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socialistes

  • Réactionnaires de salon

     

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    Une phrase de Barroso, ce Tartuffe nuisible qui fut maoiste en sa jeunesse avant de virer ultra-libéral (ce qui n'est pas incompatible car dans les deux cas, il s'agit d'appauvrir le peuple, de créer une élite oligarchique et d'instaurer un semblant de liberté...) et c'est le feu au poudre. Devant l'envie de protéger l'exception culturelle française, le gouvernement a obtenu que l'audio-visuel n'entre pas dans les discussions du libre-échange. Barroso trouve cela « réactionnaire ».

    Et les couillons qui habituellement vous invectent avec ce même vocabulaire, qui ne vous trouveront jamais assez modernes en n'acceptant pas les règles de Milton Friedman et de von Hayek, qui vous reprochent d'avoir encore des réflexes de classes (ce qui signifie en clair de penser qu'il existe encore un prolétariat exploité et des ouvriers que l'on méprise), ces couillons s'insurgent. Il y a déjà là source à moquerie.

    Alors même qu'ils ne cessent de promouvoir une mondialisation débridée et assassine du passé, alors qu'ils vantent la création (terme languien au possible) au détriment de l'art, alors qu'ils célébrent l'écrivaillon contre l'homme d'une œuvre (il faut les voir s'émerveiller devant cette classe de journalistes-écrivains, à la Giesbert ou la Poivre d'Arvor, qui pissent de la copie romancée), ils voudraient nous faire croire que les niaiseries de Barroso les bouleversent. C'est évidemment touchant. Mais on ne peut guère les croire. Ils sont idiots et à l'image de ce cher Frédéric Lefèvre, nouvellement élu au titre des Français de l'étranger, adorent sans doute les écrivains Zadig et Voltaire.

    Raccourci éhonté me dira-t-on. Caricature infâme. Certainement. Mais il n'y a pas de raison que nous accordions à la classe politique des nuances qu'elles n'accordent pas à la populace, cette populace qu'elle sait invectiver, avec des mots polis, quand elle ne vote pas comme il faut. Je crois seulement que l'exception culturelle française réduite ou résumée aux productions télévisuelles, voilà qui en dit long sur l'espoir que nous pourrions avoir de préserver et de promouvoir notre spécificité. Mais nous n'avons rien à espérer de gens qui, comme ceux au pouvoir, détestent leur pays, sa culture et son histoire.

    Imbéciles encartés aux joies de l'audimat, de la télé poubelle et des pages de pub, adeptes des émissions pseudo-politiques et vaguement people (le rêve de passer chez Drucker en somme...), ces gens dévoilent ce qu'ils pensent en profondeur de la culture. Incultes eux-mêmes pour la plupart, les politiques français ont les réflexes du lambda de base qui identifie la connaissance aux bavardages insipides des hommes de télé et des journalistes complaisants, des séries insipides et de l'américanisation de l'antenne. Je trouvais déjà les Grecs fort stupides de s'émouvoir d'un écran noir ; force est de constater que les Français, tout au moins leurs dirigeants, ne valent pas mieux.

    On aimerait qu'ils se battent sur l'essentiel : la transmission d'une culture millénaire aux racines judéo-chrétienne (1), d'une littérature qui s'est fondé dès le XIIe siècle, d'une musique et d'une peinture qui ont brillé pendant des siècles. On aimerait qu'ils n'aient pas décrété l'anglais comme langue d'enseignement au même titre que le français. On aimerait qu'ils n'aient pas œuvré depuis longtemps à l'appauvrissement des enseignements et des manuels pour en vider, notamment en collège, la littérature et en lycée la chronologie historique. On aimerait qu'ils n'aient jouer les complaisants d'un art contemporain postmoderne qui célèbre Buren, Georges & Gilbert ou Jeff Koons.

    À côté de ce désastre, la saillie de Barroso est de la roupie de sansonnet. Qu'on brade la télévision ! Elle est déjà gangrénée par les lois du marché et les vendeurs de TF1, les fondateurs de Canal +, ceux de la 6, les complices du dévoiement la télé publique (où est le mieux disant culturel ? Où ?) devraient se taire plutôt que de jouer encore une fois l'indignation.


    Pour le reste, l'écrivain et éditeur Maurice Nadeau est mort dimanche, à 102 ans, dans une indifférence médiatique qui vaut toutes les explications. Requiescat in pace.


    Photo : Radio France - Verdier/Sophie Bassouls

     (1)Ce qui n'a bien sûr rien à voir avec une quelconque promotion de la religion chrétienne. 

