usual suspects

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jazz

  • Tom Waits, des profondeurs

    La première fois que l'on entend Tom Waits, on y croit à peine. De le voir, même, ne change rien à l'affaire. Cette caverne, chaude et mélancolique, est une source d'émotion comme la pop nous en a peu donné. Tom Waits, c'est un Nick Cave sans le mystère dandy, l'ombre sans la recherche de l'énigme. Quand il chante Waltzing Matilda (dont le titre réel est Tom Traubert's Blue (1)), on reste sans voix, il n'y a pas d'autre moyen de le dire, sans voix devant cette histoire de misère dont il se fait le conteur foudroyé. Il grimace et nous, à l'écouter, prenons en sympathie celui qui commence ainsi sa complainte :

    Wasted and wounded, it ain't what the moon did
    I've got what I paid for now
    see ya tomorrow, hey Frank, can I borrow
    a couple of bucks from you, to go
    Waltzing Matilda, waltzing Matilda, you'll go waltzing
    Matilda with me
     


     

    (1)Tom Waits fait référence à une très ancienne chanson australienne. La chanson se trouve sur l'album Small Change sur lequel jouent Jim Hughart (qui accompagna Joe Pass) à la basse et Shelly Manne à la batterie. (batteur qui aura joué avec les plus grands : de Bill Evans à Chet Baker en passant par Sonny Rollins ou Art Pepper). On peut la trouver sur Youtube. Il y a un arrangement de cordes qui atténue la rudesse de la voix. C'est du studio. J'ai préféré la version concert, plus âpre et plus jazzy.

  • Chet Baker, dénouement

     

    Il y a chez  Chet Baker une part de romantisme tragique que tout le monde n'apprécie pas. Peu importe. Cette sensibilité douce-amère est à mes yeux une des merveilles du jazz.

    Le morceau qui suit, Goodbye, est enregistré en Italie, avec un orchestre à cordes de cinquante musiciens. Nous sommes en 1959. On pense à un film plein de lyrisme, une passion compliquée (impossible, qui sait ?), mais qui se vit malgré tout, avec presque rien : un regard, un sourire, un geste. C'était perdu d'avance mais il fallait le vivre. On se remémore le "bonsoir" dans Elle et lui de Mac Carey, ou bien Vacances romaines. Ce serait plutôt cela : penser à la mélancolie qui achève la douce rencontre entre Audrey Hepburn et Gregory Peck. La trompette de Baker, c'est Anne qui rentre le soir au palais. Et cette rêverie musicale qui amène jusqu'à un si beau visage n'en est que plus précieuse.

     






  • Sehnsucht (II)

    L'immense Mehldau, en trio, et son art gyrovague de l'improvisation. Le morceau s'intitule Senhsucht...

     


  • Ralph Towner, la fluidité

    J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer Ralph Towner et son sens magique de l'impressionnisme. Batik est un album construit dans une configuration simple : un trio, mais de haute volée. L'immense Jack DeJohnette est à la batterie et la basse est confiée à Eddie Gomez, celui-là même qui succéda à Scott LaFaro dans le trio de Bill Evans. Autant dire : du style sans affectation, une simplicité du jeu. Une perfection. Le morceau s'intitule Waterwheel.

     


  • Charlie Haden

    Parti hier...


  • Avec retenue, Metheny et Scofield

    Quand il ne cède pas au easy listening, Pat Metheny est un brillant musicien, et l'album I can see your house from here, commis en 1994 (vingt ans déjà...) avec le très stylé et réservé John Scofield offre des échanges infiniment élégants. Comme ce Message to my friend. Bill Stewart (1) est la batterie et Steve Swallow à la basse.


     

     

    (1)Il faut écouter Bill Stewart, seul avec le pianiste Bill Carrothers. L'album s'intitule Duets (sorti en 1999). Extraordinaire...

  • Côté jardin


    Philip Catherine, que j'ai incidemment évoqué en parlant de Larry Coryell (et leur magnifique Twin House), est un guitariste élégant. Moods, Vol. 1, commis en 1992 avec Tom Harrel à la trompette et au flugelhorn, Hein Van De Geyn à la contrebasse et Michel Herr au piano, est sublime de bout en bout. Côté jardin en est la première composition.



  • Donald Fagen, avec style...

    La discographie solo (1) de Donald Fagen est fort réduite. The Nightfly (1982), Kamakiriad (1993), Morph The Cat (2006) et le récent Sunken Condos (2012). Quatre albums en trente ans, c'est pour le moins un rythme peu soutenu, quand on considère la logique du tiroir-caisse qui fait fonctionner l'industrie de la pop.

    Quatre fois le même bonheur d'une musique développée avec mesure. Les arrangements sont d'un raffinement sans égal, les cuivres et les voix placés avec grâce. Pop-jazz urbaine, américaines en diable, les compositions de Fagen portent en elles le lumineux fantasme d'une West Coast ensoleillée (mais sans excès), lancé que nous sommes dans une promenade en décapotable, pare-choc chromés, peinture rutilante, vitesse lente, Ray-Ban en guise d'identité, accompagné d'une belle qui contemple avec une négligence affectée le paysage (une belle pulpeuse comme les derniers soleils hollywoodiens des années 50, pas le toc du présent). Fagen, c'est un glamour feutré et sophistiqué, l'éclat d'une vision cinémascope, sur le plan musical (lequel contraste avec les textes de plus en plus graves). C'est une rêverie courant sa brise, en front de mer.

    Les morceaux ont été enregistrés ailleurs, dans divers studios new yorkais (de Power Station à Sear, d'Avatar à  Stratosphere) sur la Côte Est. Sans doute faisait-il froid. On est là pour travailler. Mais notre humeur, à l'écoute de cette musique, nous porte à des milliers de kilomètres, Et peu importe que nous y soyons ou non allés...

    Quatre morceaux, un par album...

    Maxine (extrait de The Nightfly)

     


     

    On the Dunes  (extrait de Kamakiriad)

     


     

    Security Joan (extrait de Morph The Cat)

     


     

    Slinky Thing (extrait de Sunken Condos)

     


     

    (1)Nous laisson de côté sa collaboration ancienne avec Walter Becker au sein de Steely Dan

  • Ralph Towner, en pente douce...

    J'ai eu plusieurs fois l'occasion de rappeler tout ce que l'on doit à la galaxie ECM de Manfred Eicher et certains billets ont déjà rendu hommage à des figures majeures de ce label : Jarrett, Surman, Brahem ou Molvaer.

    L'un des plus curieux et discrets membres de cet aréopage de musiciens talentueux est un Américain qui navigue entre un jazz épuré, très cérébral et envoûtant, et un fonds classique renforcé par le choix de ne s'en tenir qu'à la guitare classique ou acoustique. Ralph Towner porte comme un anachronisme en lui, comme une nostalgie instrumentale nous ramenant en des siècles éteints (sans pourtant qu'il fasse, dans une veine très postmoderne, une reprise ironique ou décalée du passé). C'est lent et automnal. On rêve ou l'on médite ; on regarde en coin les nuages se tordre. Ralph Towner n'écrit pas pour le dehors. Il y a dans ses compositions un éternel écran sur le monde : la musique elle-même, en protection. La batterie et la contrebasse jouent un rôle essentiel : le rythme interne et la distorsion de ce à quoi on rêve, quand le rêve est, en certaines heures, une indispensable seconde nature.

    Sur le morceau qui suit, extrait de l'album Solstice, datant de 1975, il est accompagné de Jan Garbarek à la flûte et au sax, d'Eberhard Weber à la contrebasse, et de Jon Christensen, à la batterie. Autant dire : un quatuor d'enfer...