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islamisme

  • Plutôt que l'indignation hystérique...

    Plutôt que d'invoquer les vertus républicaines et autres balivernes laïques, il serait urgent que la France, et à travers elle l'Europe, pense à ce qui l'a fondée, à ce qu'on veut détruire, ce que l'on nous somme de taire. J'entendais dernièrement Jean Rouaud s'extasier sur Bach et conclure, avec une naïveté un peu niaise (1), qu'il avait composé tout cela parce qu'il avait, ce Bach, la foi. Voilà qui serait une découverte. Mais n'en est-il pas de ce qui donne sens à notre décor, à notre espace, à notre art, à cette historicité profonde que la modernité a voulu neutraliser en la muséifiant, en la réduisant à une patrimoine visitable dimanche et jours de fêtes (2). Revenir à la colonne vertébrale de notre histoire européenne serait une ambition plus lourde et plus sérieuse que d'être Bruxelles après avoir été Paris. L'idiote Hidalgo, reine municipale des bobos, a illustré la radicalité de la bêtise qui nous mène vers le chaos et l'asservissement : pour conjurer la violence, elle a voulu que la Tour Eiffel soit illuminée aux couleurs de la Belgique. Pauvre Belgique, dirai-je après Baudelaire. Pauvres morts que le ridicule des regrets et des repentances de circonstances tue une seconde fois en quelques heures.

    Devant tant de désordre, hier, j'ai relu Proust. Du côté de Guermantes, et écouté Bach, les Toccatas 910 à 916. Ce n'était pas très solidaire, comme on dit aujourd'hui. Mais que puis-je faire d'autre puisque ma voix, qui conchie la République, les fausses valeurs laïques, l'islamo-gauchisme au pouvoir, les compromissions des intérêts mondialistes et libéraux, cette voix n'a le droit qu'au mépris et à l'ignorance ?

    Aujourd'hui, j'ai relu Hoffmann, L'Homme au sable et, avec grand bonheur, j'ai retrouvé le Stabat Mater de Pergolesi, dirigé par Claudio Abbado. De magnifiques profondeurs qui sont aussi ce que veulent tuer les islamistes. Oui, Bach et la foi. Pergolesi et la foi. Proust s'inquiétant des églises qui partent en ruines. Oui. Mon pays, mon passé, mon présent et mon hypothétique futur.


     

    (1)Ce regret n'est pas une marque de mépris, mais un vrai étonnement, tant j'ai de considération pour cet écrivain et en particulier pour sa trilogie initiale et familiale

    (2)Quoique pour le dimanche, cela risque d'être difficile pour beaucoup, maintenant que tout doit être ouvert...

  • Florilège hebdomadaire

    Le roi de Macroncéphalie a expliqué aux Français qu'ils étaient en partie responsables des attentats qui ont atteint leur pays. "Le terreau sur lequel les terroristes ont réussi à nourrir la violence, à détourner quelques individus, c'est celui de la défiance". Voilà qui méritait d'être dit. Il est vrai que l'islamisme ne touche que le territoire hexagonal : Jemaah Islamiyah en Indonésie, Boko Haram au Nigéria, Les chebabs somaliens, les Talibans afghans, Al-Qaïda, Abou Sayyaf aux Philippines, et j'en passe, tout cela n'existe sans doute pas pour lui. À moins que les susdits Français ne soient eux-mêmes responsables de toutes les dérives de l'islam, ne serait-ce que parce qu'ils n'ont pas su l'empêcher...

    Le roitelet de Bordeaux veut maintenant "écraser Daech". Il ne dirige rien, sinon sa mairie. Peu importe : il parle, il donne le cap, se place en sage et en responsable, oubliant seulement que tout ce qu'il dit depuis une semaine est à l'opposé de tout ce qu'il disait jusqu'alors. Il oublie seulement que pour sa redécouverte de Bachar Al-Assad, il a dû prendre des cours de géo-politique chez Marine Le Pen. Il ne chute pas de très haut, néanmoins, vu qu'il a toujours volé très bas (quand c'est Chirac qui fait de vous "le meilleur d'entre nous"...)

