Depuis une vingtaine d'années, on nous vend de la world music (comme en littérature on nous assène des vérités sur une littérature-monde dont on cherche en vain à cerner le concept) : une sorte de panacée un peu bruyante pour maisons de disques faisant monnaie d'un exotisme plutôt creux. Puis, il y a des rencontres, apparemment improbables et pourtant magiques. Celle, par exemple, d'Anouar Brahem et son oud avec les Anglais John Surman (saxophoniste et clarinettiste) et Dave Holland (célèbre contrebassiste). Une rencontre où la voix de chacun se reconnaît, sans empiéter sur celle de l'autre : tout se fait en douceur et à les écouter (tout l'album, Thimar, sorti en 1998, est merveilleux) on se dit qu'il devait en être ainsi.
john surman
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Croisements
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John Surman, atmosphérique
J'ai déjà signalé le label ECM et le travail profond mené par le producteur Manfred Eicher (C'est l'homme du Köln Concert...). Un récent et remarquable texte de Frasby m'a rappelé incidemment combien, parmi tous ceux que j'ai écoutés de cette maison d'édition musicale, m'était cher John Surman. La Cornouaille est indissociable de son album Road to Saint Ives. Il y a dans sa musique une épaisseur lancinante où se rejoignent joie et méditation. Une neige légère parfois, un crachin persistant une autre fois, le soleil bataillant les nuages une autre fois encore. Premier opus de Upon Reflection (1979), Edges of illusion est une promenade bien plus réjouissante que ne le laisse supposer le titre.