usual suspects

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jazz - Page 2

  • Larry Coryell, à la source...

    Larry Coryell est un remarquable guitariste de jazz, de ceux qu'on aime écouter, parce que la finalité de leur art n'est pas dans l'étalage supersonique d'une dextérité sans profondeur. Son Twin House avec Philip Catherine (autre musicien magnifique) est une des plus belles collaborations que l'on puisse entendre. Dans l'album Bolero, sorti en 1981, outre une transcription de l'œuvre célèbre de Ravel, Coryell s'amuse avec douceur d'un hommage pour Mozart. On y trouve suffisamment de distance pour comprendre que son but n'est pas de se comparer à, de rivaliser avec... C'est une respectueuse évocation...



    Les commentaires sont fermés.

  • Chaque note, détachée et légère, Daniel Lanois

    Daniel Lanois est un remarquable producteur à qui on doit le meilleur album de Peter Gabriel, So, et le seul audible de U2, Joshua Tree. Bel exploit, d'une certaine manière. Il a aussi mené une carrière personnelle, beaucoup plus confidentielle, et infiniment plus attachante.

    Acadie, son premier album, sorti en 1989, contenait quelques perles : Ice, St Ann's Gold ou Silium's Hill, plus sensibles que le plébiscité Jolie Louise.

    En 2005, il enregistre Belladonna : des compositions instrumentales,  plus proches d'un esprit ECM (on pense à Terje Rypdal, par exemple) que du tout venant pop. Il y circule une lenteur éthérée qui ne suggère nullement des images d'espaces ouverts. Ce n'est pas de la musique pour documentaire célébrant la grande nature, même si certains titres pourraient le suggérer (et comme l'illustre hélas la photo pour le second extrait). Il faudrait plutôt penser à des enfilades de rues glacées, dans une obscurité illuminée par un ciel quasiment blanc et l'énergie de la neige qui étouffe les pas. Le premier morceau s'intitule Sketches,


     

    le second The Deadly Nightshade.





     

    Les commentaires sont fermés.

  • Comme un tourbillon, Mehldau

    Places est un des plus beaux opus de Mehldau accompagné de Jorge Rossy et Larry Grenadier. Peut-être est-ce le fait d'avoir construit cet album autour d'une thématique à la fois unificatrice -transposer sur la portée l'esprit des lieux- et ouverte, tant la diversité des endroits évoqués est grande... Car il s'agit bien d'un imaginaire aléatoire qui peut réunir des lieux aussi étrangers les uns des autres que le sont Los Angeles, Madrid, Perugia ou Schloss Elmau, en Bavière.

    Mais il y a chez ce pianiste une faculté à toucher ce qui lui est intime (d'une manière ou d'une autre, puisque tel ou tel endroit est choisi parmi les innombrables qu'il a pu connaître) tout en nous emportant dans une rêverie collective. Sur ce plan, la composition consacrée à Paris est saisissante. Le cheminement mélancolique, quasi début de siècle (le XXe, évidemment), est celui d'un matin silencieux, le lever du jour après une nuit blanche. Un hommage à Debussy, une traîne douce, et plus lointaine, de Chopin sans doute aussi. Il faut attendre que tout, dans le cœur, se remette en place. Les cafés un peu chic sont fermés ou presque. Reste une grande terrasse vide, où l'on sert un Armagnac qui vous servira de soleil, pendant que les nuages s'étirent. On s'amuse du va-et-vient qui papote crescendo. Un ami passe. Il surprend votre engourdissement, s'installe et vous raconte sa folle odyssée chez Marianne qui est complètement folle, mais si belle, si rousse, et elle vit, comme dans les romans, dans une chambre sous les toits, et même s'il a fallu déguerpir en quatrième vitesse, parce que son mec revient dans la matinée, et qu'elle redevenait sérieuse, il a ri, ri, en dévalant quatre à quatre les escaliers de la rue des Canettes, il en rit encore et vous riez avec lui...

     

     


     

    Les commentaires sont fermés

  • Bill Frisell, une échappée belle

    Il est peu de musiciens que j'ai eu envie d'entendre en concert. Les concerts m'ennuient. Mais de voir un jour la grande carcasse de Bill Frisell (comme celle de Brad Melhdau d'ailleurs), je l'espérais. Cela s'est produit il y a une quinzaine d'années, dans une salle modeste de la banlieue lilloise. Le regretté Paul Motian était à la batterie, Joe Lovano au saxophone. Rien de moins. Ce fut un moment rare. Bill Frisell est un guitariste rare.  Le morceau s'intitule Winter always turns to spring. Et justement c'est le printemps...


  • Quelque chose d'incertain...

    Anouar Brahem est un grand musicien, capable de traverser des univers multiples, jusqu'à croiser Garbarek ou Surman. Dans Le Voyage de Sahar, il donne la part belle à un échange avec l'accordéon de Jean-Louis Matinier. Tout y est délié et incertain et les compositions rappellent, dans une lenteur qui n'est ni morose ni fébrile, Uzak, tourné par Nuri Bilge Ceylan. Un Bosphore de neige et de mots retenus...