    François Baroin, le Harry Potter de la politique, qui n'a pas réussi à finir premier ministre et s'est dès lors replié sur la suffisance double : municipale et sénatoriale, comme un Prudhomme weight watcher, dirige l'association des maires de France et décrète que l'urgence est à l'interdiction des crèches municipales, pour cause de laïcité, laquelle laïcité n'est que le cache-misère d'un anti-catholicisme maçonnique. Mais quand on se rappelle qui était son père dans la hiérarchie de la règle et du compas, on ne s'étonne pas. Ce triste sire ouvrait moins sa gueule quand la mairie de Paris fêtait la fin du ramadan. Je ne doute pas qu'il demandera l'intervention policière contre les résistants.

    Le normal président, sérieux comme Forrest Gump, demande aux Français de hisser les couleurs nationales, ce vendredi, en hommage aux victimes. Rien de moins : le fossoyeur de la Nation, le collaborateur d'un coup d'Etat permanent, depuis le contournement du réferendum de 2005, vient donner aux citoyens des leçons d'humanité et de patriotisme. Ce drapeau qu'il a réussi à ridiculiser jusque dans la photo officielle qui trône dans les mairies (là où les crèches sont à proscrire...), il voudrait que les hommes et les femmes de ce pays s'en drapent pour qu'il puisse lui pavoiser sur la misère des victimes. Ce sera sans moi ; j'aime trop mon pays et comme disait de Gaulle : "je me suis toujours fait une certaine idée de la France".

    On aura compris : si la violence et la terreur augmentent, la bêtise n'est pas en reste. Il va falloir que la résistance s'organise, et d'une manière autrement plus musclée dans les têtes. Si la France doit s'en sortir, c'est d'abord par une reprise en main de sa destinée, de son histoire, de son passé, de sa religion, de sa culture. Pour parodier Poutine, cela suppose qu'on poursuive la connerie jusque dans les chiottes. Peu ragoûtant mais nécessaire.

     

  • Pour ne jamais en finir...

    Ce matin, je me suis installé en terrasse avec une amie et son bébé. Nous avons discuté, entre autres, de ce qui était arrivé dans la nuit, et je regardais les clients autour de nous, certains sérieux, d'autres à rire. Je me demandais dans quelle partie de leur mémoire ils avaient placé ces morts qui leur ressemblent terriblement. Mais, peut-être se posaient-ils la même question à mon encontre. Les discussions étaient discrètes. C'était étrange. Je ne sentais pas la même consternation appliquée et facile de l'"après Charlie". Et cette amie de me dire : y a-t-il des manifs en perspective ? Les gens iront-ils encore, maintenant qu'ils savent qu'il ne suffit pas d'être dessinateur ou journaliste pour prendre de sang-froid une balle dans la tête ?

    C'est là que commence le courage, le vrai. Pas celui qui consiste à faire sa b-a, en se voulant citoyen du monde, caricaturiste du dimanche et amnésique politique. Or, il semble bien que l'État qui ne sait pas, ou ne veut pas, nous protéger et poser les questions qui sont au cœur de ces événements terribles, il semble bien que cet État ait voulu couper court à toute réflexion sur le sujet puisque les rassemblements en lieu public sont interdits. Voilà qui a le mérite d'être clair.

