usual suspects

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

pop - Page 2

  • McCartney, berceuse...

    Deux minutes et demie de douceur, comme une berceuse pour gagner le sommeil en toute quiétude. Paul McCartney n'a pas, dans la pop, d'égal en matière de mélodie. Black Bird, écrit en 1968, en est la preuve.


  • Lloyd Cole, en ballade

    Une chanson n'est qu'une chanson, et parfois tient à peu. Est--ce une ligne mélodique ou un arrangement ? Une certaine sensualité ou un son tranchant ? Dans ses débuts, (disons jusqu'à l'album dont est tiré Man Enough), Lloyd Cole sait jouer de la langueur. Parmi toutes ses compositions, celle-ci est emblématique de sa meilleure et simple inspiration. Des percussions qui pourraient virer latino, l'accordéon de Blair Cowan qui surprend dans la pop et une guitare discrètement funky. Un mélange improbable pour une évocation en demi-teinte. On ne demande pas plus...

     


     

  • King Creosote et Jon Hopkins, dérivant

    Le Diamond Mine fruit de la collaboration entre l'Écossais King Creosote et l'Anglais Jon Hopkins est une petite merveille. Les compositions de l'album recueillent la lenteur sans pathos, traversent le cœur d'un minimaliste que l'on croit facile alors que c'est en dépouillant à ce point la mélodie des enjolivements possibles de la production que l'on devine toute l'intelligence des deux compères. Là où beaucoup tourneraient vers les travers new age, avec des morceaux-paysages, eux fouillent encore et encore et surprennent avec délicatesse.

    Ci-après le court et suave Bats in the Attic


     


  • Randy Newman, ironique

    Randy Newman est un compositeur peu prolixe. Cinq albums depuis 1979. Seul Donald Fagen (c'est pour un prochain billet) a fait mieux en la matière. Il appartient, ce cher Newman, a une époque qui sent encore la musique faussement easy listening, quand les arrangements et le choix des musiciens signifient encore quelque chose de proprement américain (1). Newman, en fait, ce n'est pas de la pop (concept très anglais) mais une construction qui va de pair avec les espaces urbains informels, les motels, les grosses voitures roulant lentement, des films où on parlerait peu (mais évidemment pas dans le genre intello de Tarkovsky ou Sokourov...) parce que le décor, les constructions sont en soi le mobile du déroulement de la pellicule.

    Ironique, dis-je, le petit père Newman, et pas rien qu'un peu. Prenez ce que vous allez écouter. Le titre est  déjà tout un programme : Short people. S'agit-il des nains ? Admettons. Et d'enchaîner avec délectation. Short people have no reason to live. Bordel ! Que fait la ligue de combat des différences et même qu'il faut plus déconner et se moquer parce que sinon on va vous envoyer les juges et les flics (que par ailleurs on déteste, parce qu'on n'aime pas la répression, c'est bien connu). Il se moque des nains ! Salaud ! Par les armes et vite. 

    Le problème de l'ironie, c'est qu'il faut un minimum d'intelligence et que l'intelligence, depuis que les bonnes sœurs gauchistes (masculin et féminin, pour le coup) ont décrété qu'elle (ils) étaient l'incarnation de la bonne parole, cette intelligence a singulièrement régressé (2). Revenons à Randy Newman qui se moque apparemment des nains. Il est méprisable : il mesure 1m83 ! Voilà qui classe son homme ! Que sa chanson puisse être entendue au second degré, cela échappa à certains. Encore étions-nous en 1977, à un époque où le bucher du politiquement correct n'avait pas été érigé. Que ces short people fussent des gens à courte vue, des  crétins à la vision étriquée, ne frappa pas certains esprits. Soyons raisonnables en diable et cartésiens de surcroît pour se rappeler que "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ; car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent : mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien." (Discours de la méthode, 1637).

    Il y a évidemment un certain snobisme à vouloir glisser dans le même billet Randy Newman et René Descartes, une sorte d'exercice, facile, dans le mariage de la carpe et du lapin. Aucun doute là dessus et donc, inutile de s'agacer (je connais certains lecteurs...), c'est fait pour...

    En attendant, bonne écoute.

     


     


    (1)Sur l'album où paraît Short people, Little Criminals, on trouve les noms de Ry Cooder, Don  Henley ou Jim Keltner. Les amateurs apprécieront.

    (1)Car il n'échappera à personne que le moralisme gauchiste prend des allures de catéchèse, la rhétorique et l'allégorie en moins. De toute manière, les niaiseries ne peuvent guère prétendre aux quatre niveaux de lecture dégagés par Aristote : le littéral,  l'allégorique, le tropologique et l'anagogique. Il y a tromperie sur la marchandise mais il ne faut rien en dire. Ils s'en tiennent au littéral, le seul qu'ils veulent exploiter tant ils méprisent les gens qu'ils disent représenter. Ils appellent populisme ce qui n'est pas eux.

  • Quand le pourpre vire au noir

    Il est bon ne pas demeurer dans l'enfance. Plus encore est-il important de ne pas rester un éternel adolescent. Cela n'empêche nullement que certaines annonces ramènent à une part de vous-même disparue (pas oubliée) sans qu'alors vous ayez la moindre peine, le moindre regret. Le temps est révolu, et justement parce qu'il est révolu, vous pouvez regarder le passé débarrassé de ses scories larmoyantes. Certes, vous sentez bien que vous avez vieilli mais, dans l'histoire, ce fait est très secondaire. Vous vous dites qu'il y a autre chose à garder. Ces annonces ne vous attristent  pas mais vous murmurent que vous trimballez avec vous une constellation de souvenirs, de sensations, de détails, qui, s'ils ne font pas votre quotidien, s'ils sont même à mille lieues de vos goûts présents, n'en sont pas moins des bornes de votre chemin.

