé de Nanterre. 

     

  • L'insuffisance de gauche

    L'affaire Zemmour est singulière, parce qu'elle place un homme, un homme seul, par le seul fait de son accession médiatique à un statut inouï, mais contraire aux intérêts mondialistes et libéraux, comme le pivot de la pensée politique française. 

    Inouï donc mais inacceptable, puisque depuis quelques semaines la pourriture gauchiste, dont une partie vit aux crochets de la République par le biais des associations, dont une autre partie, dirigeante (à commencer par Désir ou Cambadélis), a un casier judiciaire, a choisi de se faire Zemmour, de le traiter non pas comme un pestiféré mais comme la peste même. Ils ne vont pas jusqu'au bout de leur logique délirante parce qu'il est juif et que cela les empêche de le traiter de néo-nazi ou quasi (1)

    Laissons de côté la question de l'éviction de I-télé et les demandes préalables de certaines officines cancéreuses, qui servent de relais aux socialistes, pour qu'il en fût ainsi. Tenons-nous en seulement à l'incroyable ; et l'incroyable est surtout que Zemmour soit l'alpha et l'oméga de la pensée socialo-libérale, son obsession, son point de Godwin, sa force fédératrice en incarnation absolue du mal. Que l'on puisse comparer Le Suicide français à Mein Kampf en dit plus long sur l'effondrement de la pensée de gauche que sur l'ouvrage de Zemmour lui-même. 

    Et c'est sur ce plan que la situation agit comme un révélateur. Que Zemmour soit un opportuniste (j'en doute : il y a une constance idéologique chez lui, et notamment le fait qu'il ait depuis toujours combattu le projet européen), pourquoi pas ? Mais l'argument n'a aucune valeur. La question n'est pas que le polémiste soit de mauvaise foi ou qu'il pense tout ce qu'il dit, puisque de toute manière sa prise de parole est considérée en tant qu'elle pose sur la place publique un discours jugé abject, nauséabond, raciste, islamophobe, machiste, réactionnaire, régressif, voire délirant.

    Si Zemmour est tout cela (et acceptons-en la réalité) il est fort surprenant que nul n'ait réussi à le contrer, que ses détracteurs aient eu recours à des détours terrifiants de bêtise, à la manière de Léa Salamé, qui lui reproche d'être trop français, trop goy, ou d'Anne-Elisabeth Lemoine qui se demande ce que doit être la vie de madame Zemmour. Si Zemmour est si aberrant, comment se fait-il que la raison pure de l'orthodoxie libérale ne lui ait pas clouée le bec, que les grands prêtres du social-libertaire ne l'aient pas crucifié par une dialectique imparable ! Or, rien de tout cela. Ce que nous avons pu observer depuis des semaines, des mois, et d'aucuns diront des années, c'est l'échec, sur le plan idéologique, à contrer Zemmour. Et pourquoi ?

    Parce que le mensonge et la traîtrise érigés en règle d'or de la gouvernance (2) sont des modes politiques dont peuvent s'accommoder les gens en période de prospérité et dans un cadre sécurisant. Il en va tout autrement quand les gens, le commun, le pecus vivent de plus en plus difficilement une situation où se mêlent appauvrissement économique, désarroi social et dévalorisation culturelle. Dit ainsi, l'affaire sonne misérabiliste, et presque caricaturale. C'est bien de cette manière que le pouvoir social-libéral l'entend d'ailleurs, puisque, selon ses vues, le salut futur tient à la libération des énergies, à la stimulation des envies, et autres macroneries dont on décrypte aisément les sens cachés : libéralisation, dérégulation, privatisation. En somme : américanisation à tout va, pour des collabos de l'ordre mondialisé défini par la Trilatérale. Ce qui signifie aussi : communautarisme, différentialisme indexé sur le potentiel du ciblage consumériste, droit de l'individu extensible ad nauseam, parce que cela nourrit fort bien la judiciarisation de l'existence et qu'il y a alors du fric à faire.

    L'écueil de Zemmour, pour le pouvoir, n'est pas, contrairement à ce qu'il prétend, sa critique de l'islam et de l'immigration incontrôlée (laquelle est nécessairement incontrôlée pour faciliter le dumping social et le démantèlement de tous les systèmes de protection), mais le fait que le polémiste en revient au social quand les laquais socialistes masquent leur conversion à l'ordre ultra-libéral derrière l'alibi du sociétal. Ce n'est pas seulement une variation sémantique mais l'affaire relève d'une transformation des objectifs politiques, et cela au détriment des plus fragiles (sauf à leur distribuer des miettes, de manière locale, pour s'assurer une réserve électorale (4).

    De fait, les pauvres l'ont bien cherché, et le peuple français, enraciné dans une histoire qui croise essentiellement un passé chrétien, plus particulièrement. Mais, dans cette perspective, on comprend aussi que le discours sous-jacent (quoique très repérable) de Zemmour se structure autour d'une lutte sans merci avec l'ordre imposé depuis l'après-guerre par les missionnaires libéraux d'une Europe servile. L'enjeu est de taille et le basculement d'une partie de plus en plus grande de l'opinion vers l'euro-scepticisme n'est pas pour rien dans la chasse au Zemmour. Lequel est ainsi bien plus dangereux que Marine Le Pen, puisqu'il ne cherche pas à gagner des voix, à bâtir un parti, à fédérer la contestation.

