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merah

  • Les collabos (II)

    Il paraît que la une du Point révolte Manuel Valls et que Cazeneuve proteste. Qu'y voit-on ? La photo non floutée d'un des frères Kaouchi abattant à bout portant le policier à terre. Qu'a-t-elle d'indigne ? Est-elle plus choquante que le célèbre cliché d'Eddie Williams, au Viet-Nam ?

     

     

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    Le ministre de l'Intérieur trouve cette image (celle du Point) "révoltante".

     

     

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    Il invoque le respect du mort, des familles, etc., toutes ces excuses bidon qui ne les empêchent pas, eux, et lui le premier, de récupérer politiquement l'affaire. En quoi donc ce cliché est-il révoltant ? A-t-il été commandé par Le Point ? Est-ce un montage ? Une plaisanterie de mauvais goût ?

    Non. C'est le réel, le réel cru, sans floutage, sans masque. C'est la brutalité pure d'une exécution sanguinaire. C'est ce qui a été vécu, ce sont les derniers instants d'un homme qu'on abat comme un chien. Si la violence doit être passée au filtre de la bien pensance, qu'on le dise tout de suite ; si la barbarie doit être masquée, il faut le dire, en faire une loi.

    Le Point a raison. L'émotion, puisque émotion il y a, ne doit pas se contenter de mots, de regrets et de larmes. Elle doit avoir prise sur la réalité. En regardant cette photo brute, nous n'augmentons ni la peur, ni l'effroi : nous en prenons l'exacte mesure. Et d'abord l'exacte mesure sur celui qui va mourir (et qui est déjà mort quand nous regardons la photo...). Il ne suffit pas de s'indigner et rejeter l'image, sous prétexte qu'elle est susceptible de manipulation, comme si les mots, eux, ne pouvaient pas être manipulés et sur ce plan, Cazeneuve, Valls et sa clique savent faire.

    Ces deux-là protestent et on les comprend, parce que cette image, quand je la fixe, elle m'en rappelle une autre, impossible à voir, jamais vue, presque impensable, celle de Merah tuant à bout portant une petite juive. Et cette réalité en une de l'hebdomadaire fait écho à cet autre massacre, à cette horreur effroyable commise, sans qu'il y ait le moindre cliché, par un enfant perdu de la République ainsi que le définissait l'actuel premier ministre.

    C'est en vertu de ce passif délétère, de cette compromission, qui verra les islamo-gauchistes reprendre les rennes pour se refaire une virginité morale sur le dos des dix-sept morts que je n'irai pas défiler demain. On ne mange pas avec le diable, même avec une grande cuillère.

  • De la terreur par la rhétorique (II)

    L'art de la terreur en matière de rhétorique peut prendre deux formes en apparence un peu contradictoires mais dont l'usage combiné biaise (ou devrait biaiser) l'appréhension de l'événement par celui qui en prend connaissance. Ce n'est pas à proprement parler de la désinformation mais du formatage, de l'orientation idéologique.

    Prenons l'affaire de la semaine : le tireur parisien (1). L'individu fait irruption chez BFM pour proférer des menaces. Quelques jours plus tard, il entre dans le hall de Libération. Il tire. Un blessé grave. C'est à ce moment que l'histoire s'emballe (et qu'on emballe, comme un produit, l'histoire : tout est affaire de packaging). Les politiques condamnent fermement l'attentat. Devant trois douilles et une flaque de sang, Manuel Valls parle aussitôt de scène de guerre. Libération choisit la grandiloquence pour sa une.

     

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    Il y a en effet grandiloquence, quand on confronte la réalité à sa représentation (théâtralisée). Deux tirs de fusil ne font pas une scène de guerre. Deux tirs de fusil ne sont pas une bombe ou un cocktail molotov. Libération n'est pas Charlie Hebdo. Le superfétatoire Demorand, qui dirige le journal, en rêve pourtant, et avec lui toute son équipe. C'est le sens du "Nous continuerons", qui se veut une sorte de No pasaran démocratique du pauvre. Derrière la formule, il y a le péril fasciste, la peste brune, Marion Le Pen etc, etc, etc. Demorand se voit en Jeanne d'Arc combattant la purulence identitaire (encore que Jeanne d'Arc, non : ça sent le cureton à plein nez et Libération déteste tellement le catholicisme...). La tentation est tellement grande : les premiers éléments sur le tireur sont très bons. Type européen, 30-40 ans. On a compris.

    On a compris que c'est une revanche masquée de l'affaire Merah dont il est question. Souvenons-nous : l'affaire Merah et ses premières heures, quand la gauche ignorante et pourrie invoquait le climat nauséabond entretenu par le FN. L'affaire Merah et cette gauche tentant de récupérer comme d'autres (Bayrou...) le malheur des victimes dont elle aurait espéré faire un plus grand profit. La gauche lâche et charognarde... Elle espérait prendre sa revanche.

    Pas de chance. Le tireur n'est pas de type européen. Il s'appelle Abdelhakim Dekhar. Il vient de l'utra-gauche. Un vrai problème. Une deuxième tentative de récupération qui échoue en un peu plus d'un an. 

    On lira alors le papier de Libération de ce jour. Le lecteur pourra imaginer ce qu'eût été le défouloir si l'incriminé s'était appelé Leroy et qu'il eût possédé une carte dans je ne sais quel groupuscule fascisant. Là, on trouverait une volonté sous-jacente de minimiser, de relativiser, d'expliquer. Celui que le même journal voulait combattre a droit à un papier à moitié compassionnel. Il faut sauver les apparences.

    D'une certaine manière, Demorand et Marion Le Pen ont un point commun : l'arabe est une part de leur fonds de commerce. Un fonds de commerce tout aussi puant, pour des objectifs diamétralement opposés. Comme dans l'affaire Merah, le désir de jeter sur un camp précis la suspicion s'avère contre-productif, parce qu'en l'espèce, elle ne fait que conforter les crispations identitaires. Mais c'est là où nos deux personnages se rejoignent : l'une au nom d'un nationalisme mal dégrossi, l'autre au nom d'un muliticulturalisme teinté de culpabilité.



    (1)Même si la dite affaire fut étrangement mise en veille médiatique le temps que onze footeux offrent à la France (rien de moins) une leçon de courage et de volonté et au normal président les moyens d'un laïus pro domo très risible. Il fallait bien faire tourner la machine. Trop d'intérêts en jeu...