    Il ne nous reste pour l'heure qu'à revenir encore une fois sur le fond, sur ces hypocrisies mortifères qu'ici, comme sur d'autres canaux, d'autres blogs, nous avons dénoncées. Ces terroristes sont-ils, pour reprendre la phraséologie de ces dernières années, des "loups solitaires" ? Ou, pour citer ce grand penseur qui se croit premier ministre, des "enfants perdus de la République" ? Et du côté du CFCM, va-t-on, pour se dédouaner et faire ses ablutions en toute tranquillité, nous resservir la soupe classique qui commence par : "ceux qui ont fait cela ne sont pas des musulmans. Cela n'a rien à voir avec l'islam" (1) ? Aura-t-on droit à l'expert es-Lybie BHL (maintenant que Glucksmann n'est plus de ce monde) pour venir nous dire la voie à suivre ?

    Plutôt que de bavasser comme ils savent si bien le faire, plutôt que d'être, pour beaucoup, et notamment à gauche, les complices de l'islamisme rampant (mais qui rampe de moins en moins tant on lui permet de se tenir droit), les politiques devraient savoir que des âmes fortes sont mortes pour avoir, elles, affrontées la réalité. Mais l'affaire n'est pas gagné ; et de repenser à l'attribution du Goncourt à Enard qui nous fait de l'orientalisme conciliant quand Boualem Sansal fixe l'hydre en face. Ce n'était pas la peine, Pivot, d'aller à Tunis annoncer la liste sélectionnée et de nous faire croire à un symbole quand on se couche ainsi pour, je suppose, ne pas déplaire à la gérontocratie algérienne. Bel exemple de décomposition qu'il faut combattre autant que les grenades et les explosifs, car c'est ici et maintenant que nous saurons savoir être vivants.

    Je regardais la terrasse, les tasses de café et les apéritifs ; j'entendais les murmures et je me souvenais de Tahar Djaout, assassiné par les islamistes en 1993 : "avec ces gens-là/Si tu parles, Tu meurs/Si tu te tais, Tu meurs/Alors parle et meurs"...

     

    (1) à peine ai-je publié ce billet que je tombe sur la déclaration d'Anouar Kbibech, président du Conseil Français du Culte Musulman, lequel conclut son propos ainsi : les auteurs des attentats qui ont frappé Paris «ne peuvent se réclamer d'aucune religion ni d'aucune cause». Cela s'appelle la démonstration par l'exemple...

  • Addendum à Collabos (III)

    Dans le billet précédent, j'expliquais qu'au lieu du débile (au sens latin : faible) mot de rassemblement Je suis Charlie, il eût fallu revenir à la source et demander à chacun de venir avec les caricatures pour lesquelles Charb et consorts sont morts, que c'eût été une manière de se compter. Là était le vrai enjeu de notre civilisation.

    Et je découvre (façon de parler, évidemment) ce matin combien je visais juste (je sais, c'est de très mauvais goût...) puisque le ministre des affaires étrangères du Maroc a refusé de participer au grand raout des huiles puisqu'il avait, semble-t-il, repérer quelques caricatures parmi les millions de manifestants. Tout commentaire étendu est inutile : on aura compris que ces mécréants de Charlie Hebdo n'ont eu que ce qu'ils méritaient et le diplomate a, volontairement ou non, défini sans ambiguïté sur quel plan il fallait porter le débat. 

    Je doute fort qu'on interroge Valls et le pitre kafkaïen sur ce "couac", moins encore Vallaud-Belkacem, fervente Marocaine, quoiqu'ayant un maroquin français (décidément, je suis en verve...)  . Tout juste une discordance de point de vue, dira-t-on, selon la logorrhée diplomatique, car il n'est pas question de demander des comptes à un pays aussi formidable que le Maroc.

    En attendant, je plains sincèrement les pauvres manifestants qui viennent de montrer à quel point ils étaient naïfs et suicidaires...

  • Les collabos (II)

    Il paraît que la une du Point révolte Manuel Valls et que Cazeneuve proteste. Qu'y voit-on ? La photo non floutée d'un des frères Kaouchi abattant à bout portant le policier à terre. Qu'a-t-elle d'indigne ? Est-elle plus choquante que le célèbre cliché d'Eddie Williams, au Viet-Nam ?

