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  • L'arbre et la forêt (suite)

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    Je raconte à une mienne connaissance qui est dans le droit comme on dit les belles amitiés extrême-droitières du maçon rose Cahuzac. Des amis, vraiment ? me dit-elle. J'évoque la SCI des affaires péruviennes et aussitôt son œil s'illumine. Des amis, aucun doute. Et d'embrayer. La SCI (société civile d'investissement) est une structure où l'individu s'engage intuitu personae. C'est-à-dire ? Un engagement où elle se porte garant des dettes de ceux avec qui il contracte. En clair, une prise de risque conséquente qu'on ne fait qu'avec des liens de confiance. C'est, ajoute-t-elle, la forme privilégié dans des engagements de couples ou de familles. Pas le genre de chose que tu fais avec des rencontres fortuites ou de vagues connaissances. Elle conclut : Cahuzac, les gudards, c'était des potes, des vrais, des purs, des durs...


    Photo : X

     

  • L'arbre et la forêt...

     

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    Au delà du mensonge et de la fraude, l'affaire Cahuzac charrie une autre boue dont la gauche socialiste essaie de ne pas trop se couvrir. Il ne suffisait pas un ministre du Budget de planquer de l'argent en Suisse puis à Singapour. Il fallait encore que l'histoire fasse ressortir ses embarrassantes amitiés.

    Non seulement Cahuzac a fait appel à un proche de Marion Le Pen pour ouvrir le compte qui aujourd'hui le met au ban de la société politique (mais avec une nuance qui fait sourire : tout le vocabulaire et la compréhension, y compris à droite, pour l'homme à terre qu'il est devenu, l'homme blessé, l'homme meurtri, etc, etc. Ou quand, à la vindicte morale de façade on substitue la compassion entre nantis. On aimerait évidemment que les politiques aient autant d'indulgence personnelle pour la petite délinquance, le voyou de quartier, ou le voleur pauvre), non seulement il a fait appel à un avocat fiscaliste qui fricote avec le FN, mais on apprend qu'il a eu depuis longtemps des amitiés certaines avec des gudards avérés qui n'ont jamais renoncé à leur sensibilité politique.

    Pour plus de clarté : le GUD (Groupe Union Défense) est un syndicat étudiants d'extrême-droite dont l'idéologie et les méthodes sont à tout le moins musclés. Le Monde révèle que dans les années 90, Cahuzac fréquente beaucoup Philippe Péninque (le fameux avocat qui l'aide) et Jean-Pierre Eymié, lui-même avocat. Ce ne sont pas des amitiés de jeunesse, des accointances de fin d'adolescence. Ce sont des hommes mûrs qui se retrouvent et qui s'apprécient.

    En clair, Jérôme Cahuzac, adhérent au PS en 1977, aspirant à des responsabilités politiques dans le sérail socialiste, ne s'interdit pas de côtoyer des hommes dont les options idéologiques sont celles-là même qu'est censé combattre sa famille politique. Le journal précise que «la petite bande se retrouve régulièrement depuis la fac, autour d'un golf, à Vaucresson ou à la Baule. Ou encore dans la jolie maison du cap Benat, près du Lavandou, dans le Var, chez les Eymié. Jerôme Cahuzac se met à la boxe et au vélo, comme ses deux amis.» Mieux : elle investit dans une affaire au Pérou via une société, une SCI La Rumine.

    Alors que le PS fait ses choux gras d'un discours huilé et intéressé sur le FN, qu'il nous sort à la moindre occasion le couplet du cordon sanitaire ou celui de l'arc républicain, un homme appelé à une belle carrière commence à frauder et s'enrichit avec des copains d'extrême-droite. Pour faire simple : le riche socialiste a le droit de s'accommoder de l'esprit frontiste, quand l'électeur qui glisse, à tort ou à raison, son bulletin lui aussi frontiste dans l'urne, a le droit d'être traité de facho. Ce qui pourrait sembler un acte isolé, un choix individuel avec lequel il n'est pas possible de tirer le moindre enseignement est au contraire un symptôme de plus de la duplicité des socialistes vis-à-vis du FN et des idées d'extrême-droite. Ils s'en arrangent parce qu'elles les arrangent. Elles leur permettent de fonder leur légitimité morale à peu de frais (on en voit encore les restes aujourd'hui : les pires saloperies dont ils sont responsables ne les empêchent pas d'avertir le bon peuple que celui-ci n'a pas le droit d'aller voir ailleurs et que ce serait péché que de finir dans les filets de Marion and co. Toujours la même antienne : demander encore plus de vertu aux pauvres). Elles leur offrent une virginité sans cesse recommencée.