    Par exemple, d'avoir découvert, à treize ans, que l'on pouvait faire du rock, fallait-il dire du hard, avec un clavier, qui jouait de l'orgue, formant avec le guitariste un duo magnifique. De ce guitariste, Ritchie Blackmore, vous n'en êtes jamais vraiment revenu, et pas seulement pour l'introduction de Smoke on the water. Il y a bien meilleur que lui, vous le savez, dans la pop, mais c'est comme Rory Gallagher, une affaire de style, un indicible étonnement dont vous avez en mémoire le frisson. L'organiste de Deep Purple, lui, s'appelait Jon Lord. Il est mort ce 16 juillet, et l'on pense alors que comme dans Pink Floyd, avec la disparition de Rick Wright, c'est le piano qui s'est tu en premier. Made in Japan reste un des sommets dans les albums live, enregistré en août 72 ; il aura quarante ans dans moins d'un mois et Lazy une démonstration de blues inattendue...  





    Les commentaires sont fermés.

  • Chaque note, détachée et légère, Daniel Lanois

    Daniel Lanois est un remarquable producteur à qui on doit le meilleur album de Peter Gabriel, So, et le seul audible de U2, Joshua Tree. Bel exploit, d'une certaine manière. Il a aussi mené une carrière personnelle, beaucoup plus confidentielle, et infiniment plus attachante.

    Acadie, son premier album, sorti en 1989, contenait quelques perles : Ice, St Ann's Gold ou Silium's Hill, plus sensibles que le plébiscité Jolie Louise.

    En 2005, il enregistre Belladonna : des compositions instrumentales,  plus proches d'un esprit ECM (on pense à Terje Rypdal, par exemple) que du tout venant pop. Il y circule une lenteur éthérée qui ne suggère nullement des images d'espaces ouverts. Ce n'est pas de la musique pour documentaire célébrant la grande nature, même si certains titres pourraient le suggérer (et comme l'illustre hélas la photo pour le second extrait). Il faudrait plutôt penser à des enfilades de rues glacées, dans une obscurité illuminée par un ciel quasiment blanc et l'énergie de la neige qui étouffe les pas. Le premier morceau s'intitule Sketches,


     

    le second The Deadly Nightshade.





     

    Les commentaires sont fermés.

  • XTC, pour Pâques...

    XTC est un groupe de pop assez méconnu. À cela une raison majeure. Dans un monde où il faut absolument être visible, et dans celui de la musique en particulier, ils sont invisibles : ils ne sont pas remontés sur scène depuis trente ans. Andy Partridge, le leader, ne supporte pas la foule. Dès lors, XTC est resté un quatuor de studio, ce qui n'est pas sans conséquences tant leurs compositions (notamment leur collaboration avec Todd Rundgren pour Skylarking) sont étudiées. À les écouter, on pense à Mac Cartney, à ce sens de la mélodie qu'avait le bassiste des Beatles. Un Mac Cartney qui ne serait pas fourvoyé, depuis que Lennon n'est plus là pour le provoquer.

    Pour la légèreté des œufs, des lapins et autres poules de Pâques, Easter Theatre, extrait de l'album Apple Venus (1999)



    Pour le droit à la mécréance, Dear God, du sus-intitulé Skylarking de 1986.




  • Brad Mehldau chez Radiohead

     

    Ce qui rend Brad Mehldau si particulier quand on l'écoute, c'est l'intériorité nimbant son jeu, une sorte de Sehnsucht indescriptible (mot qu'il a d'ailleurs choisi pour l'un de ses morceaux les plus réussis), bien plus précieuses que toute évaluation virtuose. Qu'il y ait chez lui une maîtrise de l'histoire du jazz doublée d'une culture classique est une évidence (mais il n'est pas le seul) et que cela traverse ses albums d'une manière saisissante, tout cela n'est pas le plus important.

    Sa grande carcasse quasi repliée sur le piano est le signe le plus spectaculaire de cette intériorité qui file sur le clavier, parfois rapide, souvent lente, avec des notes détachées, comme si elles avaient été pesées, réfléchies encore et encore, à l'inverse du lieu commun définissant le jazz par le principe de la pure improvisation. Mehldau est un pianiste chez qui l'éclat n'est jamais totalement libéré au grand jour, mais la mélancolie toujours contrôlée, et la beauté qu'il nous délivre du bout de ses doigts n'est jamais aussi forte que dans la lenteur.

    Il a fait des incursions dans l'univers de la pop en reprenant des morceaux de Radiohead : Exit Music (for a film), Paranoid Android, extrait du remarquable O.K. Computer de 1997, Knives Out, extrait du non moins intéressant Amnesiac, sorti en 2001. Sa reprise la plus connue concerne le premier titre. On le trouve dans un enregistrement studio sur le CD Art of the Trio (vol. 3) et en concert sur Art of the Trio (vol. 4) Back at the Vanguard. Cette dernière version, dépassant les huit minutes, est sublime mais on ne peut pas à ma connaissance la trouver sur le web. Il faudra donc se contenter de celle qui suit pour se délecter du bonheur qu'offrent Mehldau et ses deux complices de longue date, Jorge Rossy à la batterie, Larry Grenadier à la contrebasse, à délier une mélodie qui rappelle le Prélude, opus 28 n°4, de Chopin.