  • Requiem pour un non-anniversaire

    Que reste-t-il de ce moment, quand, à 20 heures, eut lieu l'épiphanie socialiste dont nous étions si émus ? Qu'en reste-t-il trente ans après ?  Rien ou presque. Sinon un détail amusant, que l'on trouve dans la vidéo qui suit. Cela arrive entre 0: 47 et 0: 50...


     

     

    L'annonce du résultat puis ces deux secondes de blanc à l'antenne, ce silence des thuriféraires du giscardisme désormais sur le départ (1), ce dont je me réjouissais, ce blanc qui était leur, je sens qu'il est désormais le mien.  Ce  blanc contemporain (si j'ose dire), c'est celui qui s'impose quand on entend discourir les rejetons de la Mitterrandie, élevés qu'ils ont été, dans l'arrogance et le mépris des classes laborieuses, en réalistes  et convertis zélés du nouvel ordre mondial. Ce blanc devenu mien est, plus généralement, cette trace mi-mélancolique, mi-cynique par laquelle on sait que l'on a abandonné sa part d'illusion politique. Ce blanc, c'est 2012,  la vraisemblable victoire de DSK (2), et il ne durera pas que deux secondes...

     

    (1)Ce qui était bien naïf, quand on sait ce que sont devenus sous tous les gouvernements depuis trente ans, et Elkabbach, et Mougeotte...

    (2)À moins que, comme savait le clamer Léon Zitrone, dans la dernière ligne droite, Sarkzy ne revienne du diable vauvert ! Mais c'est de peu d'importance...

  • Packaging

    En ce jour de Fête du Travail, laquelle est d'ailleurs moins, historiquement parlant, la célébration du travail que la reconnaissance du droit des travailleurs, ceux-ci compris alors comme cette masse exploitée et sans illusions devant le rouleau compresseur du management et des ressources humaines, en ce jour donc qui associe la douceur printanière à l'odeur du muguet, je pense tout à coup que dans un an ce sera le Guignol's band élyséen et puisque il faut alors penser en termes de publicité, je me creuse les méninges pour, moi aussi, croire que je suis aussi intelligent et rusé que Séguéla (sauf que je n'ai pas de Rolex et qu'il me reste peu de temps avant d'avoir raté ma vie...). Je choisis le plus facile.

    Prenons cet homme, cette photo, un peu glamour, tout en séduction

     

    Dominique Strauss-Kahn

     

     

     

     

    Pensons à l'imitation d'une signature. Ce n'est pas très difficile. DSK peut se décliner en référence à ce qui suit


     

    Calvin-Klein-Logo

     

     

     

     

    Du coup, c'est l'idée d'un certain luxe qui domine et les fragrances qu'on y associe ne sont pas celles, fort convenues et prolétaires du muguet, mais celles plus complexes d'un produit design. Pensons à l'emballage. Quelque chose d'un peu brut comme ce qui suit (oui, une forme qui rappellerait qu'il va être le boss...) ferait l'affaire : sobriété, discrétion, efficacité...

    hugo-boss-hugo-1001 Parfums
     

     

     

     

    Mais si nous voulons pour la campagne confondre une affiche avec une pub, pensons à donner un nom au produit. Usons pour cela de l'idée banale : le mélange du proche et du lointain, avec la connotation du retour sur la terre-patrie, comme un sauveur. Et nous voilà comblés :

    NEW YORK # PARIS

     

     

     

     

     

    Ne reste plus qu'à trouver le slogan,  l'inscription, en bas, vers la gauche, sa force tranquille à lui. Mais sur ce point, il n'y a pas beaucoup à se creuser...

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

          DSK UN VRAI PARFUM DE DROITE

     

  • "Words, words, words"

    Les députés à l'Assemblée nationale, le 8 juin 2010.

    Mercredi 15 septembre, au moment du vote de la loi sur la réforme des régimes de retraites, les députés socialistes demandent pour chacun d'eux un droit de parole de cinq minutes. Ce stratagème (car c'en est un : que diront-ils en un si court laps de temps qui puisse changer la décision ? Il ne s'agit donc pas d'une entreprise de fond, mais d'un exercice formel destiné à prouver à l'opinion publique qu'ils sont combatifs, déterminés. Une vraie opposition, en somme.), ce stratagème est considéré par le président de l'Assemblée comme un moyen d'obstruction démesuré. Il suspend la séance pour que la représentation nationale passe le plus rapidement possible au vote. La gauche pousse des cris d'orfraie, poursuit  au sens propre l'affreux monsieur Accoyer, lance le mot de forfaiture, revient dans l'hémicycle écharpe tricolore sur la poitrine (pour ceux qui ont un mandat municipale). L'heure est grave, la République en danger. C'est alors que monte à la tribune une députée communiste qui, avec le plus beau sens de la nuance, soutient que l'on vient d'assister à un putsch.

