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  • Cette social-démocratie qui nous enterre...

     

     

    Il y a quelques jours, sur le blog de l'ami Solko (que je cite décidément beaucoup en cette fin d'année), lequel se gaussait des cris d'orfraie poussés par ceux vouant Depardieu au pilori de la bonne morale patriotique (ce patriotisme qu'habituellement la gauche trouve rance, fascisante, xénophobe, etc.), un remarquable socialiste, le sieur Blachier, s'insurgeait. Je ne commente plus les blogs (1) mais pour le coup je ne pus m'empêcher de réagir pour rappeler à cet esprit encarté que :

    1-l'histrion n'avait fait qu'appliquer les règles de l'espace Schengen et qu'il avait fort raison d'invoquer lors qu'il était européen. Et plutôt deux fois qu'une. Il est dommage qu'on lui en fasse grief de son arrangement avec les frontières quand on n'a rien fait (et les socialistes en premier que l'Europe qu'ils nous ont imposé est notre avenir) pour développer une vraie Europe sociale et fiscale. Depardieu va en Belgique. Il ne s'exile pas dans un paradis des Antilles.

    2-la construction européenne et sa conformation à une logique ultra-libérale est le fruit d'une pensée où les socio-démocrates ont été à la pointe. On se souviendra que dans les années 90, ils étaient majoritaires sur le Vieux Continent. Ils n'ont rien fait qui puisse contrer les délires du marché.

    3-la gauche socialiste française peut se targuer d'avoir ces vingt-cinq dernières fourni une escouade de choc du libéralisme triomphant. Qu'on en juge par la liste suivante :
    1-Jacques Delors, dirigeant la commission européenne (Maastricht and co)
    2-Jacques Attali, dirigeant la BERD
    3-Pascal Lamy, dirigeant l'OMC
    4-Strauss-Khan, dirigeant le FMI.

    En période de crise, il est remarquable de voir à quel point ce parti et cette famille politique hexagonale auront réussi à trouver des boulots en vue à leurs cadres éminents. Au fond, quand il s'agit de saper une certaine idée de la France au profit d'un commerce internationalisé et morbide, rien de mieux qu'un homme du PS.

    Pour développer ce point, cette convergence troublante entre social-démocratie et libéralisme échevelé, je vous invite à vous rendre sur le lien suivant, fort instructif.

    http://www.atlantico.fr/decryptage/grand-paradoxe-exces-europe-neo-liberale-sont-nes-generation-leaders-venus-social-democratie-mathieu-vieira-fabien-escalona-jean-578001.html

     


    (1)Sinon, et c'est fort rare, le très désopilant et subtil Jamais de la vie commis par Depluloin.


  • Voici Le Monde...

    les-strauss-kahn-raphaelle-bacque-ariane-chemin1.jpg

    Parfois, quand vous faites vos courses et que vous vous répartissez les joyeux ennuis de l'attente aux caisses, vous êtes celui (ou celle) qui a fini le premier. Alors, vous attendez (comme quoi, on ne sort jamais vraiment du système) et les grandes et moyennes surfaces ayant eu comme prétention de répandre la culture, elles ont des rayons littérature réductibles au tout venant de la palinodie consumériste. On y trouve évidemment Musso, Lévy, et Millénium, mais aussi les multiples avatars de l'écriture journalistique devant quoi, aujourd'hui, le monde de la littérature recule insensiblement. 

    Mais revenons à notre pénible attente et au rayonnage des exemplaires de la moderne littérature. Nous attendons donc et nous voyons, bien en évidence sur le présentoir, un couple. C'est une romance, une sorte d'illustration (pour ne pas dire une inscription dans le marbre) du glamour. Il a le charme vague -très vague- d'un Cassavetes ou d'un Berstein bouffi, elle, le brushing et le magnétisme, hélas éteint, d'une Liz Taylor. Ils posent, ils nous regardent. Ils sont les symboles parfaits (et la perfection est alors le signe même de l'imperfection, pire : de l'imposture) du duo kitsch, de l'histoire mainte fois épuisé de l'union idéal. Ils ont tout pour être heureux : l'art de la séduction (comme quoi, photoshop est magique, un véritable détournement) en absolu témoignage de la réussite. Il faut que nous les enviions, que nous les désirions, que nous nous projetions ; et nous avons l'air un peu crétin avec nos sacs plastiques où se mélangent, pêle-mêle, les tomates séchées, la salade trévise, le San Daniele, deux bouteilles de Perrier, trois courgettes et un pot de confiture poire-mandarine. Il y a de quoi se sentir minable, n'est-ce pas, d'être ainsi ancré dans la prosaïque quotidienneté... Eux, si beaux, si forts, si loin. 