    Отчуждение, Uzak, фильм, кино

     

    À moins que dans la dérive du chant Matinier, l'esprit glisse vers  une essence sud-américaine, où sous l'orage de Buenos-Aires, tout d'alpaga vêtu, est prévu quelque rendez-vous dans un café dont une rencontre fortuite a parlé comme d'un lieu borgésien...


    Overview of the Buenos Aires's city and its docks in the background during a heavy rainstorm, August 12, 2011. REUTERS-Enrique Marcarian

                                                                        Photo : Enrique Marcarian       


    À moins que ce ne soit, le corps au parquet, le regard dans le sens des poutres (dehors les nuages font du lait), un moment de repli...

    À moins que ce ne soit tout ce que permettent les dérives de l'imagination, anywhere in the world...

    Le morceau s'intitule Sur le fleuve.

     


     

     

  • Nils Petter Molvaer, langueur sereine

     

    À la fin de l'année dernière, j'avais mis sur le blog un extrait de ce jazzman mais le lien  "youtube" avait été rompu pour des questionds de droit. Je l'ai retrouvé hier. On dira qu'en six mois rien ne s'est passé...

    Le très bel album Khmer date de 1997 (et non 1998 comme il est indiqué sur la vidéo). Encore une perle d'ECM. Le morceau On Stream est d'une légèreté avec laquelle on a envie de s'éveiller sans avoir rien à dire (ou de regarder le soir s'installer, dans le même goût du silence). Le guitariste soliste s'appelle  Morten Mølster.






     



     

  • Croisements

    Depuis une vingtaine d'années, on nous vend de la world music (comme en littérature on nous assène des vérités sur une littérature-monde dont on cherche en vain à cerner le concept) : une sorte de panacée un peu bruyante pour maisons de disques faisant monnaie d'un exotisme plutôt creux. Puis, il y a des rencontres, apparemment improbables et pourtant magiques. Celle, par exemple, d'Anouar Brahem et son oud avec les Anglais John Surman (saxophoniste et clarinettiste) et Dave Holland (célèbre contrebassiste). Une rencontre où la voix de chacun se reconnaît, sans empiéter sur celle de l'autre : tout se fait en douceur et à les écouter (tout l'album, Thimar, sorti en 1998, est merveilleux) on se dit qu'il devait en être ainsi.



  • John Surman, atmosphérique

    J'ai déjà signalé le label ECM et le travail profond mené par  le producteur Manfred Eicher (C'est l'homme du Köln Concert...). Un récent et remarquable texte de Frasby  m'a rappelé incidemment combien, parmi tous ceux que j'ai écoutés de cette maison d'édition musicale, m'était cher John Surman. La Cornouaille est indissociable de son album Road to Saint Ives. Il y a dans sa musique une épaisseur lancinante où se rejoignent joie et méditation. Une neige légère parfois, un crachin persistant une autre fois, le soleil bataillant les nuages une autre fois encore. Premier opus de Upon Reflection (1979), Edges of illusion est une promenade bien plus réjouissante que ne le laisse supposer le titre.

     



  • Brad Mehldau chez Radiohead

     

    Ce qui rend Brad Mehldau si particulier quand on l'écoute, c'est l'intériorité nimbant son jeu, une sorte de Sehnsucht indescriptible (mot qu'il a d'ailleurs choisi pour l'un de ses morceaux les plus réussis), bien plus précieuses que toute évaluation virtuose. Qu'il y ait chez lui une maîtrise de l'histoire du jazz doublée d'une culture classique est une évidence (mais il n'est pas le seul) et que cela traverse ses albums d'une manière saisissante, tout cela n'est pas le plus important.

    Sa grande carcasse quasi repliée sur le piano est le signe le plus spectaculaire de cette intériorité qui file sur le clavier, parfois rapide, souvent lente, avec des notes détachées, comme si elles avaient été pesées, réfléchies encore et encore, à l'inverse du lieu commun définissant le jazz par le principe de la pure improvisation. Mehldau est un pianiste chez qui l'éclat n'est jamais totalement libéré au grand jour, mais la mélancolie toujours contrôlée, et la beauté qu'il nous délivre du bout de ses doigts n'est jamais aussi forte que dans la lenteur.

    Il a fait des incursions dans l'univers de la pop en reprenant des morceaux de Radiohead : Exit Music (for a film), Paranoid Android, extrait du remarquable O.K. Computer de 1997, Knives Out, extrait du non moins intéressant Amnesiac, sorti en 2001. Sa reprise la plus connue concerne le premier titre. On le trouve dans un enregistrement studio sur le CD Art of the Trio (vol. 3) et en concert sur Art of the Trio (vol. 4) Back at the Vanguard. Cette dernière version, dépassant les huit minutes, est sublime mais on ne peut pas à ma connaissance la trouver sur le web. Il faudra donc se contenter de celle qui suit pour se délecter du bonheur qu'offrent Mehldau et ses deux complices de longue date, Jorge Rossy à la batterie, Larry Grenadier à la contrebasse, à délier une mélodie qui rappelle le Prélude, opus 28 n°4, de Chopin.



     

  • Hank Jones

    Hank Jones est mort hier, à quatre-vingt-onze ans...