    Un putsch ! Sait-elle ce qu'est un putsch ? Sait-elle qu'elle n'est pas au café du Commerce, avec des copains, quand les mots peuvent parfois s'égarer ? Un putsch ! On attend les forces armées dans les rues, l'interdiction des journaux, les premiers emprisonnements.

    Le soir même, Arte diffuse un documentaire sur Juan Carlos d'Espagne, relatant notamment la tentative de coup d'État de Tejero aux Cortes, diffusant la séquence très forte d'un roi en habit militaire, qui se porte garant de la démocratie. Voilà un putsch, un vrai ! Le monarque est sérieux, grave. Il n'est pas là pour se faire bien voir des gogos de sa circonscription.

    L'iniquité d'une réforme (et sur le fond, celle du gouvernement est injuste et inefficace) est une chose ; sa contestation par les voix/voies du cirque en est une autre. Crier au parlement bafoué pour quelques bavardages de moins est une argutie procédurière calamiteuse. Surtout lorsqu'on se rappelle combien la Ve République est une démocratie de partis-godillots où tout est joué d'avance, où le suivisme des formations au pouvoir est le premier signe d'une représentation méprisée. Ne reste plus alors que la mise en scène de soi, une contestation parodique, une scénarisation obscène pour masquer ses propres turpitudes. Car ceux qui braillaient mercredi étaient les mêmes qui s'indignaient des réformes Balladur de 1993, sur lesquelles ils ne sont jamais revenus.

    Alors, un putsch ! Qu'ils continuent ainsi leur double jeu, indignation de façade et acquiescement sur le fond, rodomontades de médiocres tribuns et vacuité de leurs alternatives sociales et économiques... La déliquescence politique actuelle rappelle les splendeurs de la IIIe République, Marx a beau écrire que l'Histoire ne se répète pas, sinon en farce, il n'y a pas de quoi rire !

     

  • Sur une (petite) morale socialiste

    La municipalité messine, nouvellement socialiste, a décidé, et c'est sans doute là sa contribution au débat sur l'identité nationale, de revoir l'appellation de certaines de ses (illustres) voies. Ainsi, sous l'impulsion de quelques zélés et jeunes membres du parti, elle envisage de débaptiser la rue Maurice-Barrès. Fichtre ! On comprend aisément ce qu'une telle envie veut signifier. Il s'agit de se draper de probité et lin blanc. En ces temps qu'on dira délétères, l'initiative engage, à un siècle de distance, ou presque, à combattre le nationalisme et à souligner que les intellectuels messins de gauche ne mangeront pas de ce pain-là. Qu'ils fassent comme bon leur semble ! Nous (osons le personnel de majesté) ne sommes pas messin...

    Il n'en demeure pas moins que cette saillie politique ô combien salvatrice amène à quelques remarques.

    1-C'est attribuer à Maurice Barrès une puissance idéologique et politique qu'il n'a jamais eue, sauf à lire Scènes et doctrines du nationalismele fait divers fait diversion. On nous en donne une preuve supplémentaire. comme un bréviaire pour le siècle cataclysmique qui allait venir. Cela ne manquera pas de faire sourire ceux qui ont lu l'ouvrage. On y trouve des pages nauséabondes, des raccourcis scandaleux, certes, mais de là à faire de sa disparition toponymique une urgence absolue... Il faut dire que nos politiques n'ont pas d'autres chats à fouetter et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Faut-il y voir, alors, un avatar de cette pratique du symbolique qui remplace peu ou prou toute pensée aujourd'hui ? Qu'est-ce que le symbolique à présent ? Ce n'est pas la clarté de la réflexion, la détermination précise d'un point qui fait sens, absolument pas. C'est frapper les esprits, choisir sa cible et détourner l'attention. En l'espèce, le socialiste messin imite tendanciellement les sommets de l'Etat. Et remercions Bourdieu de nous avoir répété que le fait divers fait diversion.