    D'ailleurs, ils ont un nom : les Strauss-Khan, comme il y avait les Kennedy. Ce n'est pas un couple mais une légende. Une entité double mais complexe. Un monde, un univers, une histoire, une romance, un scénario...  Tout ce qu'on veut, pourvu que l'on soit capable de comprendre que par le pluriel il s'agit moins d'eux que de nous, de notre médiocrité face à leur existence quasi cinématographique. Pourtant, nous, miette de l'univers (à l'aune du diktat médiatique), nous savons combien ce titre est faux puisque leur vie commune a volé en éclat. Mais c'est bien le principe des gens d'exception d'exister par delà leurs échecs, les troubles du quotidien, les mensonges, les petits arrangements du pouvoir, les trahisons, les douleurs... Ils sont insubmersibles. Il est donc possible, sans le moindre ridicule, sans qu'ils aient même l'idée d'intenter un procès à l'éditeur, de poser avec autant d'aplomb, de faire que ce cliché du passé puisse survivre à l'épreuve de la réalité. Ils sont dans l'éternité de leur représentation, dans ce qu'ils avaient décidé d'être, et que rien, et surtout pas la réalité, ne peut entacher.

    Puis quelques jours passent et comme il n'est pas de réalité sans une certaine forme de répétition (dont nous essayons de neutraliser la pesanteur en trouvant des subterfuges), nous revenons au même endroit et cette fois, nous prenons le livre et le lisons en diagonales. Autant dire que nous ne le lisons pas ; mais en même temps nous en saisissons la substantifique moëlle, laquelle est aussi peu nourrissante qu'une carcasse de poulet d'élevage. La pauvreté de la prose s'allie à la médiocrité du propos. Cela pue le cancan et le cul-de-basse-fosse, l'analyse politique micro-ondes, la tambouille des petites fiches scolaires. Rien que nous ne sachions déjà, après tant de déballages de presse, rien qui ne puisse nous rendre indifférent au personnel politique et médiatique

    Cette médiocrité assez putride, nous ne la devons pas à quelque paparazzo en mal de célébrité, à quelque plumitif people. Que nenni ! Nous sommes redevables de deux journaliste du Monde. N'est-ce pas magnifique ? Au fond, ce n'est rien d'autre que du Voici pour bac +3 (mais en écrivant cela, je mesure que je méprise inutilement et injustement le lecteur ou la lectrice de Voici... sans atteindre jamais la cible véritable : le lecteur contemporain du Monde.). Il y en a qui glousseraient devant le populo engagé dans la lecture d'une biographie de Rihanna ou d'Amy Winehouse. Mais, là, l'histoire vole autrement plus haut. Il est certain que le sujet est porteur et que la profondeur intellectuelle de ce qui fut un phare (sinon Le phare) de la presse française ne peut plus s'indigner que deux de ces journalistes aillent à la soupe. C'est humain, parisien, vulgaire mais il faut bien arrondir ses fins de mois...

  • L'effet papillon


      Salle de bain, hotel, Sofitel, New-York, hotel, Dominique, Strauss-Kahn, tentative, viol.

    Une salle de bain à New York....

     

     


     

    ... Une douche froide à Paris.

     

    Le jeu de mots est facile, le raccourci plaisant. Un peu comme une blague potache. Mais, au fond, rien qui ne soit autre chose qu'une anecdote, un barbouillage tragi-comique de turbulence pré-électorale. Rien de concret, de vivant, d'ouvert pour qui la vie n'est pas facile (selon le principe d'euphémisation généralisée de l'époque), pour les fragiles, pour ceux qui voudraient de la politique...