     

     

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    Le ministre de l'Intérieur trouve cette image (celle du Point) "révoltante".

     

     

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    Il invoque le respect du mort, des familles, etc., toutes ces excuses bidon qui ne les empêchent pas, eux, et lui le premier, de récupérer politiquement l'affaire. En quoi donc ce cliché est-il révoltant ? A-t-il été commandé par Le Point ? Est-ce un montage ? Une plaisanterie de mauvais goût ?

    Non. C'est le réel, le réel cru, sans floutage, sans masque. C'est la brutalité pure d'une exécution sanguinaire. C'est ce qui a été vécu, ce sont les derniers instants d'un homme qu'on abat comme un chien. Si la violence doit être passée au filtre de la bien pensance, qu'on le dise tout de suite ; si la barbarie doit être masquée, il faut le dire, en faire une loi.

    Le Point a raison. L'émotion, puisque émotion il y a, ne doit pas se contenter de mots, de regrets et de larmes. Elle doit avoir prise sur la réalité. En regardant cette photo brute, nous n'augmentons ni la peur, ni l'effroi : nous en prenons l'exacte mesure. Et d'abord l'exacte mesure sur celui qui va mourir (et qui est déjà mort quand nous regardons la photo...). Il ne suffit pas de s'indigner et rejeter l'image, sous prétexte qu'elle est susceptible de manipulation, comme si les mots, eux, ne pouvaient pas être manipulés et sur ce plan, Cazeneuve, Valls et sa clique savent faire.

    Ces deux-là protestent et on les comprend, parce que cette image, quand je la fixe, elle m'en rappelle une autre, impossible à voir, jamais vue, presque impensable, celle de Merah tuant à bout portant une petite juive. Et cette réalité en une de l'hebdomadaire fait écho à cet autre massacre, à cette horreur effroyable commise, sans qu'il y ait le moindre cliché, par un enfant perdu de la République ainsi que le définissait l'actuel premier ministre.

    C'est en vertu de ce passif délétère, de cette compromission, qui verra les islamo-gauchistes reprendre les rennes pour se refaire une virginité morale sur le dos des dix-sept morts que je n'irai pas défiler demain. On ne mange pas avec le diable, même avec une grande cuillère.

  • Les collabos

     

    La misère terrible que représente le massacre de Charlie Hebdo : douleur humaine, désarroi émotionnel, effroi moral et colère politique, tout cela ne doit pas empêcher de regarder certaines réalités en face. Le chagrin n'est pas, ne peut pas être une façon d'être ou de penser.

    La disparition des dessinateurs du journal satirique n'est malheureusement qu'un élément de plus dans le désordre qui s'installe, et surtout : ces morts n'auront pas été sauvés par les politiques qui prétendent leur rendre hommage. Mais, au moins, cela a le mérite de clarifier certaines ambiguïtés.

    Je n'ai pas participé à la minute de silence demandée par le tartuffe élyséen. Non que je n'aie pas eu une pensée pour les disparus, mais je n'obéis pas aux injonctions des collabos, et la gauche française, à commencer par son leader charismatique, est une belle bande de collabos.

    Il est en effet abject de ne pas avoir entendu à une seule reprise, dans son intervention prétendument solennelle, le pitre kafkaïen parler de l'islamisme, de ne pas l'avoir à un seul moment, poser l'équation de la culture occidentale face à l'obscurantisme venu d'Orient. Pire, il venait de recevoir les représentants des cultes, et parmi eux le misérable Dalil Boubakeur, président du CFCM, et recteur de la Mosquée de Paris.

    Ce Dalil Boubakeur qui, avec l'UOIF, avait porté plainte contre Charlie Hebdo, au moment des caricatures, ce guignol qui agite le chiffon de l'islamophobie quand il se refuse à soutenir la libre expression française. Il est l'autorité qui n'a pas dit non aux terroristes. On ne transige pas avec la terreur, sauf si, dans le fond, on ne la condamne pas vraiment.