    Il est de facto une contestation sans retenue. Le communautarisme musulman, la montée de l'islamisme, le lobby gay chic, le libertarisme gauchiste, la haine de la nation, la marchandisation des corps (avec la PMA et la GPA), la haine délirante du catholicisme, la délinquance folle des banlieues : il peut tout dire. Il n'a rien à cacher. Il n'a rien à gagner (3)

    Or, sur tous ces points, les réfutations sont pauvres. Elles se cantonnent à l'invective moraliste, à la pensée offusquée, au rappel à l'ordre des bons sentiments. Encore n'est-ce plus le cas. Cela ne suffisait pas. L'ennemi a donc chevauché l'attelage de la terreur, s'est dévoilé dans une pratique que Carl Schmitt n'aurait pas désavouée de la violence symbolique et le naturel est revenu au galop. On ne dira jamais assez combien les chantres gauchistes savent pour imposer leur califat libertaire user des armes politiques forgées par des théoriciens que l'on classe habituellement très à droite.

    Le procès en sorcellerie fait à Zemmour n'est pas un hasard. Il n'est pas lié aux circonstances. Il résulte d'une des constantes de la gauche depuis qu'elle s'est arrogé le droit de la morale comme arme destructrice. Les apprentis staliniens, les maoistes, les ultras de la gauche radicale reconvertis au libéralisme pur sucre n'ont pas oublié les moyens de discriminer, de vilipender, d'insulter, de terroriser. Cette engeance n'a pas oublié les leçons d'un temps où Sartre faisait la pluie et le beau temps. 

    Mais ils sont tellement idiots qu'ils n'ont pas vu que les temps ont changé et qu'une partie de ceux qu'ils méprisent, plutôt que laisser passer l'orage, ou d'intégrer un sentiment d'infériorité historique, a décidé d'en découdre. Puisque l'idéologie est aussi vieux que l'inconscient, comme le disait Althusser, ils ont choisi d'aller sur ce terrain. Ce que Zemmour représente, d'une manière encore très indécise et flottante, mais il n'est pas le seul, c'est l'émergence d'une véritable pensée alternative à l'ordre social-libéral. En voulant l'exécuter en place publique, les imbéciles de gauche n'ont pas seulement donné au polémiste une position avantageuse (mais de cela, on s'en fiche. Zemmour, en tant que personne, n'a aucune importance) ; ils ont légitimé le reproche qu'il faisait d'une terreur politico-culturelle dont il dit lui-même d'ailleurs qu'elle œuvre au suicide français.

    L'année 2015 sera désastreuse pour le pouvoir. Non seulement il est nul, mais il est dangereux pour le pays et son identité. Il voudrait qu'on ne le voie pas, qu'on n'en sache rien, quand chaque jour qui passe nous montre le contraire. Pitre kafkaïen, le Président reçoit des Français pour être en phase, comme le faisait il y a quarante ans un grand échalas qui croyait descendre de Louis XV. Zemmour parle de décadence et on lui dit que cette antienne est vieille comme le monde. Sans doute. Mais l'appréciation reprend de la valeur quand la dite décadence est à ce point incarnée au sommet de l'État et dans ses relais politiques, médiatiques et culturels, au point que le torchon de Libération commence déjà son travail putassier pour inciter à voter Juppé au cas où.

     

     

    (1)sauf Attali, qui ose tout, mais on sait depuis Audiard qu'ils osent tout, "c'est même à ça qu'on les reconnaît".

    (2)Il faut absolument lire l'ouvrage de Deneault, Gouvernance : le management totalitaire, Lux, 2013

    (3)Sauf les droits d'auteur de son livre, diront les grincheux. Au moins l'a-t-il écrit, et en trois ans. Il ne risque pas comme Attali de se faire attaquer pour plagiat. 

    (4)Mais la ficelle est devenue trop grosse et la mafia rose en paie aujourd'hui le prix. La montée du FN dans le Nord-Pas-de-Calais s'explique d'abord par cette réaction devant l'accumulation des prébendes et l'incurie de ceux qui se croyaient tout permis.

  • L'abstention optimiste

     

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    "Faire des enfants, rien de mieux ; en avoir, quelle iniquité !" C'est écrit dans ce livre si étrange et magnifique (pour le reste de l'œuvre, rien) que sont Les Mots de Sartre.

    Quand on considère la surpopulation galopante, l'appauvrissement écologique, les désordres politiques et migratoires, la violence à venir et la misère en extension, l'abstention en matière de généalogie n'est qu'un acte de lucidité. Pas la peine d'y ajouter sa dérisoire obole. Sartre écrit par ailleurs que l'enfant est « un monstre que les adultes fabriquent avec leurs regrets. » Décidément lucide, le garçon...

    Quoiqu'il n'ait pas été le premier, on s'en doute, à traiter le sujet. François-René de Chateaubriand écrivait déjà dans ses Mémoires d'outre-tombe : "Après le malheur de naître, je n'en connais pas de plus grand que celui de donner le jour à un homme". Version, disons-le, un peu pathétique de la question quand le cynisme sartrien percute l'esprit du lecteur.

    Donc, ne pas se reproduire (quel mot immonde...). Certes, un tel renoncement revient à envisager la vieillesse dans la solitude, l'abandon, la maison de vieux, l'asile, et tout ce qu'on voudra. 

    Mais il y a le suicide, aussi, comme porte de sortie, avant que tout cela n'advienne.


    Photo : Micha Bar Am