  • Comme une star

     

    Dominique Strauss-Kahn

     

    Le cliché est beau, réussi, travaillé. Le portrait, en plongée, est serré et le visage semble sortir de l'obscurité environnante comme pour une révélation. Les traits sont sérieux et le regard maîtrisé. Les yeux sombres nous saisissent, en mélangeant la certitude d'une pensée profonde et le charme de celui qui a envie de nous conquérir. On connaît cet homme ; on l'a vu mainte fois et l'on sait qu'il n'a pas pour lui d'être beau, mais là, à le regarder, dans l'emprise du noir et blanc, on oublie ce détail. On lui trouverait même un air de Leonard Bernstein ou de John Cassavetes. Mais il n'est pas acteur, pas comédien. Il est homme politique. Et ce fait nous ramène à ce qui a pu le pousser vers cette sensibilité artiste, à faire dans le Harcourt contemporain. On pense alors à Barthes, et l'on identifie alors l'une des mythologies modernes les plus désastreuses : la confusion des genres.

  • Porto, le FMI et les socialistes français

    Porto est douce, calme, modeste. Les habitants sont à son image, les boutiques d'une autre époque, et certains lambeaux de rue évoquent la misère que produit le temps sur les mis-à-part du siècle. Porto est pauvre mais digne. Rien qui évoque le luxe, la grandiloquence des villes du centre européen. Les gens travaillent ; on cherche en vain le m'as-tu-vu du fric gagné facilement. C'est pourtant la deuxième ville du Portugal. Mais nous sommes à la périphérie de l'hyper-modernité et cette désuétude apparemment sereine nous attache à elle parce qu'il s'y tapit une fragilité discrète que la rigueur comptable des pouvoirs extra-territoriaux aujourd'hui dominants veut détruire. C'est à ce monde-là que l'on va demander d'être désormais raisonnable, soit : apprendre à être encore plus pauvre, plus étouffé qu'il ne l'est déjà, trompé par l'illusion que son appartenance à l'Europe politique l'avait sorti de l'ornière. À la générosité feinte, dont on sait trop bien qui en a profité, succède, plus que le marasme, la culpabilité d'avoir vécu au-dessus de ses moyens. Après la  Grèce et l'Irlande, Le Portugal est le prochain esclave du FMI.

    Tout cela je le savais, mais de croiser cette semaine ces déjà-perdus de la crise, que nos belles démocraties centrales germano-françaises considérèrent toujours avec un certain mépris (car il n'y eut depuis de Gaulle et Adenauer que l'axe Paris-Berlin à estimer), de les croiser ici, dans cet espace européen qui était censé nous sauver de la guerre, on comprend qu'il est des massacres plus cruels encore en préparation et qu'il serait d'un vanité grotesque de croire qu'ils pussent nous épargner. La paupérisation du plus grand nombre possible d'individus comme ligne politique est en train de s'installer. L'addition sera faramineuse sur le moment. Mais plus encore, en confisquant à la population tout moyen de faire contre-poids, en le conditionnant à se taire devant la menace  d'une autre crise à venir, cette nouvelle situation, décrétée par les grands argentiers et la pieuvre FMI, nous prépare à la barbarie.

    L'austérité a déjà commencé et les socialistes portugais se sont empressés de faire leurs preuves de gestionnaires sérieux. L'ami qui me parle de cette lucidité économique va voir ses revenus amputés de 8,5%, pas moins. Universitaire, il n'est pas, dit-il, le plus à plaindre. Il est comme l'immense majorité de la population un homme qui n'a jamais couru après l'argent. Il n'a pas la fièvre spéculatrice. Il a toujours voulu partager son goût de la littérature. Mais il fait partie de ceux qui paient, et le pire est  à venir.

    Dès lors, entendre des socialistes français se gargariser d'une miraculeuse candidature Strauss-Khan (directeur-général du FMI) comme remède à tous les maux sarkozystes et à la dérive libérale est le dernier avatar de leur bêtise. Quoique ce ne soit plus vraiment de la bêtise à ce niveau, mais de l'obscénité.