    C'est donc ce diabolique personnage qui reste en odeur de sainteté dans les milieux de la gauche maçonnique, laquelle n'a au fond qu'un ennemi : les catholiques, qui, paraît-il, menaçaient la République pendant les manifs anti-mariage pour tous.

    Il n'a pas lieu de s'en étonner. Depuis 1989 et la défausse de Jospin (vous savez, le nouveau sage du Conseil Constitutionnel) sur l'affaire du voile, la gauche est complice de l'islamisme rampant, du salafisme des quartiers et du discours toxique réduisant la Nation à une sorte de supermarché des différences. N'oublions jamais que Valls a d'abord défini Merah comme un enfant perdu de la République : la formule est tellement immonde qu'elle dépasse l'entendement.

    Hier, en entendant ces bonnes âmes de gauche faire, encore et encore, l'autruche, comme des collabos malins, j'ai pleuré, parce que j'ai eu l'impression que l'on tuait Cabu et les autres une deuxième fois. Ils continuaient dans leur logorrhée du vivre ensemble qui n'est qu'une forme dissimulée de la renonciation.

    Mais c'était hier, et aujourd'hui, ce fut encore pire. Le grand raoût républicain de dimanche permettra à Dalil Boubakeur et à ses complices de se refaire une virginité. Ils seront tous là, soumis, bêlant, immondes. Tous, sauf le FN, puisque, s'il faut les croire, le danger, c'est la grande blonde. N'est-ce pas magnifique ? Ces trois dernières années, pas un crime dans les rangs d'un parti à qui on demande toujours des comptes, pendant que les instances musulmanes se dédouanent d'un délitement dont ils sont les complices. Peu importe : leur cible, c'est Zemmour, Houellebecq, Le Pen. Le déni de la réalité prend de telles proportions qu'il y a de quoi devenir fou, parce que s'ils pensent vraiment ce qu'ils disent, il serait urgent d'emprisonner les deux premiers et d'interdire le parti de la troisième.

    Au moins, les choses sont claires : nous connaissons l'ennemi. Nous n'avons plus qu'à prendre nos responsabilités politiques...

  • Drapé de lin blanc et de vertu...

    Savoureux que de lire l'éditorial du Monde, en date du 30 juillet, où il est question du désastre libyen. Savoureux que ce constat apocalyptique et les raisonnements qui en découlent. Car, après avoir brossé un rapide panorama du désastre vient le temps de la réflexion (ou de ce qu'on voudrait faire passer comme tel), et sur ce point l'éditorialiste offre deux perles.

    Commençons par la première :

    "Impossible de ne pas poser la question de la pertinence de l’intervention des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne à l’appui de la rébellion de 2011 – intervention que Le Monde a approuvée sans réserve à l’époque. Washington, Paris et Londres ont-ils eu raison de mener cette campagne de bombardements aériens qui a permis aux rebelles de l’emporter sur Kadhafi ?"

    Étrange rhétorique qui veut que l'on pose une question que certains, opposés à cette aventure libyenne et aux élucubrations de BHL et de son copain Sarkozy, avaient déjà posé dans les temps où ces deux-là se prenaient pour Tintin. Ce que le journaliste regarde avec gêne, d'aucuns s'en étaient déjà émus, ne voyant dans les printemps arabes que des nids à islamistes, d'Al Qaïda ou d'ailleurs. Ce n'était pas un simple désir de neutralité ou une forme de désintérêt, mais de la lucidité. Les torsions diplomatiques pour nous faire avaler des couleuvres ne suffisaient pas mais il était alors odieux de dire qu'on préférait Khadafi aux exaltés d'Allah, comme on préférait Ben Ali à Ennhadha et Moubarak aux frères musulmans. Ce n'était peut-être pas dans l'air du temps ni très droits-de-l'hommiste mais constatons qu'au moins, sur ce plan, les réfractaires n'ont pas à prendre l'air faussement sceptique du plumitif mondien...