    2-Les édiles lorrains devraient un peu se pencher sur l'histoire intellectuelle de ce pays, lire Michel Winock, par exemple, et s'interroger sur le point suivant : le très détestable Barrès fut de son vivant considéré et respecté. On nous rétorquera que les individus, pris dans le temps de leur propre existence, n'ont pas toujours loisir d'apprécier ce qui se passe autour d'eux, ni de se détacher des affects. Pourquoi pas ? Revenons toutefois à ces Scènes si pleines de fiel, écrites autour de l'Affaire Dreyfus. Je me dispenserai d'en citer la moindre ligne. Qu'on y aille voir par soi-même (il est d'ailleurs un devoir que notre époque devrait raviver avec beaucoup plus d'ardeur, c'est le devoir de lecture ! Celui-ci a deux utilités : il ouvre à l'intelligence ; il permet d'identifier «l'ennemi», de pouvoir en parler avec mesure ou véhémence, c'est selon, mais, au moins, en connaissance de cause.). Les Scènes, donc... Publié en 1902, d'un anti-dreyfusisme virulent, et qui ne laisse guère de doute quant à l'antisémitisme barrésien, ce livre est connu de ce qu'on appellera la sphère littéraire. Cela n'empêchera nullement cette même sphère de garder son estime pour l'écrivain, d'avoir même à son égard des attentions qui donnent à réfléchir. Pour la petite (!) histoire, proposons quelques passages d'une lettre de Proust, écrite en 1911 (de quoi avoir le temps de bien mesurer à qui on s'adresse), en remerciement d'un livre que le sus-nommé Barrès lui envoie.

    «Or il est arrivé qu'étant ce grand écrivain que vous êtes, et d'autre part ayant cet amour de la Lorraine de ses morts, ces deux choses-là se sont tout à coup combinées dans l'esprit du peuple [...] Voilà ce que vous êtes devenu, ce que personne peut-être n'a jamais été [...] un grand écrivain qui est en même temps reconnu et obéi comme le chef le plus haut, par sa patrie, par l'unanimité du peuple. Cela fait cette espèce de gloire extraordinaire, d'une lumière spirituelle sans précédent [...] si heureux que je sois pour mon pays d'une suprématie comme la vôtre».

    Devant autant de complaisance, si l'on s'en tient à des considérations de morale politique, il sera donc urgent de débaptiser une éventuelle rue Marcel-Proust (j'avoue ne pas avoir pris le temps de vérifier s'il y en avait une à Metz mais la question est très secondaire, on le comprendra, puisqu'en l'espèce, il s'agit de facto de s'interroger sur la connaissance ou non que nous avons des auteurs, et je le dis sans détour : l'œuvre de Proust est le refuge suprême lorsque le monde qui m'entoure est insupportable, et il l'est souvent...). D'ailleurs, le problème a sans doute le droit d'être posé : Henry Sonnenfeld, dans The French Review d'octobre 1988, intitulait un article «Marcel Proust : Antisémite ?».

    Cette manière de voir demanderait donc à passer en revue l'histoire morale des écrivains et si l'on procède de cette manière, je crains qu'il ne nous reste plus grand chose à lire, tant chacun trouvera à redire sur tel ou tel, quant à ses positions sur la démocratie, les femmes, l'humanisme, l'amour du prochain, etc.

    3-Faisons le ménage, soit. Il faudrait alors s'occuper d'un homme comme Alexis Carrel, dont l'ouvrage, L'Homme, cet inconnu, publié en 1935, se fend d'un discours eugéniste sans ambages. Il adhéra, par ailleurs, au PPF de Doriot. Sinistre trajet, pour le moins. Les socialistes messins peuvent faire le tour de France des villes qui ont dédié à cet individu une voie de leur cité. Donnons-leur un premier champ de bataille. Rennes, socialiste sans interruption depuis 1977, a un magnifique boulevard Alexis-Carrel, et visiblement, cela ne trouble pas grand monde.

    4-Last but not least : dans un document INA, de 1972, François Mitterrand évoque ses goûts littéraires et gratifie le téléspectateur d'une lecture fort instructive. Il s'agit d'une page de La Colline inspirée, dévoilant ainsi son attachement à la prose barrésienne. Certains y verront en passant un écho à la mythologie solutréenne dont nous gratifia le défunt président de la République (et à laquelle se prêtèrent tous les thurifaires du régime, s'échinant à revêtir leur oripeaux de randonneurs pour pouvoir dire, le soir, qu'ils en étaient, eux). Il est évidemment ironique de voir un socialiste si important aller chercher dans la littérature honnie les sources de son bonheur. Pourquoi pas, au fond ? Ce n'est pas moi qui l'en blâmerais. Mais je doute fort que ceux qui se réclament de son héritage (à moins d'avoir publiquement établi un droit d'inventaire, comme se proposait de le faire le sous-marin trotskyste Jospin) aient eu connaissance de ce moment d'anthologie. Sinon, il leur faudra, dans la même séance municipale, faire une pierre deux coups pour effacer de la cité lorraine le traître et son admirateur.