    Cahuzac n'est pas qu'un cynique économique, qu'un moralisateur indexé à l'optimisme suisse (sur un compte bloqué...) ; il est un mensonge politique, une vacuité nauséabonde du politique.

    Or, si l'on veut bien admettre, pour l'aspect financier, la ridicule ignorance de l'exécutif, la capacité de dissimulation du ministre du Budget, il n'est pas pensable, parce que, sur un tel homme, les RG ont obligatoirement des fiches, il n'est pas pensable que ce même exécutif n'ait pas su, qu'il n'ait pas connu, et donc compris, les amitiés fortes de ce dernier pour des gens d'extrême-droite.

    C'est donc une faute politique que cette nomination, une complaisance ignoble que cette célébration de Cahuzac avant sa chute.

    Les 600 000 euros sont mesquins eu égard à sa richesse et à sa fonction. Il est cupide. Il a menti pour quelques billets (encore que ces billets, bien des malheureux voudraient pouvoir les sentir dans leurs poches, pour manger, se loger, s'habiller).

    Les amitiés non sanctionnées de Cahuzac sont pires encore. Et bien plus révélatrice de l'héritage mitterrandien dont les gouvernants d'aujourd'hui sont les rejetons pourris. De même que le Florentin avait son Bousquet, les socialistes du moment ont leur nationaliste des beaux quartiers. La classe, quoi !

    À partir de là, qu'ajouter ? Rien, et se taire, faute de mieux, devant les prochaines échéances, quand Marion et sa clique viendront rafler la mise. Cela peut faire peur sans doute, mais disons-le sans détour : rien, absolument rien, ne me détournera de l'abstention. J'ai déjà donné en 2002...

  • Boule et Bill, Titi et Gros Minet, Joe Dalton et Rantanplan...

     

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    David Pujadas a bien de la chance. Il y a quelques jours il recevait un Président qui parlait pour ne rien dire (sinon je, je, je... C'est son tic. Un gimmick, un quasi bégaiement) et ce soir un Premier MInistre qui ne savait rien. Tous les deux étaient venus pour nous regarder dans les yeux, nous dire combien ils connaissaient les difficultés des Français, le besoin de résultats et leur souci de bien faire.

    L'un était venu pour montrer sa paralysie, l'autre sa faiblesse. 

    Tous les deux ne savaient rien sur les secrets de Cahuzac. Le ministère dont le dit Cahuzac avait la direction n'était pas capable d'enquêter sur des faits qu'un journal pouvait, lui, explorer.

    Ni l'un ni l'autre ne démissionneront. Ils pourraient. Ils devraient. Soit parce qu'ils sont complices, soit parce qu'ils sont ridicules.

    Ils sont venus à la télévision pour répondre aux questions de David Pujadas. Tel est l'effet d'annonce, parce que dans les faits, c'est niet. À en perdre son latin.

    Et en parlant de latin justement. Revenons-y. Respondere. Certes répondre à, mais d'abord répondre de. Tout est là : la responsabilité est dans le deuxième sens. Ils ne se servent que du premier (ils ne sont pas les seuls. Copé, Woerth, etc.) parce qu'ainsi ils peuvent flagorner, jouer et passer entre les gouttes. Ils ne répondent à rien parce qu'ils ne répondent de rien. En son temps, Georgina Dufoix avait donné le ton : responsable mais pas coupable. Hollande et Ayrault ajoutent une pierre à la dialectique : ni responsables, ni coupables.

    J'ai conclu il y a quelques jours combien la plaisanterie de l'insignifiance sentait la décomposition. Les choses s'accélèrent...


    Photo : Robert Rozier

  • Femme en bleu (IX) : Goya

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    Goya, La Sainte Famille, 1774, Musée du Prado, Madrid

    Puisqu'il est mort vendredi et resuscité hier, on pense aussi que, malgré son destin, il fut enfant, et qu'il eut une mère.

    Peut-on l'imaginer nourrisson conscient de ce qui l'attend ? Est-ce pensable ? Alors que sa mère, elle, sait qu'il n'en est pas de lui comme des autres.

    Mais pour l'heure, il n'est qu'un infans, être sans la parole, sans le Verbe, fragile et émouvant, comme n'importe qui. Il est dans les bras de sa mère, sur son ventre. Le corps fait accueil et, elle, la mère, Goya l'a vêtue, comme il sied, de bleu.

    Un bleu si dense, pour un vêtement si ample qu'il semble le premier berceau messianique. Plus qu'un drapé riche ou modeste, Goya a concentré la scène attendrissante autour d'une couleur. Un bleu-cocon. Une couleur vivante, qui fait la rupture avec les ténèbres. Une couleur qui ouvre sur le soleil intérieur, un jaune auroral. Pour un instant de paix.