    Certes, il y avait plus d'entrain à suivre le refus de Chirac à suivre Bush, et à applaudir la verve de Villepin, mais on en comprendra aisément le fond : se rallier au corrézien et au diplomate à la mèche prêtait moins à confusion que de se joindre à la voix de Rony Brauman ou à celles des dirigeants FN. On peut se lamenter : les mois qui ont suivi ont donné raison à ceux-ci, et ce serait grotesque de chercher de fausses explications ou de pratiquer l'art du détournement pour expliquer que leurs positions justes se fondaient sur de mauvaises raisons. Que les pisse-froid reprennent leur livre d'histoire, les festivités de 14-18 battent leur plein, ils pourront toujours méditer. La catastrophe de la Libye était courue d'avance mais Sarkozy et ses suiveurs (en particulier de gauche) se voyaient en sauveur du monde, sans même savoir vraiment ce qu'est le monde et ce que les peuples attendent (et qui les manipulent).

    Seconde perle :

     

    "Questions faciles à soulever a posteriori : la décision politique de l’intervention se prend parfois dans l’urgence, souvent pour des raisons humanitaires. Mais questions auxquelles, au regard du chaos qui emporte la Libye, il est difficile d’échapper aujourd'hui." 

    Il arrive que le réel finisse par toucher le plumitif mondien, que ses bavardages et ses positions de naguère se fracassent devant les morts, les exactions, les délires de ceux qu'il a aidé à armer. Mais il n'oublie jamais qu'il est de gauche (ou de centre droit, ce qui revient au même), et donc fondamentalement bon, sympathique, empathique, juste. Les questions (c'est-à-dire le signe de son échec analytique, de sa faillite intellectuelle et de sa bêtise politique) sont "faciles à soulever a posteriori". Il balaie à la vitesse de l'éclair la lucidité des autres, il met en perspective, selon la formule consacrée. Et comme il est l'architecte de l'univers intellectuel, qu'il se prend pour l'un de ces prétentieux obtus dont La Bruyère ou La Rochefoucauld ont su avec tant de finesse peindre la figure bouffie, il passe sur sa mésaventure (et donc sur sa culpabilité morale) pour nous servir une fois de plus l'excuse magistrale : le monde est bien difficile à comprendre et bien malin qui peut en déchiffrer le sens et en prévoir l'évolution. Une sorte de réflexion de comptoir ou de marché, au choix. Le propos n'est sans doute pas sans fondement, mais, dans ce cas, que le gratte-papier mondien la ferme (et si l'on pouvait rêver que ce soit définitivement... Seulement, nous sommes lucides, alors...), qu'il nous évite et ses manières de penseur creux, et ses illusoires retours sur soi pour se refaire une virginité.

     

  • Pour ceux et celles qui...

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    Pour ceux et celles qui veulent un pape rose...

    Pour ceux et celles qui n'en veulent même plus...

    Pour ceux et celles qui bouffent du curée sans avoir lu au moins un évangile...

    Pour ceux et celles qui trouvent que les seins nus à Notre-Dame-de-Paris, c'est juste une plaisanterie...

    Pour ceux et celles qui voient de l'islamophobie partout...

    Pour ceux et celles qui s'extasient devant le printemps arabe...

    Pour ceux et celles qui trouvent que l'Occident est sexiste, machiste et rétrograde...

    Pour ceux et celles qui veulent qu'on fournisse des armes aux rebelles syriens (comme on en a fourni aux rebelles lybiens)...

    Pour ceux et celles qui ont le colonialisme comme seule explication du monde contemporain

    Pour ceux et celles qui n'ont jamais rien lu de Tariq Ramadan et ne veulent pas s'en inquiéter...

