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furtwängler

  • Bruckner, monde proche...

    Parce que les ritournelles hollywoodiennes, du temps béni du cinéma, ont familiarisé les spectateurs avec les envolées lyriques et les compositions-paysages, la musique symphonique de l'ère romantique a souffert d'une certaine dévalorisation. Brahms, Mahler, entre autres. Et Bruckner, peut-être plus que tous. Certaines interprétations n'ont pas arrangé l'affaire, en faisant traîner infiniment des adagios pour en faire un sirop indigeste. Nous avions déjà évoqué le cas mahlerien avec l'interprétation géniale de Mengelberg pour l'adagietto de la 5e. 

    Ce qui suit relève de la même logique. Furtwangler dirige le Philarmonique de Berlin. Nous sommes en 1942, autant dire un monde antédiluvien pour un contemporain qui balance ce qui a été produit l'année précédente. 1942 : un son qui n'a pas le lisse du numérique. Mais tout y est : la profondeur des cordes, la charge discrète des cuivres, l'élégance d'une tenue orchestrale. Un maître dirige le 2eme mouvement de la 7e symphonie de Bruckner, une impression à la fois proche et différente de la version mise  en ligne sur ce blog. Un bonheur qui n'en finit pas.



  • En fermant les yeux, Bruckner

    C'est peut-être là qu'est l'injustice faite à Bruckner, de n'être pas Wagner, et d'en être imprégné, de n'être pas encore Mahler, qui épuise, à sa manière le genre symphonique. Il paraît que le maître de Saint-Florian était un curieux mélange : entre le génie et le crétin, si l'on en croit certains témoignages. il serait, dans son genre, une exemple admirable de ce que l'art réserve de surprises qui défient l'entendement.

    Le souci symphonique de Bruckner semble de peindre une sentiment. Ce sont de grandes coulées chromatiques, des surgissements toujours contenus, des apaisements qui n'atteignent jamais le silence. On a envie de fermer les yeux. Non pas comme ces adeptes new age d'une musique passive, relaxante, laxative, décérébrée. Bruckner est sans mièvrerie, sans tendresse ridicule. Il libère une énergie condensée dans un continuum dont il est difficile de sortir, parce qu'on y trouve un bonheur presque sans faille. Un moment d'apesanteur gracieuse. C'est bien ainsi que l'immense Furtwangler le donne à entendre, dans ce début d'adagio, pour la 7ème symphonie.



  • Gravité et intervalle


     

    L'ouverture mozartienne de Don Giovanni  dissuade d'emblée qu'il puisse y avoir en matière de libertinage autre chose qu'un affrontement perdu d'avance avec l'ordre. L'histoire commence en mineur et surprend. On attendait la frivolité ; le compositeur développe une noirceur terrifiante. Mais on croit pourtant que tout peut aller au mieux quand arrive la deuxième partie, en majeur, enjouée, un peu mondaine, pleine de grâce. Erreur fatale s'il en est, que tout l'opéra essaie de contourner, en vain, puisque ce fracas initial reviendra à la fin, quand Don Giovanni cèdera devant la force du Commandeur. C'est beau, terriblement beau, et dirigé par Furtwängler, la musique est d'une rigueur en correspondance avec la finalité éthique du propos.