    Pour ceux et celles qui devraient lire Abdelwahab Medded et Abdennour Bidar... 


    le refus des Frères Musulmans d'Égypte (dont est issu  l'actuel président, le sieur Mohamed Morsi) de souscrire au texte de l'ONU fondé sur le principe d'égalité entre les hommes et les femmes...

    C'est sur Slate Afrique.


    On trouve aussi l'information sur Le Figaro.fr. mais rien ni dans Le Monde ni dans Libération. Peut-on s'en étonner ? La question de l'embaumement impossible de Chavez est pour eux autrement plus cruciale...


    Photo : Zoubeir Souissi/Reuters.

  • Urbicide

     

    À la fin d'un ouvrage passionnant sur le devenir des mégalopoles et des territoires urbains, Jean-Paul Dollé a ajouté un post-scriptum intitulé «Après le 11 septembre. Capitale de l'Empire et ville-monde» dans lequel, notamment il fait une distinction entre l'attentat manqué contre Washington et ceux, réussis, contre New York. Il remet dans une perspective historique un événement devant lequel on a trop souvent lu et entendu des positions qui se définissaient selon un axe pro/anti américain simpliste. Il conclut ainsi :

    «Quand New York est agressée, c'est (les amoureux de la liberté) qu'on agresse. Ceux qui haïssent New york la haïssent parce qu'elle les fascine : New York-Satan, New York-Babylone -image de la corruption, de la dépravation. New York : lieu du péché, des orgies furieuses, de la liberté des femmes, des identités sexuelles vacillantes, des gays, des sexualités multiples. C'est cela qu'ils haïssent, à proportion de leur terrible envie, envie à mourir et à faire mourir. Il faut empêcher Satan, l'ange le plus séduisant, donc le plus désirable, de nuire -de séduire, de fasciner. À mort donc !

    Depuis les débuts de l'humanité, ce sont les mêmes pulsions de désir, de haine et de ressentiment que suscite la ville-monde cosmopolite : l' «urbicide», comme l'appelle Bogdanovitch -qui sait de quoi il parle pour avaoir été le maire de Belgrade, et compris que la fascination-répulsion des paysans vis-à-vis de ce que représente la ville cosmopolite était la source principale des guerres qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie. L'urbicide, après s'être acharné contre Paris-la-putain, Berlin-la-dégénérée de la République de Weimar, prend aujourd'hui comme cible New York.

    N'attire pas la haine des tueurs sacerdotaux qui veut. N'obtiennent cet honneur que les villes-monde, les villes lumières, les villes lupanar.

    La haine des villes-monde s'étend, de proche en proche, à la haine de la mixité sexuelle et donc sociale, à la haine de l'urbanité et de la civilisation. Attaquer New York, ce n'est pas seulement attaquer une métropole mondiale située aux USA : c'est attaquer chacun de ceux qui se sentent participer de la même civilisation humaine, ou qui y aspirent. Alors que le coup porté à Wahington peut être considéré comme une déclaration de guerre contre les USA, condamnée par ses alliés et laissant indifférente tous ceux qui refusent l'imperium américain, l'agression contre New York concerne tous ceux qui refusent la barbarie. Tous les amis de la liberté, tous ceux qui aspirent à ce qu'un monde habitable soit possible ont toutes les raisons de proclamer «Nous sommes tous new-yorkais». New York est devenue à jamais une icône exemplaire dans la longue histoire de la liberté humaine.

    La cause est entendue. Il s'agit bien pour les «islamistes radicaux» d'une guerre radicale contre le monde. Il ne peut y avoir aucun compromis entre eux et le reste du monde. Quand bien même s'opposerait-on à la superpuissance américaine -et dans la mesure même où on s'y oppose- New York représente à jamais la liberté anti-impériale, qui constitue la ville-monde comme telle.»

     

    Jean- Paul Dollé, Métropolitique, Paris, éditions de la Villette, 2002.